Journal de bord en Grèce 🇬🇷 : d'Athènes à Thessalonique
C'est à la faveur du printemps que nous effectuons nos premiers pas en Grèce. Un sentiment étrange nous gagne au moment de laisser l'Albanie derrière nous. Ce pays fut un véritable coup de coeur, mais le voyage nous appelle. Nouvelle langue, nouvel alphabet et des lieux plus emblématiques les uns que les autres. Καλώς ήρθατε στην Ελλάδα!
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Jours 77 à 79 🇬🇷 - De retour à la capitale pour Pâques
Nauplie, Grèce le 21 avril 2022, Jeudi saint
Ce réveil est un peu particulier pour nous et pour cause, c'est le dernier de ce road-trip dans le Péloponnèse. On fait les sacs rapidement avant de profiter d'un dernier petit déjeuner au coeur des oliviers. Néanmoins, pas question de trop traîner, notre programme est chargé.
Nous devons tout d'abord rejoindre l'oncle d'Adrien qui a décidé, sur un coup de tête, de passer un peu plus d'une semaine en Grèce. Il adore le pays, ce n'est pas étonnant qu'il revienne. Ce qui l'est plus, c'est de se trouver dans la même région au même moment, sans même s'être concertés. C'est quand même fort !
Une heure et demie plus tard, nous voilà tous les quatre assis à la terrasse d'un café à Nauplie, à parler voyage et changement de vie. Nous ne savons pas quand nous nous reverrons, c'est l'un des inconvénients de notre vie de nomade sans avion. Nous profitons de l'occasion pour visiter brièvement la ville. La forteresse nous semble familière, et pour cause, elle a en partie été construite par les ingénieurs français Lasalle et Levasseur pour le compte des Vénitiens. C'est la première fois que nous voyons une forteresse de style « Vauban » depuis notre départ. Étonnant, non ?
Athènes, Grèce le 21 avril 2022, Jeudi saint
Nous n'avons malheureusement pas le temps de passer l'après-midi tous ensemble. Nous devons être à Athènes avant 16 heures afin de récupérer le résultat de l'IRM d'Adrien avant que l'accueil de la clinique ne ferme. Alors que nous approchons de la capitale, nous constatons que l'autoroute est déjà bouchée dans l'autre sens. Jeudi après-midi, 15 heures environ, les athéniens semblent déjà tous fin prêts à passer ce long week-end au vert.
Radios en poche, nous passons ensuite décharger nos bagages à l'appartement. Slavic, notre hôte moldave, est très bavard. Mais surtout, il ne parle ni anglais ni grec, et moi, pas du tout russe. Nous voilà tous les deux à discuter grâce à Google Translate. Vous a-t-on déjà raconté des blagues russes via un traducteur de téléphone ? J'arrive tant bien que mal à faire le tour du propriétaire tout en discutant de tout et de rien. Marine Le Pen fait-elle partie de notre discussion ? Bien sûr ! La vodka ? Également. M'appelle-t-il « mon camarade » à chaque phrase ? Évidemment.
Tout ceci pendant que les garçons vont rendre la voiture à l'agence. Enfin ! Ils s'acquittent par la même occasion de la facture salée du remplacement de la vitre brisée, en espérant que l'assurance ne tardera pas trop à nous rembourser. On est tous très contents de lui dire au revoir, bien qu'elle nous ait rendu un fier service. Sans voiture, impossible de visiter le Péloponnèse et toutes ses merveilles.
On se retrouve finalement tous les trois en fin d'après-midi, pour une balade à la nuit tombée dans le quartier d'Exarchia qu'on apprécie toujours autant. Le parc du Champ de Mars, à deux pas de l'appartement, abrite même une sorte de fête foraine nocturne ainsi que les premières célébrations de Pâques qui résonnent dans la nuit.
