Journal de bord en Turquie 🇹🇷 : début d'été au bord de la mer Méditerranée
Ça y est, après 4 mois de voyage, nous arrivons au carrefour de l'Europe et de l'Asie. Les paysages changent, les couleurs aussi. L'Orient, cette contrée aux mille merveilles, nous ouvre ses bras. Le moment d'écrire un nouveau chapitre de notre périple est venu.
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Jours 140 à 144 🇹🇷 - Ambiance musicale sur le port de Fethiye
De Pamukkale à Fethiye, Turquie le 23 juin 2022
Le temps des aurevoirs est venu. Nos sacs sur le dos, nous quittons l'hôtel Dolfin de bon matin, prêts à affronter une longue journée de transport. Nos salutations à Camille sont précipitées par la venue soudaine du dolmus et c'est le coeur un peu triste que nous montons dans un petit car en direction de Fethiye.
Le car s'arrête dans un nombre incalculable de gares routières en pleine campagne, jusqu'à ce qu'on arrive enfin à destination vers 15h. Nous sommes quasiment les seuls à avoir fait tout le trajet, les autres voyageurs ont certainement privilégié un moyen de transport plus rapide.
C'est donc au moment le plus torride de la journée que nous débarquons à Fethiye. Or, une bonne demi-heure de marche sépare la gare routière de notre appartement, situé en plein coeur du centre-ville. La chaleur est insupportable. Jusque là il faisait chaud, même très chaud, mais il y avait toujours des points d'ombre ou un peu de vent pour nous rafraîchir. Ici l'air est suffocant. Il va falloir qu'on s'y habitue car cette région côtière est réputée comme étant la plus chaude de Turquie.
Après plusieurs péripéties pour trouver un Wi-Fi, notre seul moyen de communication, nous arrivons enfin chez Emre. En montant l'escalier qui mène à son appartement, nous sommes accueillis par Matcha, son chien tout noir, ainsi que par ses deux gros chats. Emre est un sacré personnage. Musicien de profession, il vit plutôt la nuit et semble bien profiter de l'ambiance festive de la ville. Pour compléter la troupe, deux australiennes logent dans la chambre voisine pour les deux prochaines nuits. Nous faisons rapidement leur connaissance avant de sortir aux alentours de 19h pour dîner dans une cantine qui nous a été recommandée.
Nommée Lezzet Lokantasi, cette cantine deviendra vite notre référence. Le menu est à composer entre entrée (soupe ou tsatziki), plat (une petite dizaine au choix chaque jour) et accompagnement (riz pilaf ou boulgour). Son prix unique de 25TL par personne (soit 1,38€) défie toute concurrence, surtout que la qualité est au rendez-vous. Nous adorons le principe, le lieu et la gentillesse des serveurs, si bien que nous y reviendrons presque tous les jours.
Notre balade nocturne nous amène sur le port à deux pas de l'appartement où s'alignent des navires touristiques proposant des excursions toutes similaires. Tournée vers la mer, Fethiye s'est développée autour d'un port naturel protégé par une immense presqu'île montagneuse. L'eau est si calme qu'une lagune s'est formée à l'entrée de la baie. La ville moderne s'étend par delà le port dans une petite plaine et la zone balnéaire est encore plus loin à près de 10 kilomètres le long de la mer. L'occasion nous est donnée ce soir d'apprécier la vie locale. Nous sommes charmés par la belle ambiance qui règne dans le centre historique entre concerts dans tous les bars, restaurants, courses poursuites de voiturettes et vendeurs de glace déjantés.
Fethiye, Turquie le 24 juin 2022
Motivés, nous nous levons assez tôt, mettons nos shorts et sortons nous balader en espérant qu'il ne fasse pas trop chaud. Sauf que visiblement, 9h n'est pas une heure assez matinale. Le thermomètre indique déjà 32 degrés.
Les rues sont désertes ou presque. Notre première rencontre possède quatre pattes, une carapace et se déplace un peu moins vite que nous. Tu as trouvé ? Et oui, c'est bien une tortue qui se promène avec nous sur le trottoir.
