Journal de bord en Turquie 🇹🇷 : aux portes de l'Asie
Ça y est, après 4 mois de voyage, nous arrivons au carrefour de l'Europe et de l'Asie. Les paysages changent, les couleurs aussi. L'Orient, cette contrée aux mille merveilles, nous ouvre ses bras. Le moment d'écrire un nouveau chapitre de notre périple est venu.
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Jours 124 à 131 🇹🇷 - Surprises à Istanbul ? 🥳
Istanbul, Turquie le 07 juin 2022
Une fois la frontière passée, quelques heures nous séparent encore d'Istanbul, notre première étape en Turquie. Des bouchons à l'approche de la ville présagent de la foule qui nous y attend. L'arrivée à la gare routière est néanmoins facile, à peine 30 minutes de retard sur l'heure indiquée. On valide la compagnie Arda Tur. Nous récupérons nos sacs et remercions chaleureusement notre chauffeur.
Première difficulté, arriver à prendre le métro à Istanbul. Sans monnaie locale et sans parler un mot de turc, la tâche n'est pas facile. C'est sans compter sur la gentillesse des Turcs. Nous la découvrons aujourd'hui et elle nous accompagnera durant tout notre séjour. Où que l'on soit, quoi que l'on fasse, il y a toujours une personne pour nous aider.
Nous parvenons finalement à acheter la fameuse Istanbul Card, indispensable, rechargeable et utilisable par autant de passagers qu'on le souhaite, tant qu'il reste de l'argent dessus. Le contrôle se fait en effet à l'entrée de chaque transport en commun. C'est parfait. Nous la chargeons de quelques TL (livre turque) via notre carte bancaire et prenons le métro jusqu'à la place Taksim à Beyoğlu, le quartier où se trouve notre appartement.
L'arrivée place Taksim est aussi envoûtante qu'étouffante, tant il y a du monde de partout. Istanbul compte presque 16 millions d'habitants. Depuis l'antiquité, elle a toujours été classée parmi les plus grosses métropoles de la planète. Nous allons donc devoir nous habituer à la foule, surtout que nous logeons dans le quartier le plus bouillonnant.
Nous récupérons les clés de notre logis, réglons tant bien que mal l'eau chaude et profitons de quelques instants de repos avant que la soeur d'Adrien ne débarque dans la soirée. Elle nous rejoint pour les 3 prochaines semaines et s'envolera ensuite pour son PVT au Canada. On a hâte de la voir.
Camille arrive plus rapidement que prévu, nous dînons et sortons découvrir la ville. Quelque soit l'heure, l'effervescence est toujours impressionnante. Nous nous perdons dans les rues alentours avant de tomber dans les bras de Morphée.
Istanbul, Turquie le 08 juin 2022
Nous nous réveillons après une nuit plus qu'agitée. Notre appartement n'est pas très reposant. Entre la climatisation permanente du commerce voisin, les sirènes des ambulances de l'hôpital attenant et le brouhaha sans répit de la rue, notre repos a été plus que tronqué.
Tout cette agitation nous inspire pourtant, si bien que nous donnons à Istanbul le surnom affectueux de ville qui ne dort jamais. Sauf qu'à la différence de New York (qui porte officiellement ce surnom), ce n'est pas la ville qui ne dort pas, mais bien nous. Pas grave, cette semaine est spéciale et il n'est pas question d'en perdre une miette.
Aujourd'hui, nous décidons d'explorer la rive européenne d'Istanbul. Nous rejoignons la tour de Galata depuis le quartier de Taksim.
Nous franchissons ensuite la Corne d'Or, une ria qui débouche sur le Bosphore, en empruntant le pont de Galata. Il est occupé par une armée de pêcheurs aguerris qui vendent directement leurs prises aux restaurants des alentours. Sur l'autre rive, du côté de l'ancienne Constantinople (quartier Eminonü), nous dégustons notre premier repas turc dans un petit restaurant à l'écart de la zone touristique, un délice à moins de 8€ à trois.
En milieu d'après-midi, nous faisons une petite pause dans un parc près de la basilique Sainte-Sophie et de la mosquée Bleue. Une rencontre particulière nous y attend. Bülent Teke, un turc d'une quarantaine d'années, reconnaît notre langue et commence à discuter avec nous. Il nous invite ensuite à boire un café turc et un çay (thé). S'ensuit un dîner préparé par ses soins chez nous ainsi qu'une soirée mémorable autour de bonnes bières. Quand je vous disais que les Turcs étaient d'une gentillesse extraordinaire ! Sacré Bülent.
Istanbul, Turquie le 09 juin 2022
Encore une courte nuit à Istanbul. Le réveil est encore plus compliqué que la veille, nous prenons notre temps et apprenons même à faire du thé turc, autant prendre le pli des coutumes locales. Nous déjeunons tardivement, avant de continuer notre visite de la ville en fin d'après-midi sous une chaleur écrasante. Nous passons d'abord par la cathédrale catholique d'Istanbul, faite de briques rouges remarquables, puis longeons jusqu'au bout l'avenue Istiklal et descendons finalement prendre un café sur les rives du Bosphore. Il y fait plus frais, c'est très agréable.
Le soir, les parents de Clémence, Claire et Laurent, nous rejoignent pour quelques jours sans qu'elle ne soit au courant. Et oui, Clémence aura 30 ans cette semaine 🥳. Quoi de mieux qu'Istanbul pour fêter une date aussi importante. Le secret est néanmoins bien compliqué à garder. Coordonner plusieurs personnes sans internet et dans une ville aussi grosse est une tâche ardue. Fort heureusement, nous préservons tant bien que mal le suspense Camille et moi.