Athènes, Grèce le 22 avril 2022, Vendredi saint
Ce matin, le réveil est plus tardif que d'habitude et ça fait du bien. Nous enfilons tous les trois nos shorts et nous dirigeons vers le mont Lycabette, à moins de 30 minutes de notre logement. La montée est progressive entre escaliers et petits sentiers ombragés. La vue là-haut à 360° est époustouflante. Au loin, on aperçoit d'un côté le golfe Saronique et le port du Pirée, et de l'autre les montagnes avoisinantes. L'acropole, quant à elle, se dresse en face de nous telle une île au milieu d'un océan d'immeubles blancs qui constituent la ville moderne d'Athènes. Elle semble s'étirer jusqu'à l'horizon. À ce moment précis, on se remémore que dans les années 1820, Athènes ne comptait que 5000 habitants quand Paris en comptait déjà 800 000. C'est incroyable !
Nous redescendons une demi-heure plus tard dans le quartier d'Exarchia à la recherche d'un bon gyros. Malheureusement, celui qu'on a repéré est fermé pour Pâques, alors on se rabat sur celui d'à côté. En entrant, le cuisinier nous indique que ses sandwichs sont uniquement végétariens et que tout est fait maison. En lisant le menu, je suis tout de suite conquise. Nous en commandons un chacun avec Adrien et ne sommes pas déçus. Je dirais même que ce sont les meilleurs que l'on ait mangés jusqu'à maintenant. Le pain pita au maïs est garni de crème d'avocat, de champignons poêlés, de pommes de terres grillées, de mayonnaise végétalienne, de tomates, d'oignons, et j'en passe. Gatien, lui, passe son tour. Un gyros sans viande, ça ne le tente pas. On conclut ce repas à la terrasse d'un café place Exarchia où chacun y trouve son compte entre glace, cidre et milk-shake au chocolat. Je vous laisse le soin de retrouver qui a pris quoi.
Nous passons la fin d'après-midi à l'appartement avant de ressortir en début de soirée afin d'assister, une fois n'est pas coutume, à une cérémonie religieuse. Sur les conseils d'Alexia, une amie grecque, nous arrivons à l'église St. Anargyri metochi du saint Sépulcre sur les coups de 19 heures. Les rues sont presque désertes, sauf place Monastiraki, comme toujours.
En chemin, nous apercevons de nombreux vendeurs de cierges bruns et plus rarement de blancs. Il y a foule devant l'église et tout le monde est bien habillé. Enfants, parents et grand-parents tiennent tous un cierge dans la main. Nous avons l'impression d'être des imposteurs avec notre sac à dos et nos chaussures de marche. Nous nous installons dans un coin de la cour en essayant d'être discrets. Sans rien y comprendre, nous assistons à un lent et interminable va et vient, chaque personne entrant tour à tour dans l'église. De là où nous sommes, nous entendons de nombreux psaumes chantés. La scène est belle. Nous restons captivés de longues minutes avant de repartir.
Dans la tradition orthodoxe, le Vendredi saint est un jour plutôt triste. Les cloches des églises sonnent sobrement, comme si on assistait à un enterrement. Il est marqué par la procession de l'épitafios qui a lieu le soir vers 21h et symbolise le linceul du Christ. Le Pope distribue à la fin des fleurs bénies aux fidèles.
Nous croiserons bel et bien ces processions presque funéraires plus tard dans la soirée.
Athènes, Grèce le 23 avril 2022, Samedi de Pâques
Dernier réveil à trois. Nous emballons nos affaires et nous nous disons au revoir. Adrien et moi sommes les premiers à quitter l'appartement afin d'aller profiter de l'ambiance matinale du marché d'Exarchia. Notre train pour Thessalonique n'est qu'à midi. De son côté, Gatien a encore une bonne heure devant lui avant d'aller rejoindre l'aéroport.
Nous traversons le parc du Champ de Mars et rejoignons la rue Kallidromiou qui se transforme en marché à ciel ouvert chaque samedi matin. Il est environ 9h30 quand on arrive aux abords du marché. À notre grand étonnement, nous sommes quasiment seuls. Les étals s'étendent devant nous le long de la rue, tous protégés du soleil par des parasols oranges. Fruits, légumes, olives, aneth, le marché est beau et les odeurs qui s'en dégagent sont enivrantes. Il nous faut toutefois freiner nos ardeurs. Il nous reste encore beaucoup de victuailles de Fani et nous ne pouvons pas tout porter.
Notre train est à l'heure et nous aussi. Ce sera probablement le dernier avant un bon moment.