La matinée commence par la recherche des tombeaux lyciens. La ville et ses environs ont en effet fait partie de la Lycie, une petite province antique d'Asie Mineure antérieure aux Romains et aux Perses. Creusés dans la roche et datant du IVème siècle avant JC, les tombeaux sont le témoignage le plus visible de ce peuple passé.
Visiblement, ils devaient être grands les lyciens au vu de la taille de leurs marches. Le tombeau d'Amynthas est certainement le plus impressionnant de Fethiye (il en existe de nombreux autres dans la région). L'architecture de sa tombe fait penser à un temple grec avec de grandes colonnes imposantes, ornées à leur sommet et à leur pied. Autant la façade est majestueuse, autant l'intérieur de la tombe est assez petit et peu décoré.
Nous profitons d'avoir pris de la hauteur pour faire une belle boucle derrière le château et redescendre par l'amphithéâtre plus loin. La vue tout au long du parcours est à couper le souffle. Nous sommes sous le charme de ces paysages entre mer et montagne. Nous rentrons peu avant midi, littéralement trempés de sueur. Ce n'est pas glamour.
Nous ressortons quelques heures plus tard. En suivant à nouveau les conseils d'Emre, nous prenons un dolmus maritime pour rejoindre la plage la plus proche qui se situe à l'embouchure de la baie. La traversée est splendide. Après plusieurs détours afin d'éviter des bancs de sable, le bateau s'enfonce finalement dans la lagune où quelques pêcheurs sont affairés. Au prix d'un ticket de bus, ça vaut vraiment le coup.
Nous débarquons de notre ferry non loin de la plage de Çalis. Problème, il n'y a pas de cabine pour se changer. Nous y parvenons tant bien que mal, cachés derrière nos serviettes Décathlon, et profitons d'une baignade avec le coucher de soleil en toile de fond. L'instant est parfait.
Nous mettons ensuite pas moins de 1h30 pour rentrer jusqu'au centre-ville. Comme la veille, nous nous arrêtons à la cantine avant de rentrer, épuisés mais ravis.
Fethiye, Turquie le 25 juin 2022
Aujourd'hui, nous nous rendons à Kayaköy, kaya signifiant rocher, qui se situe à une dizaine de kilomètres au coeur de la presqu'île montagneuse de Fethiye. En plus de posséder un cadre idyllique, ce village a la particularité d'avoir été en grande partie abandonné.
Kayaköy compte 3500 maisons qui étaient, à l'origine, habitées par des Grecs d'Asie Mineure. En 1923, suite à l'échange de populations entre la Grèce et la Turquie, ses 25 000 habitants furent forcés de partir. Or, les Turcs venant de Grèce n'ont jamais voulu s'y implanter et le village devint un village fantôme. De nos jours, seuls les rez-de-chaussée en pierre sont encore debout et offrent un décor saisissant. En parcourant ses ruelles, nous nous imaginons aisément les étages en bois et la vie que les gens devaient avoir ici. C'est hallucinant de découvrir un si grand village fantôme. Nous ne sommes pas prêts d'oublier notre visite.
Sur le retour, nous nous arrêtons au bord de la plage d'Ölüdeniz pour faire une sieste et manger un bout. Si tu as l'intention de venir, ne fais pas comme nous, prévois un pique-nique car les prix sont hallucinants. La plage est néanmoins magnifique entre sable blanc et parapentes.
Notre soirée ressemble aux précédentes entre cantine et bar avec musique live. Sauf que cette fois-ci, Emre est de la partie. Il est accompagné de son cousin venu d'Istanbul, mais aussi de Matcha. Véritable mascotte du bar, tout le monde semble la connaître et y va d'un petit geste affectueux en la croisant. Nous rencontrons au passage le bassiste du groupe de musique d'Emre, qui parle un peu français.
Encore un beau moment en Turquie.
Fethiye, Turquie le 26 juin 2022
Aujourd'hui, nous avons du mal à émerger. Fethiye nous plaît, la chambre est libre, alors nous décidons de rester ici une nuit de plus. Néanmoins, la chaleur qui ne fait que s'intensifier réduit inexorablement nos nuits et la fatigue se fait de plus en plus sentir.