Les filles passent alors une belle soirée de retrouvailles avec les parents de Clémence, fraîchement débarqués de l'avion. De mon côté, je dois rester dans notre quartier. J'ai rendez-vous avec Julien, un judoka qui parcourt le monde sans avion comme nous et dont je suis le parcours depuis quelques mois. Plus tard dans la soirée, un second rendez-vous m'attend à l'appartement. En effet, puisqu'une surprise n'arrive jamais seule, Marthe et Laurent (un homonyme tout aussi jovial et sympathique que le papa de Clémence) nous retrouvent eux aussi ce soir. Nous ne serons donc pas 5 mais 7 !
Istanbul, Turquie le 10 juin 2022
Autant commencer les quelques jours d'anniversaire en beauté. Nous repérons un restaurant, à deux pas de chez nous, qui ne sert que des petit-déjeuners. Il faut dire que le kahvalti, le petit-déjeuner traditionnel turc, est plus qu'un art ici. Chez Yiğit Sofram, les chats n'atteignent pas les convives, autant dire que c'est appréciable (référence à un avis Google se plaignant d'une invasion de chats dans un autre restaurant du quartier). Nous contemplons l'installation de chaque plat à une place bien précise sur notre table. Lorsque tout est disposé, plus aucun espace n'est disponible. Bon appétit.
Une fois repus, nous retournons dans le quartier d'Eminonü tout en saluant les parents de Clémence attablés sous le pont de Galata. Là, nous tombons par hasard sur la célèbre gare de Sirkeci, qui fut pendant presque un siècle le terminus de l'Orient-Express, le mythique train reliant Paris et Istanbul. Les voyages en train au long cours, ça nous parle forcément.
Nous prenons ensuite une pause bien méritée dans les jardins du palais de Topkapi, résidence des sultans de l'Empire ottoman. Les lieux sont calmes et reposants, loin de l'agitation folle de la ville. Nous en avons bien besoin pour compléter nos visites du jour. Elles vont nous mener dans l'ordre à la basilique Sainte-Sophie, à la mosquée Bleue, au grand bazar et au bazar égyptien.
Si je ne devais retenir qu'un endroit de tous ces lieux, ce serait sans nul doute la basilique Sainte-Sophie. Du haut de sa colline, elle contemple la Corne d'Or et se veut le témoin du passé, du présent et du futur, je ne doute pas qu'elle se tiendra là encore longtemps. L'effet est saisissant lorsque l'on franchit ses portes monumentales. Ses immenses lustres forment un ciel étoilé qui met en valeur son impressionnant dôme. Il s'en dégage une force particulière que je n'ai ressenti que peu de fois auparavant. Malheureusement, peu de détails nous rappellent encore les nombreux siècles où elle fut une basilique et il n'est plus possible de visiter les étages du fait de sa conversion en mosquée, il y a un ou deux ans.
Par la suite, nous nous retrouvons tous du côté de Karaköy, le quartier branché situé entre la tour et le pont de Galata. L'heure est à la bière pression que nous enchaînons comme à la maison. Puisque la ville ne dort jamais et que nous non plus, nous remontons vers 00h place Taksim manger un premier dürum, puis un second car la faim nous tenaille. Marthe se fait même prendre au jeu des glaciers turcs. Habillés de manière traditionnelle, ils font virevolter cornets et glaces sous le regard amusé de la foule, tout en se jouant gentiment de ceux qui se font avoir.
Istanbul, Turquie le 11 juin 2022
En ce samedi matin, l'heure est à nouveau à la surprise. Cette fois-ci, nous amenons Clémence dans un endroit prisé des stambouliotes : les bains. Istanbul et toute la Turquie sont réputés pour ces fameux hammams. Le principe est réjouissant. Il est d'abord question de se détendre dans une grande pièce commune où se trouvent sauna, pierre chauffée et sources d'eau chaude et froide. Après une petite heure, on vient nous chercher pour un exercice au carrefour du gommage intégral, du massage et du bain moussant. Pour finir, un thé est offert, que l'on déguste allongé sur une chaise-longue.
La coutume date de l'Empire ottoman, voire même de l'Empire romain qui possédait des thermes. À l'époque, il était courant de se rendre aux bains. En plus de l'aspect sanitaire indéniable, une bonne partie de la vie civile et politique de l'empire se jouait dans ces lieux. Il s'agissait en effet de l'un des seuls endroits où les notables côtoyaient les classes les plus modestes. Néanmoins, celui où nous nous rendons aujourd'hui est très particulier et beaucoup moins populaire.
Le hammam que nous avons choisi, le Ağa hamamı (Aga Hammam), se trouve littéralement en face de notre appartement, en plein coeur de la ville. Mais ce ne fut pas toujours comme cela. Pour comprendre son histoire, il faut remonter à l'époque de la prise de Constantinople par les Ottomans. En ces temps-là, le quartier de Beyoglu n'était pas habité et les sultans venaient ici pour chasser. Mehmet le Conquérant y fit construire un pavillon de chasse en 1454, le Aga Hammam. Plus qu'un simple pavillon, le bâtiment se compose de deux appartements à l'étage et de bains turcs au rez-de-chaussée. Il a été utilisé par les sultans et leurs fils jusqu'aux derniers jours de l'Empire ottoman. Il est ouvert au public depuis, pour notre plus grand plaisir.