Jours 79 à 82 🇬🇷 - Thessalonique, au carrefour des routes
Thessalonique, Grèce le 23 avril 2022, Samedi de Pâques
Nous voilà dans le nord de la Grèce. Les 500 kilomètres que nous venons d'effectuer en train font de cette étape la plus longue depuis le trajet Dijon-Turin en bus du premier jour.
À première vue, Thessalonique, ou Salonique comme elle a longtemps été appelée, ressemble beaucoup à Athènes. Nous retrouvons les mêmes immeubles, les mêmes petits carreaux au sol, les mêmes avenues rectilignes et un soleil toujours aussi brûlant, bien que l'après-midi soit déjà avancé. 30 minutes de marche le long de boulevards bruyants nous amènent à destination.
Qui dit nouvelle ville, dit nouvel appartement. Celui d'aujourd'hui nous déçoit un peu, trop sombre et trop bruyant. Certes, nous avons opté pour le moins cher, comme d'habitude. Sauf que cette fois-ci, les prix sont montés à cause du week-end de Pâques. Nous n'avons pas eu d'autre choix que de le prendre.
Nous sommes Samedi de Pâques, un jour très important pour les Grecs. Or en Grèce et plus généralement dans la tradition orthodoxe, une messe a lieu ce jour-là à minuit. Il s'agit de fêter la résurrection du Christ. Pris d'un élan de motivation et malgré la longue journée de train, je me rhabille vers 23h30 et me rends à la basilique Hagios Demetrios, située non loin de l'appartement. Plus je m'en approche, et plus je croise des personnes qui font le même trajet que moi. Tous tiennent un cierge blanc éteint à la main. En arrivant sur place, je constate qu'une grande foule est réunie sur le parvis de la basilique.
La messe a déjà commencé. Peu de temps avant minuit, le Pope sort accompagné d'une dizaine de prêtres. Tout en brandissant un imposant cierge allumé devant eux, ils traversent la foule et s'installent sur une estrade qui surplombe la place.
Minuit sonne et c'est à ce moment là que tout s'emballe. Les cloches retentissent tandis que le Pope annonce que le Christ est ressuscité. Les fidèles du premier rang se pressent vers lui pour allumer leur cierge, avant de se tourner pour allumer celui de leurs voisins et ainsi de suite. La place s'embrase de centaines de lumières, en à peine quelques minutes. Soudain, une première explosion retentit, puis une seconde et une troisième plus lointaine. Je sursaute avant de me rendre compte qu'il s'agit de feux d'artifices. Tout le monde y va du sien, on se croirait un 14 juillet en France.
Je finis par rentrer, très content de la soirée. Je ne regrette pas d'être sorti. Clémence dort toujours paisiblement, je lui raconterai mon escapade au réveil.
Thessalonique, Grèce le 24 avril 2022, Dimanche de Pâques
Nous restons plusieurs jours à Thessalonique, ce qui nous laisse le temps de nous imprégner de son histoire complexe et de ses richesses.
La fondation de Thessalonique remonte à plusieurs millénaires. Cassandre de Macédoine créa en effet la cité en 315 avant JC et la baptisa ainsi en l'honneur de son épouse Thessaloniké, fille de Philippe II de Macédoine et demi-soeur d'Alexandre le Grand.
Grâce à sa localisation au carrefour des routes terrestres et maritimes, Thessalonique devient un centre commercial important de l'Empire romain. Elle se situe d'ailleurs sur la voie égnatienne, la grande route commerciale transbalkanique que nous avons déjà croisée à Tirana en Albanie.
Son histoire est similaire aux autres villes de la région. Attaquée et pillée par les slaves et les sarrasins, elle tombe aux mains des Ottomans en 1420 (30 ans avant Constantinople), qui la renomment Salonique. Elle est enfin reconquise par les Grecs en 1912, presque 100 ans après Athènes.
Un peu déçus la veille par les immeubles qui bordent les boulevards rectilignes de la ville, nous avons hâte de voir à quoi elle ressemble vraiment. Nous commençons par nous rendre au bord de l'eau en passant par le marché et la place Aristote. Pour la petite histoire, Aristote était le précepteur d'Alexandre le Grand. L'ambiance estivale et l'architecture plus travaillée des bâtiments nous plaisent tout de suite, en particulier les voûtes néo-byzantines qui courent tout autour de la place. Elle est en quelque sorte le symbole de la renaissance de la ville après qu'elle ait été en grande partie détruite par un incendie en 1917.
