Journal de bord en Macédoine du Nord 🇲🇰
Comme on se l'était promis et maintenant que le printemps est bien installé, nous décidons de remonter vers le nord afin de faire connaissance avec les deux pays voisins de l'Albanie : la Macédoine du Nord et le Kosovo. Nous sommes prêts pour ce nouveau saut dans l'inconnu.
🌍 | Journal de bord de notre voyage sans avion
🚀 | Sur la route depuis février 2022
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Jours 82 à 88 🇲🇰 - Skopje et ses alentours, une capitale atypique dans un écrin de verdure montagneux
De Thessalonique, Grèce à Skopje, Macédoine du Nord le 26 avril 2022
À peine 100 kilomètres séparent Thessalonique, la 2ème ville grecque, de la frontière avec la Macédoine du Nord. Nous arrivons assez vite dans notre minibus qui roule à toute allure. Le passage de frontière se fait en un rien de temps. Une fois arrêtés, l'assistant du chauffeur se charge d'amener les passeports de tout le monde au bureau des douanes. Puis, peu de temps après, les douaniers grecs nous font tous descendre du bus pour les récupérer, ce qui ne prend que quelques minutes. Nous n'avons même pas besoin de montrer l'intérieur de nos sacs. Même chose côté macédonien.
Il fait chaud dans le bus, très chaud. On comate tous bien englués dans nos sièges. Impossible de faire quoi que ce soit, alors je (Clémence) mets mes écouteurs bien en place et je lance un podcast d'une québécoise installée en Macédoine du Nord depuis une dizaine d'années. Comme je n'ai honnêtement aucune connaissance sur le pays, il est temps de m'intéresser un peu.
Pendant toute la suite du trajet, j'apprends beaucoup d'informations culturelles, historiques et géographiques, tandis que mes yeux sont subjugués par les montagnes avoisinantes baignées par les lumières dorées du soleil couchant. Car oui, la Macédoine du Nord est un pays essentiellement montagneux, 34 sommets s'élèvent à plus de 2000 mètres d'altitude. Son point culminant, le mont Korab, atteint même 2764 mètres d'altitude.
Nous arrivons à Skopje en début de soirée avec une heure de moins au compteur, nous revenons à l'heure française. En prenant le chemin de notre appartement, nous nous retrouvons sur le même trottoir que deux autres filles qui étaient avec nous dans le bus. Alors qu'on cherche tous les 4 notre chemin, on finit par se rendre compte qu'elles sont elles aussi françaises. Nous parcourons les 30 prochaines minutes ensemble et sympathisons rapidement. Arrivés à la croisée de nos deux routes, nous échangeons nos numéros, histoire de se retrouver le lendemain.
À seulement 5 minutes de notre adresse d'arrivée, on se rend compte qu'on n'a toujours pas trouvé de wifi gratuit pour prévenir Boris, notre hôte, de notre arrivée. Nous passons devant un magasin de vélo. Le gérant semble sympathique. Je prends mon courage à deux mains pour lui demander d'appeler Boris pour nous. Il sourit, prend son téléphone, compose le numéro et passe de longues minutes à parler macédonien avec lui.
Ne pas avoir de 4G nous oblige à encore plus entrer en contact avec les locaux. Même si il faut l'avouer, ce n'est pas toujours facile d'engager la conversation avec un étranger pour lui demander un service.
Après avoir raccroché, il nous donne toutes les informations nécessaires et nous parcourons les 5 minutes restantes jusqu'au pied de l'immeuble. Le papa de Boris débarque quelques minutes plus tard. Il ne parle pas vraiment anglais mais nous accueille avec un grand sourire.
Nous nous installons dans un très bel appartement au 9ème étage, qui nous offre une vue imprenable sur Skopje et ses montagnes.
Skopje, Macédoine du Nord le 27 avril 2022
Nous émergeons tranquillement tant le lit est confortable et l'appartement silencieux. Un message d'Alice, l'une des deux françaises rencontrées la veille, va nous bouger plus vite que prévu. Le rendez-vous est pris, nous les rejoignons dans un petit parc pas loin de chez nous pour passer la journée ensemble. Elles débarquent avec Garent, un hollandais à vélo rencontré dans leur hostel.