Après plus de 2 heures dans ce cadre idyllique, nous prenons la route de l'Anatolie. Armés de notre Istanbul Card, nous montons tous les sept dans le ferry à Karaköy. Il nous amène à Üsküdar, de l'autre côté de l'eau. La traversée du Bosphore est magique et pleine de vie. Sur la mer comme sur terre, Istanbul est bondée. De nombreux bateaux vont et viennent dans tous les sens. Comment est-ce possible qu'il n'y ait pas d'accident ?
De mon côté, je savoure l'instant. Je suis le seul du groupe à ne jamais avoir mis les pieds sur le continent asiatique. Le moment est donc un peu spécial, surtout que cette traversée nous apporte un nouveau point de vue sur les monuments emblématiques de la ville, tels que la basilique Sainte-Sophie, la tour de Galata et le palais de Topkapi.
Sur l'autre rive, l'ambiance est un peu différente. Il y a certes toujours autant de monde, mais on sent qu'il s'agit plutôt de locaux. Comme sur le pont de Galata, de nombreux pêcheurs sont affairés au bord de l'eau. Parfois aussi, nous croisons des hommes pieds nus et en maillot de bain. Il paraît qu'une petite brasse dans le Bosphore offre la jeunesse éternelle. Nous marchons le long de l'eau jusqu'à un petit café-restaurant associatif. Nous y dégustons un thé ainsi qu'un sandwich au poisson. Que c'est bon ! Cet encas de 19h nous tiendra jusqu'au dîner.
Une fois cet interlude asiatique terminé, nous retournons à Karaköy où des amis turcs de Laurent, le copain de Marthe, ont réservé un très bon restaurant. Situé au sommet d'un des immeubles du quartier, la vue est sublime sur la tour de Galata illuminée le soir. Le restaurant est très chouette, plutôt luxueux, les plats sont tous très bons, la musique un peu trop forte. On découvre au moment du dessert que les Turcs raffolent d'un fruit particulier : la prune verte, appelée erik. Acide, il faut la manger crue avec une pincée de sel. Nous nous accordons tous pour dire que nous les préférons mûres et sucrées. C'est dit.
Pour finir la soirée, Omer nous amène dans un second restaurant qui une fois 23h passées se transforme en boîte de nuit. On rigole et on danse quelques heures de plus, un raki à la main. Encore une folle journée à Istanbul.
Istanbul, Turquie le 12 juin 2022
Ce matin, le réveil est encore plus rude. Est-ce possible ? On ne s'en plaint pas mais les rakis, bières et cocktails ingurgités la veille laissent des traces. Après un magnifique grand week-end passé tous ensemble, il est temps de dire au revoir à Marthe et Laurent. Boulot oblige, ils doivent être de retour à Paris demain. Je suis très reconnaissante qu'ils aient fait tout ce chemin pour nous retrouver et qu'on ait découvert ensemble la somptueuse ville d'Istanbul. Ce week-end restera gravé dans ma mémoire comme une belle parenthèse dans ce voyage au long cours. Bon vol et j'espère qu'on se reverra bientôt.
Après leur départ, nous retournons dormir. Il est également temps de réfléchir à notre périple pour les deux semaines à venir avec Camille. Nous cherchons une étape calme pour contrebalancer cette semaine dense. Nous réservons un appartement de l'autre côté de la mer de Marmara.
Dans l'après-midi et comme à notre habitude, nous rejoignons mes parents dans le quartier de Karaköy. Nous nous attablons tous les cinq au Karaköy Güllüoglu, une pâtisserie traditionnelle. Ambiance cantine, il faut aller commander au comptoir, puis passer de stand en stand pour récupérer son dû. Je laisse Camille et Adrien en charge de nous ramener quelques baklavas. six pâtisseries pour trois, ça me semble pas mal sauf qu'ils reviennent... avec un plateau plein à ras bord. Visiblement ici, un ne veut pas dire une pâtisserie mais bien une portion. Vive le doggy bag.
Nous prenons ensuite la direction de l'hôtel de mes parents. Nous nous installons au rooftop qui offre de magnifiques couleurs sur la ville en cette fin de journée. Autour d'un petit café, nous profitons de nos dernières heures tous ensemble.
Puis l'heure du dîner approche. Nous choisissons à nouveau un rooftop à deux pas. Après un bon dîner, nous redescendons et passons devant la mosquée Yeralti. Cette mosquée a la particularité d'être entièrement souterraine. Depuis 1756, elle occupe les caves de l'ancien château de Galata qui servaient de prison. La salle de prière possède 54 piliers qui supportent son plafond particulièrement bas. Les nombreuses allées, que nous traversons, donnent une impression de labyrinthe. La visite est particulièrement insolite à la nuit tombée.
Dernière étape, nous retournons au bar du premier soir que nous avions beaucoup aimé. Nous retrouvons Philip le chaton et partageons un dernier verre tous les cinq. La boucle est bouclée. Puis le temps des aurevoirs approche. Merci à mes parents pour leur venue dans cette ville particulière. Il faut savoir qu'Istanbul ne nous était pas inconnue à tous les trois. Il y a onze ans, j'avais moi aussi fait la surprise à mon papa de venir le voir à Istanbul pour ses 50 ans. Alors se retrouver ici pour mes 30 ans, c'est vraiment incroyable. Je leur souhaite une belle saison en France et j'espère qu'on se reverra dans quelques mois.