Une surprise nous attend sur la banquette du salon. Le meilleur ami de Matcha a décidé de passer la nuit tout confort. La scène est étonnante, mais après tout pourquoi pas.
Cette dernière journée ressemble à un véritable dimanche : repos, préparation de notre trajet, de nos prochaines destinations et balade en fin de journée. Il faut savoir s'accorder des moments de pause, même si ce n'est pas toujours facile car il y a tant à voir et à faire. C'est probablement la meilleure manière de mener à bien un si long voyage.
Au final, Fethiye se classe parmi les villes où nous pourrions habiter, peut-être même en première place. Un peu comme Split, elle possède le charme de l'ancien entre ses tombeaux lyciens et son vieux bazar. Il faut seulement éviter la saison chaude.
Jours 144 à 146 🇹🇷 - Kas et ses jolies plages
Kas, Turquie le 27 juin 2022
De la gare routière de Fethiye, nous prenons un bus direct jusqu'à Kas (à prononcer Kash). La route, sinueuse, coupe d'abord à travers les montagnes et ne rejoint la côte qu'au niveau de Kalkan. Les paysages côtiers sont époustouflants de beauté. Les falaises plongent à pic dans la mer qui est d'un bleu sans pareil et les rares plages abritent une foule de vacanciers bien protégés par leur parasol. Ils ont bien raison de profiter d'un tel cadre.
Le bus nous amène directement au coeur de Kas. Plus qu'ailleurs, notre passage ici sera synonyme de belles rencontres. Nous rejoignons dans un premier temps notre petite maison à l'ombre des oliviers à deux pas du centre-ville. Selver, une turco-allemande, nous accueille chez elle avec deux cafés. La grande terrasse est très agréable et la maison, ancienne, est relativement fraîche. C'est le genre de lieu où on se sent bien. Le premier constat, c'est que les chambres sont exposées au sud et abritées du soleil. Nous faisons rapidement la connaissance de Betül et Melih, nos voisins de chambre en descendant boire un café. Ils ne parlent pas très bien anglais, mais leurs sourires sont communicatifs.
Non loin de notre maison se trouvent plusieurs plages accessibles à pied. 17h nous semble être une heure idéale pour nous y rendre. De très beaux bougainvilliers en fleur bordent l'unique route qui mène au bout de la presqu'île de Kas. Leur couleur violette se marie parfaitement avec les reflets bleutés de la mer. Le paysage est enchanteur.
À peine 5 kilomètres nous séparent de l'île grecque la plus proche des côtes turques. Sujette à plusieurs controverses géopolitiques, les habitants du coin semblent plutôt profiter de cette manne touristique en proposant des croisières.
Notre quête nous amène après une vingtaine de minutes à une première plage de galets. Nous décidons de ne pas aller plus loin et étendons nos serviettes. Sans chaussures d'eau, entrer dans la mer s'avère douloureux pour les pieds. Quelle dure vie !
De retour à la maison, nous nous mettons à la recherche d'un restaurant simple et abordable pour dîner. Kas est une ville très animée à cette saison, il y a énormément de monde dans les rues. Comme souvent dans les lieux touristiques, nous retrouvons des vendeurs de glace en plein spectacle et des rabatteurs devant chaque bar et restaurant. On commence à s'habituer à ce manège. Nous optons finalement pour un succulent hamburger, cela fait longtemps que nous n'en avons pas mangé et surtout pas d'aussi bon. Après une bonne bière pression, nous remontons à la maison. Et oui, Kas n'est pas une ville plate et nous habitons plutôt en hauteur par rapport au port.
Kas, Turquie le 28 juin 2022
En nous levant, nous prévoyons le déroulé de la journée. La matinée sera consacrée à de l'écriture et l'après-midi à de la détente. Nous souhaitons découvrir d'autres plages des alentours. C'est sans compter sur nos nouveaux amis qui vont nous faire reconsidérer une partie de nos plans.
Nos petits déjeuners sont plutôt simples, un café accompagné de quelques gâteaux et des fruits. Pour Betül et Melih, c'est une autre histoire. Salade de concombres et de tomates, olives, fromage, fruits, saucisse grillée à la poêle et oeufs, la liste est impressionnante et justement, Melih me propose de goûter la fameuse saucisse. J'appelle Clémence qui travaille en haut et nous nous retrouvons tous les quatre à manger et boire sur la terrasse. Ce moment d'échange, bien aidé par Google Traduction, s'étire jusqu'à l'après-midi. Oublié le travail sur ce blog voyage.