Marlone a très envie de visiter le quartier du vieux bazar. Sur notre route se trouve la cathédrale St Clément d'Ohrid et ses magnifiques décorations. Nous traversons le Vardar au niveau du palais du gouvernement et arrivons dans la vieille ville. Nous vadrouillons d'abord dans la partie couverte du marché, puis dans les rues extérieures où s'entremêlent boutiques de bijoux, cafés et restaurants.
Nos narines sont vite titillées par des odeurs très alléchantes, ce qui nous invite à chercher un restaurant pour ce midi. La terrasse du Medo, un restaurant turc, nous attire. Il se révèle très bon. En entrée, nous prenons une bonne soupe de lentilles. Nous nous laissons ensuite tenter par un menemen, une omelette à base de sauce tomate et fromage, que les Turcs mangent surtout au petit-déjeuner, et des gözleme, des crêpes fourrées au fromage et aux épinards frais. Le tout est bien sûr accompagné de bon pain cuit au feu de bois et d'un thé, évidemment. Divin.
L'après-midi nous continuons notre tour de Skopje en rejoignant la grande place de Macédoine par un très chouette et ancien pont de pierre. Nous admirons des dizaines de statues toutes plus imposantes les unes que les autres. Incroyable.
Nous finissons la journée au parc municipal de Skopje, plus au calme. Certains d'entre nous prennent des glaces, d'autres des smoothie maison délicieux. Pour ceux qui connaissent Nancy, j'ai comme l'impression de passer la fin de journée à la Pép'.
Je ne sais pas comment décrire cette première journée. La ville est atypique c'est certain. Elle mêle beaucoup de nouvelles constructions massives et souvent kitsch avec des bâtiments hérités de l'ère communiste. Une chose est sûre, il nous faudra plus de temps pour l'appréhender.
Matka, Macédoine du Nord le 28 avril 2022
Toujours accompagnés de Marlone et Alice, nous voilà de retour à la gare routière pour prendre le bus 60 qui mène au canyon de Matka, à une quinzaine de kilomètres de la capitale. Si tu viens à Skopje, tout le monde te dira de passer au moins une journée là-bas. Désormais, on te le conseille aussi.
Le bus nous dépose 45 minutes plus tard au bout de la route, nous continuons à pied. La météo, qui annonçait des nuages, se trompe. Il fait à la fois beau et chaud. La route se mue en chemin. La végétation est verdoyante. Une immense forêt couvre l'ensemble des montagnes de part et d'autre du canyon où coule une petite rivière. Nous arrivons vite au pied d'un barrage qui forme le célèbre lac artificiel.
Dans le bus, nous avons retrouvé des colocataires de l'auberge de jeunesse dans laquelle dorment Alice et Marlone. Nous passons la journée à six, 4 français, un californien et un israélien. Il est possible de longer le canyon en randonnant, mais aussi en bateau et en kayak. Nous ne cédons pas aux tentatives du loueur de nous proposer son tour en barque motorisée et optons pour un kayak deux places.
Nous voilà partis pour une heure à pagayer au milieu des gorges. Nous nous retrouvons vite en pleine nature, avec pour seul compagnon les chants des oiseaux. De temps en temps, nous croisons dans un sens où l'autre des barques motorisées qui créent de petites vagues sur l'eau.
Cette virée en kayak me rappelle le passage du Seigneur des Anneaux où toute la communauté descend le fleuve Anduin après avoir quitté les forêts elfiques de la Lothlórien. Il ne manque que les statues monumentales de l'Argonath pour que le tableau soit complet.
Nous décidons ensuite tous les six de longer le canyon à pied, pour profiter d'un autre point de vue plus en hauteur. Le sentier de randonnée, parfois creusé à même la roche, alterne entre forêt et falaise. Le canyon de Matka est réputé pour sa biodiversité. Il abrite de nombreuses espèces d'insectes et de plantes endémiques. Nous nous arrêtons de temps en temps pour admirer des papillons colorés peu farouches.
De retour au barrage, il nous reste environ une heure et demie avant le prochain bus. Je décide de rejoindre un point de vue tandis que les filles s'installent au bord de l'eau. Le sentier est difficile à trouver, la végétation vivace de ce début de printemps ne me facilite pas la tâche. Après quelques errements, je retrouve mon chemin et arrive finalement au belvédère.