Istanbul, Turquie le 13 juin 2022 🎂
Joyeux anniversaire chérie ❤️
La journée est un peu spéciale et son scénario sera lui aussi surprenant. Tout d'abord, nous commençons par ne pas faire grand chose. Nous sortons tout de même faire un tour des rues environnantes entre Beşiktaş et Beyoğlu.
Vers 19h, quelqu'un sonne à la porte. Étrange. Clémence ouvre et tombe nez à nez sur les Pajupajus 🎉. Paul et Juliette, nos vanlifers préférés avec qui nous avions visité les Météores en Grèce, ont décidé de nous retrouver le temps d'une longue soirée à Instanbul. Anecdotes de voyage, concombre grec et bières sont au programme. On se quitte finalement aux alentours de 2h du matin. Notre ferry part le lendemain, pas question de le louper.
Cette semaine à Istanbul ouvre bel et bien un nouveau chapitre de notre voyage.
Jours 131 à 134 🇹🇷 - À la recherche de tranquillité à Ocaklar
D'Istanbul à Ocaklar, Turquie le 14 juin 2022
Après une semaine inoubliable, il est temps de quitter la ville qui ne dort jamais et de commencer notre découverte de la Turquie. Nous avons porté notre dévolu sur une petite bourgade dénommée Ocaklar (à prononcer Ojaclar). Nous n'en avons jamais entendu parler mais son emplacement sur une presqu'île de la mer de Marmara nous conquit dès la réservation.
Vers 11h, nous quittons notre appartement et montons dans le métro à Taksim direction le terminal de ferry de Yenikapi. Il nous donne l'impression d'arriver à l'aéroport. Boutiques, restaurants, tout est prévu et bien organisé. Une fois n'est pas coutume, nous nous laissons attirer par le Macdo'. Après une soirée bien arrosée, ça fait du bien.
Vers midi et demi, nous embarquons à bord de notre ferry. Bondé, chacun trouve sa place avant que nous entamions les trois heures de trajet qui nous amènent à Bandirma. La traversée se fait sans encombres. La mer de Marmara est calme et berce nos siestes respectives. Seule la clim' très froide (20°C alors qu'il fait plus de 30°C dehors) nous donne envie d'arriver au plus vite.
Dans le port de Bandirma, tout semble s'articuler autour des différentes arrivées de ferry. Sans grande difficulté, on nous oriente vers un premier bus pour Erdek, notre ville intermédiaire. Au grand dam d'Adrien, chaque transport dans chaque ville de Turquie nécessite une carte. Et chaque ville a sa propre carte. Mais pour une fois, le chauffeur nous propose la sienne. Nous la chargeons de quelques TL (livres turques) au bureau de tabac attenant et c'est parti.
Nous longeons la sublime côte de la mer de Marmara. Arrivés à Erdek, nous montons dans un second petit bus pour Ocaklar, notre destination finale. Partis vers 11h et arrivés vers 17h, cette petite étape était finalement assez conséquente. On se rend compte que les distances sont folles en Turquie !
Ocaklar, Turquie du 14 au 17 juin 2022
Ocaklar est une destination balnéaire prisée par les Turcs en été. Bordée par la mer et par une longue plage, la ville est également agrémentée de jolies montagnes. Les locaux nous expliquent que la saison n'a pas encore commencé, mais qu'ils attendent beaucoup de vacanciers en juillet et août. En revanche, ils ne sont pas du tout habitués à croiser des étrangers. Rares sont les locaux qui connaissent plus de quelques mots dans la langue de Shakespeare, le traducteur devient notre meilleur allié. Autant dire qu'on ne passe pas inaperçus durant nos trois jours ici.
Chez le coiffeur, le boulanger, à la plage ou encore au café, nous apprécions la vie simple et calme des gens d'ici. Nous explorons un peu les alentours, dormons beaucoup et apprécions tout simplement nos quelques jours à trois. Seul le vent très violent rend nos baignades et nos sorties particulièrement sportives. Côté culinaire, nous découvrons les mantis, des petits raviolis fourrés à la viande, servis avec de la crème sur le dessus, un délice.
Ces trois jours de repos sont passés à une allure folle. Il est temps de reprendre le voyage, Camille devant repartir dans une bonne semaine.
Jours 134 à 136 🇹🇷 - La belle Izmir
D'Ocaklar à Izmir, Turquie le 17 juin 2022
7h45, nous sommes installés dans le dolmus, nom des petits cars qui relient les villes entre elles et qui rendent notre voyage en sac à dos particulièrement facile. Il nous dépose à Erdek d'où nous prenons un grand car pour Izmir.
Nous apprenons la différence entre grands et petits cars. Les grands cars ont la clim', la TV et surtout distribuent des snacks gratuits (boissons et gâteaux sucrés et salés) assez régulièrement pour le plus grand bonheur d'Adrien et de Camille. Pour ma part, tel un ours en hibernation, je garde tout précieusement pour plus tard, mon estomac étant comme souvent soumis à rude épreuve lors de nos long trajets routiers. Celui-ci est lui aussi bien long. Nous nous arrêtons quasiment à chaque gare routière de chaque métropole que nous traversons. Et en Turquie, il y en a beaucoup, alors on prend notre mal en patience.
En milieu d'après-midi, nous arrivons enfin à Izmir. Nouvelle ville, nouveau système de transport et nouvelle carte à acheter, on commence à être rodés. Après quelques déambulations, un chauffeur de bus nous indique finalement un petit supermarché dans lequel l'acheter. Nous la chargeons de quelques TL afin de rejoindre notre logement. Bus, puis métro jusqu'à l'arrêt Üçyol, la journée transport continue. Une dizaine de minutes de marche plus tard, nous arrivons dans un quartier plutôt calme et résidentiel.