Nous discutons de tout et de rien, leur racontons notre voyage et apprenons à les connaître. Très littéraires, Betül et Melih se sont rencontrés dans un musée d'Istanbul lors d'une exposition. Si cela s'était produit à Paris, nous aurions eu là le scénario rêvé d'un film typiquement parisien. D'autant plus que Melih est un lecteur assidu de littérature française, il en connaît plus que nous.
Nous décidons vite de passer le reste de la journée ensemble en nous rendant à la plage du camping voisin. Nous contournons pour cela l'amphithéâtre où Betül pratique des cours de yoga chaque matin. Rien de tel pour se mettre en forme.
Les petits sentiers nous amènent vite à destination. La plage s'avère payante (5€ chacun). Cela nous étonne, nous n'avons pas pour habitude de sortir le porte-monnaie pour nous baigner dans la mer. Néanmoins, pour le prix, des chaises-longues et des parasols sont à disposition. La plage n'a rien d'une plage selon nos critères. Il s'agit plutôt d'un accès à la mer bien aménagé, le littoral étant bordé de nombreux rochers. Au moins, nous ne sortons pas de là couverts de sable, seulement de sel et profitons de la tranquillité des lieux. Tandis que Betül s'essaye à quelques postures de yoga, Melih nous surprend en ramenant une grosse assiette de frites. De quoi nous mettre en appétit.
Ce soir, nous dînons à la maison avant de rejoindre nos deux amis en ville. Sauf qu'ils ne sont pas seuls. Ils débarquent en compagnie de Handan et Kayahan, stambouliotes eux aussi, qu'ils viennent tout juste de rencontrer. Nous passons la soirée à discuter et à rigoler, nos quatre nouveaux amis font même l'effort de ne parler qu'anglais entre eux pour qu'on se sente inclus. C'est un très bon moment dont on se souviendra longtemps.
Kas, Turquie le 29 juin 2022
Dernier jour à Kas et nous n'avons pas encore parlé des chatons qui ont illuminé notre séjour. En effet, un couple de chats et leurs quatre chatons ont élu domicile depuis deux mois chez Selver. Lorsqu'ils pointent le bout de leur museau, impossible de résister à autant de mignonnerie, même Clémence est sous le charme. Ils vont me manquer eux aussi.
L'heure des aurevoirs a sonné, le voyage continue. Betül et Melih restent encore une dizaine de jours ici avant de rentrer à Istanbul. Ils comptent bien profiter pleinement de leurs vacances annuelles. Nous nous souhaitons le meilleur en promettant de garder contact. J'espère que nous nous reverrons chez eux ou ailleurs. Qui sait ?
Jours 146 à 149 🇹🇷 - Çirali et Olympos, les villes hippies
Cirali, Turquie le 29 juin 2022
Arrivés à la gare routière de Kas (celle du centre-ville), nous achetons nos tickets de bus et attendons le départ. Nous patientons en observant le va et vient permanent de touristes et de locaux, en particulier cette dame et son petit chien joueur. Nos instructions du jour sont claires : nous devons d'abord demander à notre chauffeur de nous arrêter au croisement entre l'autoroute et le village de Cirali, notre destination (à prononcer Chirali). Un dolmus nous attendra alors pour nous amener jusqu'à la côte et plus particulièrement chez Demet, la prof d'anglais.
Sauf qu'arrivés au croisement, nous sommes seuls. Enfin presque. Le chauffeur du dolmus nous accueille avec deux bonnes oranges, histoire de nous faire patienter jusqu'au départ. Nous en profitons pour déjeuner sous la grande toile tendue près des minibus. Nous attendons une bonne quarantaine de minutes que d'autres passagers nous rejoignent. Une fois le dolmus plein, nous pouvons partir. Cet arrêt de bus est probablement le plus tranquille jamais connu !