Au détour d'un fourré, un bruit de grattement m'interpelle. Sur mes gardes, de peur de voir un serpent, je jette un oeil et tombe nez à nez avec une tortue terrestre. Décidément, la nature est particulièrement préservée.
Je retrouve les filles en mode pique-nique au bord de l'eau. 16h30, il est l'heure de rentrer à la maison. C'était sans compter une dernière péripétie.
L'heure tourne et le bus ne passe pas. Des chauffeurs de taxis particulièrement insistants veulent nous embarquer. Le problème, c'est que nous avons déjà pris notre ticket de bus retour. Plutôt que d'attendre, nous avançons un peu sur la route et tombons sur un allemand qui attend à un arrêt plus loin. Il nous dit que le bus précédent n'est pas passé non plus. C'est à se demander si ce n'est pas un coup monté par le lobby des taxis de Skopje.
C'est décidé, il va falloir la jouer à la Pékin Express. Clémence et moi nous éloignons des autres et tendons notre pouce. Une première voiture passe, mais n'a pas de place pour nous. La seconde, c'est la bonne. Nous n'avons pas attendu plus de 5 minutes. Nous nous serrons sur la banquette arrière encombrée par une énorme valise. Le couple de californiens qui nous a pris se rend à Pristina. Ils nous avancent de quelques kilomètres sur l'axe principal, où passent de nombreuses lignes de bus de ville. On est pas peu fiers de notre premier auto-stop !
Nous retrouvons les autres, qui, partis après sont arrivés avant. Nous ne sommes pas encore prêts pour faire la course. Nous montons tous les sept dans un bus. Nous voilà de retour à Skopje. La journée se termine avec les filles par un petit restaurant macédonien repéré la veille. Quelle journée !
Skopje, Macédoine du Nord le 29 avril 2022
Le temps gris et nuageux finit par nous rattraper. Sans s'en rendre compte, nos corps se mettent souvent à l'arrêt ces jours là. On est vraiment chanceux de pouvoir voyager en fonction de la météo.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, nos journées de repos sont bien chargées. Écrire ce blog voyage nous prend plusieurs heures par semaine chacun. Or c'est important de tenir notre journal de bord à jour car notre mémoire à tendance à s'effacer avec le temps et les nouvelles expériences que l'on vit. Aujourd'hui, nous sommes par exemple en train de rédiger le récit de notre tour du Péloponnèse.
Nous consacrons le reste de notre après-midi à faire un tour dans le petit marché du quartier et à préparer notre prochaine étape macédonienne. Le soir venu, nous sortons pour une balade. Depuis l'appartement, nous rejoignons le parc municipal de Skopje avant de remonter la rivière jusqu'à la fameuse place de Macédoine illuminée.
Skopje, Macédoine du Nord le 30 avril 2022
Ce matin, nous avons rendez-vous à 10h en face de la statue du Tsar Samuel pour une activité que nous apprécions beaucoup, le free walking tour. Il s'agit de notre second après celui de Tirana en Albanie. Vasko, notre guide, armé de son énorme parapluie bleu, nous attend. Des Anglais, des Serbes et des Hollandais nous rejoignent.
Comme nous logeons à Skopje depuis plusieurs jours, nous sommes déjà passés par les principaux lieux du tour de ce matin. Au delà d'une simple visite de la capitale, c'est surtout le partage d'histoire, d'anecdotes et de toutes ces petites choses qu'on n'a pas pu voir ou comprendre par nous-mêmes qui nous plaisent.
L'histoire des Balkans est complexe et riche. Je ne vais pas te raconter chaque anecdote de Vasko, il faudra venir le voir pour ça, mais j'ai quand même envie de mentionner quelques éléments essentiels sur Skopje et la Macédoine du Nord.
Vasko nous explique que la Macédoine du Nord est à la fois un carrefour et une mosaïque. Il s'agit d'un carrefour de par sa position géographique entre la Grèce, la Serbie, le Kosovo, l'Albanie et la Bulgarie. Rien que ça !