Petite déconvenue à l'arrivée, nous ne trouvons pas la clef dans la boîte aux lettres. Aucun souci, les voisins s'organisent pour nous aider, allant même jusqu'à téléphoner à notre hôte pour lui expliquer. En à peine quelques minutes, le problème est réglé. Nous y voilà. L'appartement est très agréable mais aussi bien chaud. Nous ressortons rapidement.
Izmir, Turquie le 17 juin 2022
Notre quartier se situe dans les hauteurs. Avec le métro, on ne s'est pas rendu compte des dénivelés. En arrivant à l'Asansör, nous découvrons Izmir de la plus belle des manières. La vue à 360° est magistrale surtout avec le soleil couchant. Nous en prenons plein les mirettes avant d'utiliser l'ascenseur à l'inverse de tout le monde : du haut vers le bas. Il est gratuit, permet d'éviter pas mal de dénivelés avec une altitude de 58 mètres et vaut le détour à lui tout seul. Construit en pierre de taille rouge venant de Marseille, son architecture est très jolie et nous rappelle les ascenseurs de Gênes, la seconde étape de ce voyage.
Arrivés en bas, nous traversons non sans mal l'énorme 2x3 voies du littoral pour rejoindre le kordon, une promenade en bord de mer qui longe toute la baie d'Izmir.
De là, on parcourt quasiment 3 kilomètres pour arriver sur la place principale. La petite horloge se dévoile à nous. Véritable symbole de la ville, elle est mise en valeur ce soir par les magnifiques couleurs du coucher de soleil.
S'ensuit une bonne bière pression à deux pas de là, une deuxième et peut-être même une troisième accompagnées de popcorn salés, miam.
Nous rentrons chez nous dans la nuit avancée. Les dénivelés descendus si facilement par l'ascenseur sont maintenant à remonter. Le chemin retour n'est pas évident mais nous y parvenons de bon coeur. Quelques chiens errants nous aboient dessus avant de nous laisser tranquilles lorsqu'ils comprennent qu'on ne fait que passer. Une bonne douche et au lit car demain nous sommes attendus à 10h au pied de l'horloge, que nous avons quittée quarante minutes plus tôt.
Izmir, Turquie le 18 juin 2022
Retour à l'horloge d'Izmir où nous attend Necmiye, notre guide reconnaissable à son parapluie multicolore. Elle est accompagnée de Dennisse, qui fera le tour avec nous. Nous ne sommes que cinq, c'est parfait, la visite n'en sera que plus agréable.
Necmiye est une guide très sympathique. Nous la suivons un peu partout, de l'Asansör jusqu'à la mosquée Hisar camii, en passant par les ruelles étroites du bazar. Entre guide pratique sur la ville et explications historiques, nous apprécions grandement nos presque trois heures avec elle. La visite se termine par un excellent café turc avec en prime un peu de divination. L'avenir est écrit dans le marc du café, à condition qu'il soit préparé à la turque bien entendu.
Izmir, autrefois appelée Smyrne, est la troisième agglomération de Turquie en terme de population et le deuxième plus grand port du pays. Autant dire qu'il y en a du monde ici. Il s'agit également d'une très vieille cité dont les origines remontent à l'an 3000 avant JC. Selon la légende, une reine amazone lui aurait donné son nom.
Tombée en déclin après une série d'invasions en l'an 600 avant JC, elle fut restaurée par Alexandre le Grand (ou plus probablement un de ses successeurs) au IVème siècle avant JC. Elle devient romaine aux alentours de l'an 85 avant JC, puis ottomane en 1426. Des accords entre les rois de France et les sultans ottomans sont signés à partir du XVIème siècle dans le cadre des Échelles du Levant. Elles correspondent à une série de villes portuaires pour lesquelles le sultan avait cédé une partie de ses prérogatives en faveur de négociants français. Smyrne en fait partie et se retrouve dès lors au coeur du commerce méditerranéen. Cela accentue son caractère cosmopolite et de nombreux marseillais s'y installent.
Enfin, les guerres entourant la fin de l'Empire ottoman la frappe de plein fouet. Le grand incendie de septembre 1922 ravage tristement une bonne partie du konak, l'ancien quartier franc, et tue des milliers de grecs d'Asie mineure. Il se produit dans les derniers jours de la guerre d'indépendance turque et à l'heure actuelle on ne sait pas s'il est criminel ou pas. Par la suite, Izmir est reconstruite tout en gardant sa tradition d'ouverture sur l'Occident. Il faut dire que cette influence se ressent fortement. Tout ici nous rappelle l'Europe.
À la suite de cette longue visite et avant de rentrer, nous succombons aux odeurs délicieuses des viandes rôties au feu de bois. Nous commandons des kebabs façon Manisa (une ville à quelques kilomètres). Ils se présentent comme des boulettes de viande allongées, servies avec une sauce tomate. Dans l'assiette, un poivron vert nous attend. Ou bien est-ce un piment ? Verdict, ma bouche en feu témoigne de la violence de ce piment rôti.
Le soir, Dennisse, la colombienne rencontrée le matin même, nous donne rendez-vous dans le quartier branché d'Izmir, nommé Alsancak. D'abord en terrasse, nous finissons par aller avec elle et Batuhan, un pilote de l'air turc qu'elle a rencontré dans la journée, dans un bar de jazz dansant. Nous assistons à un petit concert, avant de prendre le dernier métro vers 00h20. Un peu comme à Paris quoi.