Nous déambulons sur le front de mer, que nous décidons de longer sur quelques centaines de mètres. Tous les habitants de la ville semblent s'être donnés rendez-vous ici puisque les cafés qui bordent la promenade sont tous remplis. L'heure est au café Freddo, évidemment.
Plusieurs bateaux pirates transformés en bar sont amarrés au pied de la tour blanche. Ils nous proposent un tour sur l'eau d'une trentaine de minutes. Le principe, c'est que le tour est gratuit à condition de boire un verre, un peu surtaxé. Nous déclinons l'offre et rebroussons chemin pour rejoindre les anciens docks de l'autre côté de la baie, avant de finalement rentrer. La ville est grande et nous aurons bien marché aujourd'hui.
Thessalonique, Grèce le 25 avril 2022, Lundi de Pâques
Nous optons pour un tout autre quartier le lendemain. Thessalonique est en partie construite sur une colline, d'où on peut contempler d'un seul coup d'oeil son immense baie, gardée par le mont Olympe. C'est là que se trouve la vieille ville Ano Poli et le Kastra, qui ont tous deux conservé leur charme d'antan.
La montée est raide. Les rues, pavées et étroites, sont encadrées par des maisons sur plusieurs niveaux caractéristiques du style ottoman. Ce quartier est radicalement différent de celui où nous habitons. Il est plus vert, plus convivial et tentaculaire, loin du quadrillage de la ville moderne.
En ce lundi de Pâques, certains habitants préparent de longues tablées au soleil prêts à recevoir toute leur famille. Au hasard d'une ruelle, nous entrons dans le jardin d'une petite église orthodoxe particulièrement jolie. Nous dénichons juste à côté le meilleur café de la ville qui nous offre une pause salvatrice à l'ombre.
Nos pas nous amènent plus bas au pied de la Rotonde, un grand bâtiment circulaire, qui fut autrefois dédié à Zeus, avant d'être consacré en église orthodoxe et finalement transformé en mosquée. Tout près, le palais de l'empereur romain Galère et l'arc monumental à sa gloire nous intriguent. Ils ont tous deux subi les caprices du temps et certaines de leurs fresques sont effacées.
Avant de rentrer et de préparer nos sacs, nous nous octroyons un dernier repas grec, non loin du marché central. Il est 16h, mais en Grèce, cela ne pose de problème à personne de déjeuner si tardivement. Nous sommes d'ailleurs loin d'être les seuls. Au menu cet après-midi, des fines lamelles de boeuf façon kebab pour Clémence, du porc en sauce accompagné d'oignons et de citron pour moi et des frites et des courgettes fries pour nous deux.
C'est l'estomac bien rempli que nous rentrons à la maison pour notre dernier soir en Grèce.
Thessalonique, Grèce le 26 avril 2022
Sacs sur le dos, nous faisons étape au café Little Cup qui se trouve être sur notre trajet jusqu'à la gare ferroviaire. C'est là que notre minibus pour Skopje nous attend. Si comme nous tu n'en avais jamais entendu parler, Skopje est la capitale de la Macédoine du Nord, notre prochaine destination.
Loin des clichés, nous avons adoré la Grèce qui a su nous surprendre par ses paysages printaniers, ses montagnes enneigées et ses eaux turquoises. Nous avons changé notre vision froide et distante des Grecs qui se sont avérés adorables, toujours prêts à aider et à l'aise en anglais. Au niveau culinaire, nous ne pensions pas manger de si bonnes oranges, ni goûté une confiture de citron si douce. Le Pita Gyros végétarien d'Exarchia me fait encore saliver.
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Il est désormais l'heure pour nous de partir pour de nouvelles aventures dans les Balkans ! À bientôt en Macédoine du Nord.
Plus qu'un blog voyage, nous partageons nos péripéties au fur et à mesure de notre aventure comme on les vit, avec passion et sincérité. Si tu veux nous adresser quelques mots, tu peux nous contacter sur nos pages Instagram : Clémence et Adrien.