Son territoire a connu de nombreuses guerres, occupations et migrations depuis les premières colonies romaines. On peut citer notamment l'arrivée des slaves au VIème siècle et les 5 siècles d'occupation ottomane.
Le pays compte environ 2,1 millions habitants provenant de plusieurs ethnies et cultures, d'où ce second surnom de mosaïque. Les Macédoniens côtoient des Albanais, des Turcs et des Roms. Vasko ne s'étend pas sur les relations entre chacun. Cependant, quelques jours dans le pays nous font comprendre qu'elles sont difficiles. Langues différentes, religions différentes, scolarités différentes, la mixité reste faible encore aujourd'hui. Ainsi, durant notre séjour, les Macédoniens que nous avons rencontrés se sont dit macédoniens, tandis que les Albanais se sont plutôt présentés comme des Albanais de Macédoine.
Le tour se poursuit entre ville moderne et ancienne. Après trois jours, Skopje nous interpelle encore avec toutes ses nouvelles constructions ostentatoires. C'est en nous arrêtant devant l'ancienne gare routière que tout s'explique. L'horloge massive de la gare indique 5h17. Il s'agit de l'heure à laquelle, le 26 juillet 1963, un énorme séisme a détruit près de 80% de la ville. À cause de ce tremblement de terre, Skopje a perdu l'essentiel de ses infrastructures et de son patrimoine. La communauté internationale s'est réunie pour l'aider à se reconstruire. Certaines rues ont été nommées pour remercier tous les pays et villes amies qui ont aidé. Il y a même une rue nommée rue de Dijon.
Après 3 bonnes heures de vadrouille, nous disons au revoir à Vasko et ne manquons pas de retenir l'emplacement du bar qui sert des bières pression, le nom de la spécialité locale aux haricots que nous n'avons pas encore goûtée, le tavče gravče, à prononcer tavtché gravtché, et le fait que les bus sont gratuits les samedi et dimanche.
Nous rentrons déjeuner à l'appartement et nous ressortons dans la foulée. Depuis quelques jours, une croix dans la montagne nous fait de l'oeil. C'est la croix du Millénaire. Elle domine la ville depuis le mont Vodno. La nuit, elle y brille même de mille feux. Avant d'arriver là-haut, il faut tout d'abord prendre le bus 25, ou le 25A qui part de l'ancienne gare ferroviaire jusqu'au pied du téléphérique, à mi-pente. Profitant de la gratuité, nous prenons place à bord d'un bus à l'impériale ! Ils sillonnent la ville et lui donnent un air londonien. La seule différence, c'est qu'ils sont conçus pour rouler du bon côté de la route.
La pente est raide. Nous parvenons tout de même à bon port et optons pour le téléphérique à 3€ et quelques l'aller-retour pour deux. Nous sortons de notre nacelle à environ 1000 mètres d'altitude.
De là-haut, la vue est imprenable sur les alentours. Aussi loin que porte notre regard, nous ne voyons que des montagnes et des sommets enneigés. Skopje est véritablement entourée de nature. Le téléphérique nous ayant épargné l'effort de la montée, nous choisissons un petit circuit de randonnée faisant une jolie boucle et passant par le sommet du mont Vodno avant de redescendre comme nous sommes venus, en fin d'après-midi.
Skopje, Macédoine du Nord le 1er mai 2022
Nous sommes dimanche matin et le départ est programmé pour demain. Il est temps de retourner à la gare routière pour prendre nos prochains tickets de bus. Nous notons précieusement toutes les informations avant de regagner une dernière fois la vieille ville. Nous commençons par la forteresse, que nous n'avons pas encore pris le temps de découvrir. C'est parti !
Une forteresse, par nature, est impénétrable et celle de Skopje ne possède que deux entrées. Celle vers laquelle nous nous dirigeons est barrée d'une lourde grille. On décide quand même de s'en approcher en empruntant un pont levis aux poutres effritées, on ne sait jamais. Et là, surprise. Un des barreaux de la porte a été coupé pile poil pour laisser passer une personne. On commence à être habitués à ces ouvertures pas très officielles. On se faufile ni une ni deux au travers, en essayant de ne pas trouer nos pantalons.