Jour 136 🇹🇷 - La douce Selçuk et la touristique Éphèse
D'Izmir à Selçuk, Turquie le 19 juin 2022
Nous nous réveillons un peu tristes de quitter la belle Izmir aussi rapidement, mais notre train nous attend. Nous nous acquittons de nos tickets directement à la gare de Basmane, dont la façade est en pleine rénovation. Seuls quatre trains par jour de quatre wagons chacun permettent de rallier Izmir (plus de 4 millions d'habitants) à Denizli (1 million d'habitants). Nous sommes donc contents d'être arrivés en avance et prenons place confortablement dans le wagon n°3.
Trente minutes plus tard, le train démarre et le contrôleur commence sa tournée. Nous sommes délogés de nos places à peine cinq minutes après le départ. Nous ne le savions pas, mais les wagons n°2 et n°3 sont sur réservation et les wagons n°1 et n°4 sont libres. Évidemment, toutes les places sont prises quand nous atteignons, bien obligés, le wagon n°4. C'est sans compter la gentillesse turque, on arrive à se serrer et à trouver deux places sur trois.
Selçuk et Éphèse, Turquie le 19 juin 2022
Le train s'arrête absolument partout. Les Turcs montent et descendent plus chargés les uns que les autres. Des vendeurs se frayent un chemin parmi les passagers proposant viennoiserie et ayran, un yaourt à boire salé que les Turcs boivent à longueur de journée. Nous arrivons finalement à Selçuk, notre destination du jour à 80 kilomètres d'Izmir. Nous parcourons les quelques centaines de mètres nous séparant de l'hôtel Ephesus Centrum. Avec Adrien, c'est seulement notre deuxième nuit à l'hôtel depuis le départ ! À 20€ la nuit à trois, l'offre est très compétitive.
La chaleur est accablante. Nous descendons de notre chambre pour déjeuner et portons notre dévolu sur une petite terrasse où trois tables sont dressées. Nous commandons des gözlemes, sorte de crêpes pouvant être farcies de viande hachée, d'épinard, de pomme de terre, d'oeuf ou de fromage (une première pour Camille) et des mantis, les fameux raviolis fourrés, un de nos plats favoris en Turquie. Le tout est délicieux. On termine le déjeuner par un çay comme à notre habitude depuis deux semaines. La petite ville de Selçuk est très agréable. En ce dimanche après-midi, la quasi-majorité des habitants que nous croisons sont attablés à la terrasse des cafés, jouant à une sorte de triominos, à la manière des Albanais.
De notre côté, nous larvons encore un peu pour retarder le moment de nous rendre à Éphèse. Nous voulions faire une boucle : y aller à pied, visiter le site de l'entrée basse jusqu'à l'entrée haute et revenir par un autre chemin au milieu des arbres fruitiers. La température toujours aussi chaude en ce milieu d'après-midi nous force à opter pour un dolmus. En arrivant sur le site, nous sommes agréablement surpris de voir qu'il ferme à 19h30, contrairement à ce qu'on nous a dit. C'est parfait, on va pouvoir prendre notre temps. L'entrée coûte 150 TL par personne, soit environ 8€ en ce mois de juin 2022.
Peu après l'entrée, nous longeons une grande allée ombragée. Plusieurs panneaux explicatifs nous aident à nous imprégner pleinement de l'histoire du lieu. À l'époque, au moins deux cents mille personnes vivaient à Éphèse. La ville était d'ailleurs un port puisque la mer venait jusque là, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Suite à un ensablement, elle s'est retirée à environ 7 kilomètres.
Si tu as déjà entendu parler d'Éphèse, c'est très probablement pour sa fameuse bibliothèque de Celsus et son magnifique théâtre où des représentations sont toujours données certains soirs. Avant d'atteindre le graal, nous déambulons en direction de l'église de la Vierge Marie, l'ancienne cathédrale chrétienne d'Éphèse. Elle porte aussi le nom d'Église des consuls ou encore de basilique Sainte-Marie en lien avec sa riche histoire. En effet, elle aurait été érigée sur l'emplacement de l'ancienne basilique romaine et serait la première église au monde en l'honneur de la mère de Dieu. L'Église fut reconstruite plusieurs fois, notamment au tournant du VIème siècle. En parcourant ses ruines, on imagine aisément l'imposante bâtisse. L'effet de grandeur est saisissant.
Puis, nous rebroussons chemin afin de rejoindre l'allée principale, passons à côté de nombreux tombeaux, avant d'arriver au théâtre. Bien conservé et assez grand, il vaut le détour ! Nous nous y arrêtons quelques temps avant de chercher un brin d'ombre.
Nous arrivons alors à la fameuse et tant désirée bibliothèque de Celsus. Célèbre certes, sa visite n'en est pas moins très belle ! La bibliothèque est considérée comme une merveille architecturale et est l'un des seuls exemples restants d'une bibliothèque de l'Empire romain. C'était la troisième plus grande bibliothèque du monde romain derrière celles d'Alexandrie et de Pergame. Elle abritait jusqu'à douze mille rouleaux conservés dans des placards en bois encastrés dans les murs. Malheureusement, elle fut incendiée par les Goths en 263, la détruisant totalement. Sa façade fut réassemblée à l'époque moderne selon la technique de l'anastylose et c'est cette dernière que l'on peut observer sous nos yeux.