La descente vers Cirali est sinueuse, belle et luxuriante. Les paysages arrivent encore à nous surprendre. Nous dépassons le petit centre-ville, longeons les 4 kilomètres de plage avant d'atteindre la Friends Pension & Camping.
Demet nous accueille dans son grand jardin où se mêlent tentes, hamac et salon de jardin, le tout à l'abri du soleil sous de nombreux arbres fruitiers. Les chambres, au nombre de six, constituent une longère à l'ombre des vignes environnantes. Demet est une ancienne professeure d'anglais d'Antalya. Elle s'est installée à Cirali il y a 7 ans. Nous profitons de son jardin et dégustons un succulent marbré vanille chocolat maison qu'elle nous a gentiment proposé. Cette arrivée à Cirali nous fait le plus grand bien.
Cirali, Turquie le 30 juin 2022
Chez Demet, le petit-déjeuner est inclus et les commentaires le décrivent comme succulent. Confitures, olives, cheese cake maison, fromage (très bon), charcuterie, omelette, sa réputation vaut clairement ses éloges. Il concilie parfaitement quantité et qualité. Sauf qu'on finit le petit déjeuner bons derniers sur les coups de 11h et que la chaleur s'intensifie.
On décide d'aller se promener le long de la plage et dans le village de Cirali. Malheureusement au bout d'une heure, je ne tiens plus. La chaleur est écrasante et ne nous permet pas de rester dehors au plus fort de la journée. Nous décidons d'abréger notre sortie pour profiter davantage de la soirée.
En fin de journée, nous quittons notre petit oasis et prenons la direction opposée à la ville. En effet, Adrien a repéré une activité peu commune qui fait la réputation des lieux à la nuit tombée. Après vingt minutes de marche, nous arrivons au pied du site de Yanartas aussi appelé Chimera vers 19h. On s'acquitte des 16 TL chacun (un peu moins d'1€ en juin 2022) et commençons la grimpette. Le soleil est caché derrière la montagne et l'ascension est moins éprouvante que prévu. Nous croisons pas mal de touristes dans le sens inverse, en tongs alors que le chemin de pierres est assez glissant. Les nombreuses marches à escalader nous rappellent d'ailleurs la montée au tombeau lycien d'Amynthas, décidément ils devaient vraiment être grands dans le passé.
Soudain, on commence à apercevoir au loin des petites flammes qui s'échappent de la roche, les fameuses chimères. Causées par des émissions naturelles de méthane et de dihydrogène, ces flammes surgissent des roches sans jamais s'arrêter. Le moment est assez particulier. Le jour est en train de disparaître et la vue sur la mer en contrebas est époustouflante. Nos voisins, un peu plus terre à terre, font griller oeufs, saucisses et chamallows au dessus des flammes. Normal.
Le mont Chimère est connu pour ses phénomènes de gaz combustibles dits feux millénaires. Il fait écho au mythe de la chimère, un monstre capable de cracher du feu. Entre mythe et réalité, nous apprécions encore plus cet endroit lorsque la nuit devient totalement noire. Tout le monde se regroupe autour des différentes flammes. Certains chantent et jouent de la guitare, d'autres dégustent des chamallows.
L'ambiance est féérique et nous invite à philosopher. Nous ne voyons pas les heures passer, surtout qu'il fait bien frais là-haut. Sous les coups de 22h, nous décidons de redescendre armés de notre lampe torche, outil indispensable à tout voyageur.
Nous retrouvons Demet, installée dans son jardin. À notre arrivée, elle disparaît dans la cuisine et revient quelques instants plus tard avec trois verres à pied et une bouteille de vin rouge. Nous dégustons alors notre tout premier verre de vin turc. Il vient de Denizli, la ville jouxtant Pamukkale où nous étions quelques jours auparavant. Le vin est bon, même très bon ce qui nous surprend ! Comme d'habitude en tant que français, nous sentons que notre avis est pris très au sérieux. On nous regarde toujours du coin de l'oeil dès la première gorgée, ce qui est facile quand le vin est bon. Mais que dire quand Demet ajoute deux carrés de sucre dans son verre ?