La forteresse est gratuite, certes. Ses remparts extérieurs sont bien entretenus, certes. Sauf qu'une fois à l'intérieur, on découvre un tout autre décor. Bien qu'on soit en pleine ville, la nature a repris ses droits et il n'y a pas grand chose à voir. Le tour des remparts est assez ludique. On apprécie l'endroit.
Le ciel devient menaçant. C'est le moment idéal pour aller manger un morceau dans le vieux bazar. Au menu, 10 kebabs, du pain et les fameux haricots en sauce. Un régal à moins de 5€ à deux. Ça vaut le coup !
Nous ne pouvions pas manquer non plus le Old Town Bar conseillé par Vasko et son panneau Draft Beer (bières pression). Comme sa pancarte l'indique, nous commandons nos premières bières pression depuis... des semaines. Même en Grèce, on n'en a pas bu une seule. Celle-ci est délicieuse et clôture bien ces quelques jours dans la capitale macédonienne.
Skopje, Macédoine du Nord le 02 mai 2022
C'est le jour du départ. Heureusement qu'on a mis notre réveil ce matin car il n'y a absolument aucun bruit dehors. Pour un lundi matin, c'est vraiment étrange. On finit par vérifier sur Google : 02 mai 2022, fête de l'Aïd (fin du ramadan). C'est vrai qu'on en a entendu parler, mais comme la Macédoine du Nord est principalement orthodoxe, on ne pensait pas que ce jour serait férié ici. Écoles et boutiques sont fermées. Les locaux ne semblent pas non plus se rendre à leur travail. Boris lui, est là à 9h pile.
Nous reprenons notre sac à dos et 35 minutes de marche plus tard, nous arrivons à la gare routière, fin prêts pour notre future destination dont on entend parler depuis plusieurs mois.
Au revoir Skopje, nous avons vraiment aimé notre semaine passée ici !
Jours 88 à 92 🇲🇰 - Ohrid et son lac, pépite à l'Ouest de la Macédoine
Ohrid, Macédoine du Nord le 02 mai 2022
Nous arrivons à la gare routière d'Ohrid en début d'après-midi. On ressort les kways pour parcourir les 2 kilomètres qui mènent à notre hostel, en plein coeur de la vieille ville. Très impatients de découvrir cette nouvelle étape, nous sortons nous promener sitôt nos affaires installées.
Il y a du monde, beaucoup de monde. Nous croisons principalement des touristes macédoniens qui déambulent dans le dédale de ruelles, boivent des cafés bien au chaud ou mangent dans l'un des nombreux restaurants. Nous rejoignons le lac à deux pas, le paysage est saisissant. On se croirait tantôt dans les Alpes, tantôt dans le Jura.
Le lac d'Ohrid est l'un des plus vieux du monde, son origine remonterait à 5 millions d'années. Il est aussi l'un des lacs les plus profonds d'Europe avec ses 288 mètres de fond. Sur l'autre rive, nous apercevons l'Albanie. Le lac est à cheval sur les deux pays. Nous le contemplons tout en poursuivant notre chemin à travers les vieilles rues pavées. Au niveau de la cathédrale Sainte Sophie, nous empruntons une passerelle en bois construite sur l'eau.
Le temps se gâte à peine 15 minutes après notre départ. Avant d'être trop trempés, on s'abrite sous l'auvent d'un bar de plage encore en hivernage. De longues minutes passent, le temps ne va malheureusement pas en s'améliorant. On se décide quand même à affronter la pluie. On lutte jusqu'à l'église Saint Jean de Kaneo, une église orthodoxe aussi belle que le point de vue sur lequel elle se trouve. Ohrid est connue pour compter pas moins de 365 églises, une pour chaque jour de l'année. Elle est même surnommée la Jérusalem des Balkans. Immense centre religieux, la ville est également très touristique grâce à sa position idéale au bord du lac, ses maisons pittoresques et sa vieille ville ottomane très caractéristique.
De retour à l'auberge, nous rencontrons successivement un berlinois, une londonienne et un stambouliote, sans oublier Natasha notre hôte, avec qui nous passons du temps à discuter. Notre séjour s'annonce génial.