Nous nous y attardons longuement scrutant chaque colonne et chaque motif. Notre curiosité va jusqu'à observer les touristes, parfois seuls, parfois en grand groupe, de vraies attractions à eux tout seuls lorsqu'ils tentent de capturer le meilleur cliché de la bibliothèque ou bien souvent ...d'eux-mêmes. Il y a même deux Turcs déguisés en Romains qui s'amusent à prendre des photos avec les visiteurs, moyennant finance.
L'heure de la fermeture approchant, on continue notre ascension de la cité jusqu'à l'entrée haute. L'allée est particulièrement glissante. Des chats commencent à sortir de leurs cachettes, le soleil se faisant de plus en plus discret. Nous découvrons la citerne et le petit théâtre plutôt mignon.
Nous rentrons à travers champs. En quelques minutes, Camille attrape une nectarine, Adrien une pêche, nous dégustons nos fruits clandestins tout en rentrant vers Selçuk. À quelques rues de chez nous, nous nous attablons à un restaurant de pides, les pizzas turques tout en longueur. Les pides sont préparées sous nos yeux, un régal. Sur le retour nous achetons des mini-magnums, concluant ainsi la soirée sur une touche sucrée.
Jour 137 🇹🇷 - Sirince ou Éphèse dans la montagne
Sirince, Turquie le 20 juin 2022
Aujourd'hui, toute petite étape. Nous quittons la plaine de Selçuk en fin de matinée pour rejoindre Sirince, à une vingtaine de minutes en dolmus. Après quelques dizaines de lacets, nous voilà vite arrivés. Ce village est aussi connu sous le nom d'Éphèse dans la montagne. Il aurait été fondé vers le Vème siècle par les personnes qui ont abandonné la plaine suite à l'ensablement du port d'Éphèse. La cité n'étant plus bordée par la mer, elle n'avait plus grand intérêt. Ils lui ont donc préféré les montagnes voisines.
Nous apprécions immédiatement nos premiers pas dans le village. Son calme et sa fraîcheur nous font du bien. Nous rejoignons notre auberge pour la nuit, nommée Sihirbazin Evi c'est-à-dire la maison du magicien. La maison ainsi que toutes celles qui l'entourent nous rappellent énormément Berat en Albanie ou encore Ohrid en Macédoine du Nord. Notre chambre est à la fraîche avec ses murs de pierre, sa petite ouverture et sa terrasse ombragée. Une bonne nuit en perspective. Pour l'heure, il est temps d'aller visiter le village.
Les ruelles sont étroites, pavées et regorgent de magasins à touristes. Le bazar ne déroge bien évidemment pas à la règle. Les touristes ne sont pourtant pas bien nombreux aujourd'hui ce qui nous permet d'apprécier cette petite ambiance de village.
Sirince a une histoire particulière. À l'origine grec, il devint turc au moment des échanges de population sous Atatürk dans les années 1920. En effet, tous les Grecs orthodoxes de Turquie durent quitter de force le pays (et inversement pour les musulmans de Grèce). C'est ainsi que le village d'Éphèse dans la montagne, peuplé de Grecs, est devenu Sirince, un village turc.
En fin d'après-midi, je choisis de rejoindre notre terrasse, lieu propice pour me plonger dans l'écriture de ce blog. Camille et Adrien, armés de leurs chaussures de marche, partent faire un tour dans la nature au milieu des oliviers. Ils reviennent à la nuit tombée accompagnés de Polo, un chien errant fort affectueux. Adrien choisit un restaurant et nous profitons tous ensemble d'une belle soirée pleine de fraîcheur.
Jours 138 à 140 🇹🇷 - Pamukkale, un château de coton
De Sirince à Pamukkale, Turquie le 21 juin 2022
Comme tant espéré, nous avons merveilleusement bien dormi dans notre maison à l'abri de la chaleur et de la lumière. Cela faisait bien longtemps que l'on ne s'était pas senti en forme au réveil. La matinée débute avec un somptueux petit déjeuner. Malgré nos trois estomacs et un curieux visiteur à moustache, nous ne parvenons pas à tout finir.
Vers 11h, nous quittons notre humble demeure, remercions notre très discrète hôte et descendons la rue principale jusqu'à l'arrêt du dolmus. Une bonne dizaine de personnes attendent à l'ombre. Avec nous trois en plus, le dolmus est plein, signe que nous partons aussitôt.
De retour à Selçuk, nous nous dirigeons vers la gare pour prendre le prochain train pour Denizli. Nous montons donc dans le même train qui nous a déposé deux jours plus tôt, à la même heure. Une fois nos billets achetés, nous nous positionnons en connaissance de cause au niveau de la première rame en espérant trouver une place assise. Sauf qu'il est bondé et que de nombreuses personnes se tiennent déjà debout dans les allées. Dépités, nous nous installons par terre, prêts à patienter le mieux possible pour les trois prochaines heures de voyage. Au bout d'une bonne heure, nous parvenons finalement à trouver chacun un siège et nous arrivons en gare de Denizli avec 45 minutes de retard.
La gare se situe en face du terminal de bus, très pratique. Avant de nous rendre à Pamukkale, nous faisons quelques courses pour les deux prochains jours. Il est quasiment 16h et la faim se fait ressentir. Un petit stand de çiğ köfte nous attire à la sortie du supermarché. Le vendeur, voyant notre regard curieux, nous propose de les goûter. Épicé, cela ne ressemble pas aux kebabs habituels. La viande a été remplacée par du boulgour écrasé. La bouchée nous plaît, le prix aussi. On se laisse tenter. Nous mangeons donc notre premier kebab végétarien, que nous accompagnons d'ayran pour adoucir le piment. L'expérience n'est pas si déplaisante, mais honnêtement, je ne renouvellerai pas.