Cirali, Turquie le 1er juillet 2022
Aujourd'hui, nous ne faisons pas la même erreur qu'hier ! Nous avons mis le réveil aux aurores afin de nous rendre le plus tôt possible à la plage. Quel bonheur de nager sans que le soleil ne te tombe sur la tête. Enfin en tout cas moi, j'apprécie le moment.
Pour Adrien, il est un peu trop tôt. Il m'abandonne pour aller faire quelques plans drone tout au bout de la plage.
Nous rentrons vers 9h alors qu'il fait déjà bien trop chaud. Le petit-déjeuner gargantuesque de Demet nous attend d'ailleurs ! Nos estomacs l'accueillent avec d'autant plus de plaisir que notre matinée est déjà bien entamée. Aussi bon et copieux que la veille, nous nous régalons.
Vers 18h, nous empruntons deux vélos mis à disposition par notre hôte. C'est la première fois en cinq mois de voyage que nous nous remettons en selle. Nous retrouvons la sensation fort agréable de sentir de l'air sur nous à chaque tour de pédale, d'autant plus que nous avalons les kilomètres plus rapidement qu'à pied.
Il faut l'avouer, nos vélos sont d'une autre époque et pas très bien entretenus. Le mien roule assez vite, mais la pédale gauche est montée de traviole et envoie mon pied gauche dans la roue de manière quasi systématique. Le vélo d'Adrien semble plutôt correspondre à celui d'un enfant de 12 ans et les vitesses ne passent pas. Pour une fois, c'est lui qui est à la traîne derrière. Honnêtement, ça fait plaisir de jouer le rôle du maillot jaune et non de la voiture balais.
Nous arrivons au pied du site d'Olympos une bonne demi-heure plus tard. Pas d'antivol ici, on repère un petit café et on demande au serveur de veiller sur nos deux précieuses montures. Il accepte, la gentillesse turque.
Olympos fut l'une des six villes principales de la ligue Lycienne. De la ville fondée entre les IVème et IIIème siècles avant JC, il ne reste que des ruines recouvertes par la végétation. Il est déjà tard et nous n'avons pas le temps de l'explorer. La plage nous attire, d'autant plus qu'elle semble animée par une colonie de hippies. Boléros et sono sont au rendez-vous.
Alors que je profite de l'ambiance, Adrien opte quant à lui pour un petit tour dans la jungle. Il a repéré sur sa carte une tour génoise abandonnée. D'après ce qu'il me raconte, sa petite exploration est digne d'un Indiana Jones tant les sentiers sont cachés dans les broussailles. Son arrivée au sommet est saluée par les derniers rayons du soleil.
Cirali, Turquie le 02 juillet 2022
Dernier jour chez Demet et dernier petit-déjeuner. Nous serions bien restés plus longtemps, mais pour une fois c'est bien le prix qui nous fait partir. La haute saison a commencé en Turquie et Cirali est un lieu touristique très prisé. On le ressent sur le budget.
Nous la remercions chaleureusement pour cette très belle parenthèse loin des villes. Nous montons dans le dolmus direction le croisement de l'autoroute. Encore bien installés dans un dolmus plein à craquer, nous apercevons le bus pour Antalya au loin. Ni une ni deux, Adrien se charge de nos deux gros sacs et je monte dans le bus la première. Je réussis à réserver les deux dernières places assises. Ouf.
Jours 149 à 152 🇹🇷 - Antalya et sa vieille ville à couper le souffle
Antalya, Turquie le 02 juillet 2022
La route entre Cirali et Antalya est directe. Une fois n'est pas coutume, nous arrivons plus tôt que prévu. Nous nous rendons alors compte que le trajet pris par le chauffeur s'approche de notre futur logement, avant de s'en éloigner pour rejoindre la gare routière. Nous décidons donc de descendre plus tôt et d'attraper un tram pour gagner du temps. Ce choix effectué en trois secondes n'est peut-être pas idéal dans cette énorme ville inconnue. Surtout qu'on voyage sans 4G sur notre téléphone.