Ohrid, Macédoine du Nord le 03 mai 2022
De timides rayons de soleil illuminent notre petit déjeuner sur la terrasse de l'hostel. Nous profitons de cette éclaircie pour pousser un peu plus notre visite d'Ohrid. Nous commençons par retourner jusqu'au chemin en bois qui longe le lac. Il y a bien moins de monde aujourd'hui et c'est très agréable. Seuls quelques bateaux touristiques sont amarrés et attendent leurs premiers clients.
Arrivés à l'église Saint Jean de Kaneo, nous suivons un chemin pavé qui mène à la forteresse de Samuel, tout en haut de la colline. Nous admirons des voitures d'une autre époque garées ça et là, en se demandant si elles démarrent encore. La vieille ville regorge de maisons de style ottoman plus ou moins préservées. Clin d'oeil à l'Albanie et à la Grèce.
Nous prenons du plaisir à nous perdre dans les ruelles parfois pentues, tout en redescendant vers le théâtre antique. Les rues perchées de la ville offrent des vues panoramiques. Nous longeons le rempart jusqu'à l'église Holy Mary Perybleptos, sur la colline voisine. Son esplanade offre une vue magnifique sur la forteresse et la vieille ville d'Ohrid. La journée est déjà bien avancée quand nous rentrons déjeuner.
En fin de journée, nous marchons jusqu'à la plage Labino, en contournant l'avancée rocheuse sur laquelle est construite la forteresse Samuel. Quelques gouttes font leur apparition. Depuis la plage, il est possible de rejoindre l'hostel via des sentiers à flanc de falaise en pleine nature. Ils nous amènent pour la 3ème fois jusqu'à l'église Saint Jean de Kaneo, cette fois par le côté opposé. Nous sommes toujours autant sous le charme de cet endroit.
Ohrid et son lac sont inscrits à l'UNESCO à la fois en tant que patrimoine culturel et site naturel. Seuls 28 sites dans le monde ont cette double étiquette, ce qui est assez incroyable.
Monastère Saint Naum, Macédoine du Nord le 04 mai 2022
De l'autre côté du lac, un peu avant la frontière albanaise se trouve le monastère Saint Naum. Il s'agit d'un incontournable, nous décidons de profiter de ce premier jour de soleil pour nous y rendre en bus. Nous sommes accompagnés par deux amis de l'auberge. Le premier doit continuer sa route jusqu'en Albanie, tandis que Julie passera une partie de la journée avec nous. Nous arrivons à destination après avoir longé le lac pendant 45 minutes.
L'endroit est calme, même si nous sommes accueillis par un groupe de Macédoniens criant à gorge déployée pour se donner le courage nécessaire pour sauter dans l'eau glacée. Et oui, une superbe plage se situe au pied du monastère. Elle nous donne l'impression d'être sur une île paradisiaque.
Une allée d'arbres, dont certains sont couverts de magnifiques fleurs roses, nous amène au monastère. Là, pas moins de 4 paons mènent une vie pas très paisible à l'ombre de l'église. Nous passons de longues minutes à admirer leurs cris, leurs parades et surtout leurs roues.
Puis, nous décidons de nous éloigner un peu en allant visiter trois églises dispersées dans la nature. Il est possible de les relier toutes les trois via un sentier en pleine nature, la balade est bucolique. Nous croisons un groupe qui a la même idée que nous mais par la voie maritime. En effet, les églises se situent dans les springs, une lagune qui ressemble un peu à la Louisiane. Il est tout à fait possible de parcourir le même chemin que nous, par barque.
Nous déjeunons au pied de la dernière église, que le gardien nous ouvre gentiment, avant de rejoindre Julie sur la plage. Seulement deux bus par jour effectuent la liaison entre Ohrid et Saint Naum. Ne fais pas comme nous et pense à prendre directement un aller-retour auprès du chauffeur. Les trajets aller-retour en Macédoine du Nord offrent souvent une ristourne très intéressante.
Le soir, nous retournons d'abord à l'église Saint Jean de Kaneo pour le coucher de soleil, avant de rejoindre l'auberge où les copains et les bières locales nous attendent.