Bien chargés, nous reprenons la route du terminal de bus. On arrive dans une gare routière énorme ! À ce moment-là, on n'avait pas la moindre idée que Denizli comptait plus d'un million d'habitants. Entre le train bondé et le nombre de bus présents à cette gare sur deux étages... on commence à se faire à l'idée. Guidés par de gentils Turcs, nous arrivons à la plateforme 76 située à l'étage inférieur. Comme à notre habitude, nous sommes les derniers à monter dans le minibus. Il se met en marche aussitôt. À nouveau, nous ne trouvons pas de place assise, le trajet se fera debout.
Nous rejoignons finalement Pamukkale sur les coups de 17h. On a hâte ! Non pas à cause du fameux château de coton. Ça, ce sera pour demain. Mais bien parce que pour la première fois, notre logement donne sur une piscine. On paye la chambre pour les deux prochaines nuits et ni une ni deux, on plonge tous dans l'eau !
Pamukkale, Turquie le 22 juin 2022
Nous nous réveillons en pleine chaleur et en plein soleil. Après un mois en Turquie, on ne comprend toujours pas que nos chambres se situent systématiquement plein est, sans aucun volet aux fenêtres. Alors, adieu la grasse matinée. La journée commence au bord de la piscine pour prendre le petit déjeuner inclus et se rafraîchir dans l'eau. Autant consacrer les heures les plus chaudes à se reposer et à s'amuser. Surtout que ce matin, il y en a de l'animation au Doplhin entre sono, bataille dans l'eau et plongeons.
La fin d'après-midi nous semble plus appropriée à la visite car le site ferme bien après sa billetterie. Nous arrivons sur place aux alentours de 15h30. Nous nous retrouvons pieds nus sur le travertin en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Et oui, le château de coton se visite sans chaussures afin d'aider à sa préservation. D'autant plus que de nombreux passages sont aquatiques.
Pour la petite histoire géologique, Pamukkale est une immense tufière élaborée par des eaux chaudes jusqu'à 45° qui jaillissent des entrailles des montagnes. Les eaux contiennent du carbonate de calcium sous forme d'une pâte blanchâtre qui durcit lorsque l'eau s'évapore.
L'aller consiste à monter de bassin en bassin jusqu'à un plateau où se trouve l'ancienne ville de Hierapolis. Le contact de la roche est parfois doux, parfois rugueux. Fort heureusement, il est bien plus frais que ce que nous pensions. Le blanc du calcaire repousse parfaitement la chaleur. Il y a un peu de monde sur place, surtout dans les bassins les plus hauts, sans pour autant dire que le site soit bondé. Nous avions un peu peur de trouver une ribambelle d'influenceurs en herbe (autre que nous bien sûr), ce qui n'est heureusement pas le cas.
Sur le haut, nous discutons avec une famille turque tout en remettant nos chaussures. Très sympathiques, ils viennent de Denizli, la ville voisine et profitent d'un après-midi culturel. De notre côté, nous prenons le chemin des ruines de la ville romaine tout en longeant les bassins à sec. Un astucieux système de canaux permet de réguler l'eau entre les bassins artificiels. Ceux-ci sont un peu à sec en été, ce qui se comprend au vu du climat méditerranéen.
Quelques pérégrinations plus tard, nous arrivons au niveau de la porte de Domitien. Elle gardait l'entrée de cette ancienne ville thermale construite par les rois de Pergame au IIème siècle avant JC et développée par les Romains. De tous temps les eaux thermales de Pamukkale ont attiré les pèlerins. Ce site historique est à voir. L'allée qui mène de la porte jusqu'au théâtre est particulièrement impressionnante. C'est d'ailleurs là que nous nous rendons pour compléter la visite. En plus d'être bien préservé, il offre une vue imprenable sur toute la plaine de Denizli et les montagnes au loin.
19h approche lorsque nous redescendons. C'est l'occasion parfaite de se baigner tout en admirant le coucher de soleil. Nous optons pour l'avant dernier bassin qui est vide. Il n'est pas bien profond, il s'agit plus de faire trempette que de nager. C'est néanmoins très agréable, surtout que le cadre est sublime. Les filles en profitent pour se faire des masques de calcaire.
Avant de revenir à l'hôtel, nous nous arrêtons au Kayaç, un restaurant du centre-ville. C'est l'occasion de passer une dernière soirée tous les trois. Camille rentre malheureusement en France le lendemain. Nous nous remémorons quelques passages marquants de notre petit séjour dans l'ouest de la Turquie, avant de revenir au Dolphin.
L'heure des adieux est inévitable. Notre route nous amène doucement à l'est de la planète tandis qu'elle prend la direction des Amériques. Nous nous retrouverons désormais à l'autre bout du monde. C'est toujours triste de se quitter sans savoir quand on se reverra.
Un grand merci d'être venue nous rendre visite ! Nous te souhaitons le meilleur au Canada. Bisous 💛.
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Notre aventure en Anatolie n'est pas terminée. De Pammukale, nous rejoignons la côte sud de la Turquie réputée sublime dans le but de rejoindre Antalya, tout en profitant de la saison estivale.
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