La ligne de tramway sur laquelle nous sommes prend la direction du front de mer. Nous l'empruntons jusqu'à l'arrêt müze, le terminus. Beaucoup de mots turcs sont proches du français, ce qui nous aide à nous repérer et à nous faire comprendre. Il nous reste encore quelques kilomètres pour nous rendre jusqu'à notre logement, un peu trop pour le faire à pied. Alors que nous cherchons un nouveau moyen de transport, nous repérons un autre tramway de l'autre côté de la route, bien différent du premier. En consultant son trajet, nous découvrons par miracle qu'il peut nous amener à quelques mètres de chez nous. Ni une ni deux, nous montons à bord. Sans le savoir, nous avons pris place dans le vieux tram touristique de la ville. Une belle entrée en matière.
Nous arrivons à notre appartement. Comme dirait Stéphane Plaza L'emplacement, l'emplacement, l'emplacement ! Cependant, malgré une situation idéale, l'appartement s'avère être un vrai sauna branché sur la température maximale. Nous l'avons réservé pour quatre nuits, ça va être bien long.
Nous ressortons vers 20h. Le parc Karaalioglu, situé à quelques rues de chez nous, nous offre un coucher de soleil splendide. Au loin, les montagnes se dessinent derrière un voile bleuté qui vire petit à petit à l'orange.
Nous poursuivons notre route jusqu'à la vieille ville en longeant les falaises qui bordent la mer. Le cadre est là aussi splendide. Nous sommes éblouis par le centre-ville historique à l'architecture remarquable. Ses ruelles et ses bâtisses sont plus belles les unes que les autres. On comprend fort bien que plus aucun habitant ne vit ici. Leurs maisons ont laissé place à des restaurants et des hôtels.
Nous nous arrêtons dans une cantine, de poisson cette fois-ci. Miam. Il était temps de déguster nos toutes premières moules locales, appelées midyes. Leur particularité est d'avoir été farcies avec du riz.
La soirée se termine en beauté au pied de la porte d'Hadrien. Je crois que je me répète, mais on est loin des stéréotypes négatifs que nous avions sur Antalya. La ville est belle, très belle !
Antalya, Turquie le 03 juillet 2022
La nuit fut compliquée. Très compliquée. Nous émergeons tant bien que mal pour aller nous balader avant que la chaleur soit intolérable. En ce moment le ressenti dépasse les 45 degrés en journée, ce n'est pas évident. Malheureusement, ce voyage au long cours ne nous permet pas toujours d'être dans chaque pays à la meilleure saison, alors on s'adapte comme on peut. La balade est belle, nous longeons les falaises de la ville dans l'autre sens cette fois-ci. Le temps clair du matin nous permet de mieux apprécier la grandeur des montagnes de l'autre côté de la baie.
Les familles sont de sortie en ce dimanche matin. Équipés de leur glacière, de leur nappe et de leurs couverts, parents et enfants se sont installés de bonne heure à l'ombre des arbres. Pique-niquer pour le petit-déjeuner, je l'avoue, je ne l'ai jamais fait. L'idée est quand même tentante, il faudra motiver Adrien. En revenant sur nos pas, nous atteignons le parc qui nous avait bien plu la veille. Nous dégustons un excellent jus pressé frais à la terrasse d'un café extérieur.
Nous rentrons ensuite avant qu'il ne fasse trop chaud dehors. À savoir qu'il y a une clim dans notre sauna surchauffé, sauf que nous n'en avons pas la télécommande. Nous l'avons demandée à notre hôte hier et elle ne nous a pas répondu.
Est-ce qu'Adrien a réussi à trouver le guide d'utilisation de la clim sur internet ? Bien sûr. Est-ce qu'il est possible de la démonter afin de trouver le bouton caché qui permet de l'allumer quand même ? Et oui ! Mon sauveur. Nous ne pouvons pas régler la température mais au moins, notre saunappartement est devenu un peu plus supportable. Miracle.
Nous ressortons une fois le soleil plus timide et reprenons notre balade là où nous l'avions laissée ce matin. Nous longeons le port, découvrons le bazar et la place centrale et dînons dans un restaurant de raviolis russe. Les habitants d'Antalya semblent eux aussi commencer leur journée à la nuit tombée. On les comprend aisément.