Sur la route de Velestovo, Macédoine du Nord le 05 mai 2022
11h. Départ matinal pour une randonnée dans les montagnes à l'est d'Ohrid. Cette fois-ci, nous partons à pied de l'hostel et commençons par longer le lac jusqu'à la lagune Biljana et son petit canal. Quelques barques de pêche y sont amarrées. En se penchant, on remarque que chaque ponton est un véritable refuge pour des milliers de poissons pas farouches.
Il est ensuite temps de commencer l'ascension en empruntant la route goudronnée qui mène au village de Velestovo. La chaleur nous accable un peu sur cette première partie. Trois mois de voyage en hiver ne nous ont pas appris à débuter les randonnées tôt, on va devoir s'y mettre.
Nous marchons de longues minutes le long de la route. La montée est raide. À chacun de nos pas, des dizaines de lézards s'enfuient effrayés sur les bas côtés, nous faisant sursauter par la même occasion. À vrai dire, s'ils ne bougeaient pas, nous ne les remarquerions même pas tant leur couleur se confond dans le paysage. Peu après, c'est au tour d'un serpent de nous surprendre. Grrr. Plus loin encore, nous croisons un troupeau de chèvres plus amicales. Agiles, elles se dressent sur leurs pattes afin de brouter un maximum de jeunes pousses printanières sur les arbustes environnants. Les bergers les regardent faire tout en prenant le café. Nous nous installons un instant à côté d'eux pour profiter de la vue sur la ville et le lac d'Ohrid.
Nous apercevons enfin au détour d'un virage le restaurant Bravo, perdu au milieu de la montagne. Juste devant, une petite église nous intrigue. Nous la visitons, puis pique-niquons juste devant elle sur un banc. Prévenants, nous avons apporté avec nous une salade de thon, de fromage frais et de concombres qui a eu tout aussi chaud que nous. Nous prenons un café et une mousse au chocolat dans le restaurant en guise de motivation. Ils nous permettent de repartir de plus belle.
Enfin repartir est un bien grand mot. La montée jusqu'au village de Velestovo est encore plus raide que tout ce que l'on vient de faire. Cet endroit me rappelle un peu certains villages jurassiens, et pour cause, Velestovo culmine à 1100 mètres d'altitude. Nous sommes au plus haut de notre trajet du jour. Il est alors temps de quitter les routes bitumées pour nous enfoncer dans la forêt. La descente est ardue jusqu'à l'église de la Nativité. Heureusement pour nous, la chaleur est moins étouffante dans les sous-bois, ce qui nous donne un regain d'énergie et de motivation. Le soleil semble d'ailleurs disparaître progressivement derrière un voile gris.
Nous empruntons dès lors une série de sentiers plus ou moins balisés à flanc de montagne, accompagnés par le sifflement des oiseaux et le bourdonnement des insectes. La nature macédonienne est si belle en ce mois de mai. Le sentier débouche sur un chemin un peu plus large. Quelques habitations sont visibles au loin, ainsi qu'un cimetière bien entretenu.
Cependant en nous approchant, nous comprenons bien vite que le village est abandonné. La dizaine de maisons qui le compose tombe peu à peu en ruine. Ici un mur s'écroule, là c'est au tour du toit. Certains jardins semblent plus ou moins entretenus, mais les maisons sont désespérément vides et abîmées. Quel dommage, le cadre est pourtant si beau.
Nous retrouvons la civilisation un peu plus bas où des chalets ont été implantés. Que ce doit être agréable d'y passer plusieurs jours au calme. Nous gagnons à nouveau le lac et rentrons à l'auberge en fin d'après-midi.
Ohrid, Macédoine du Nord le 06 mai 2022
Notre bus est programmé pour 10h45. Nous ne partons pas seuls, Julie et Patrick reviennent aussi à Skopje. Le départ de l'auberge s'accompagne de câlins à tout le monde. Si le trajet qui s'ensuit est bien plus agréable qu'à l'aller, il est aussi plus long. Le jour n'étant pas férié, on découvre nos premiers bouchons. Quoi qu'il en soit, nous arrivons à l'heure.
À nous le Kosovo !
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Ce journal de bord en Macédoine du Nord est terminé. Tu peux continuer à voyager avec nous dans les Balkans en lisant l'article sur le Kosovo. À tout de suite !
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