Antalya, Turquie le 04 juillet 2022
Grâce à notre clim, la nuit fut un peu meilleure. Nous traînons au lit avant de nous rendre dans un café, climatisé lui aussi. Honnêtement, nos quatre jours à Antalya ne ressemblent en rien au reste de notre voyage. Nous avons fait le choix de ne pas aller visiter les alentours. La chaleur nous assomme, c'en est trop pour nous, enfin surtout pour moi. Nous reviendrons très certainement un jour dans cette jolie région afin de l'explorer de fond en comble. Pour l'heure, nous savourons un thé glacé maison et un café frappé dans un café-librairie, où les chats atteignent les convives.
Le soir venu, nous nous dirigeons à nouveau vers la porte d'Hadrien. Nous avons rendez-vous à 19h avec Bayram. Dennisse, notre amie colombienne rencontrée à Izmir, nous a recommandé de visiter la ville avec lui. Turc, architecte et habitant Antalya depuis plus de dix ans, il nous emmène à travers la vieille ville d'Antalya pour une visite passionnante au soleil couchant. Nous sommes accompagnés d'un couple d'allemands, Maren et Gerrit, en voyage en van depuis 2 mois et demi et par deux Biélorusses, une jeune fille et sa maman.
La visite est très chouette et très instructive. C'est toujours très intéressant de découvrir une ville par ses propres yeux et de la (re)découvrir à travers le regard d'un local. Son point de vue est particulièrement passionnant, mêlant architecture et histoire. Les antalyais ont su conserver l'héritage romain, seldjouk et ottoman au fil des siècles et des différentes conquêtes. Ainsi, la plupart des églises ont été conservées et transformées en mosquées. Il n'est pas rare non plus de trouver des motifs distinctifs des deux époques sur les façades des bâtiments. La porte d'Hadrien est à ce titre un exemple frappant de préservation. Plutôt que d'être détruite, elle a été emmurée pendant des siècles et redécouverte quand les murs se sont effondrés suite à un tremblement de terre au siècle dernier.
Ce qui est génial aussi lors des free walking tours, c'est qu'ils réunissent bien souvent des gens qu'on n'aurait jamais rencontré autrement. À la fin du tour, nous sommes allés boire des bières avec le couple d'allemands. Comme disent souvent les voyageurs et sans aucune prétention, nous avons passé la soirée à refaire le monde avec des gens qui nous étaient inconnus quatre heures plus tôt. Nous nous quittons une fois la nuit bien avancée. Ayant rapidement accroché tous les quatre, nous promettons de nous revoir dans quelques jours sur la route.
Antalya, Turquie le 05 juillet 2022
Une des adresses mentionnées par Bayram n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Nous nous levons d'un bon pied pour nous rendre au Varuna Gezgin, qui propose un fabuleux petit-déjeuner à la turque.
Juste avant de partir, je manque de faire une crise cardiaque en tombant nez à nez avec William, notre nouveau voisin de chambre italien arrivé la veille. Nous papotons plusieurs minutes dans la cuisine, avec la chaleur de l'appartement comme principal sujet de discussion. Nous décidons de nous retrouver dans l'après-midi pour aller à la plage ensemble.
La plage d'Antalya se trouve au delà des falaises et s'étend sur près de 9 kilomètres. Nous nous y rendons comme prévu avec William en empruntant le tramway touristique. William est hyper sympathique. Ni touriste, ni totalement voyageur, il est venu à Antalya afin de suivre une formation en sociologie. Avec lui nous avons pas mal parlé des similarités linguistiques entre l'italien et le français. Après plusieurs mois de voyage loin de la maison, on se rend compte à quel point tous les pays européens sont proches.
Le soir venu, nous commandons une fameuse Kumpir, une pomme de terre farcie de tous les ingrédients que l'on souhaite. Nous choisissons évidemment de la remplir de fromage et de crème fraîche, un délice.
Antalya, Turquie le 06 juillet 2022
L'heure est venue de quitter Antalya et avec elle la mer Méditerranée. En y pensant bien, nous la longeons de près ou de loin depuis le début de notre voyage en Italie. Véritable fil rouge de notre périple jusqu'à présent, nous arrivons tout près de sa limite est.
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Des paysages bien différents nous attendent au coeur de l'Anatolie, à commencer par la très spirituelle ville de Konya. Prêts ?
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