Journal de bord en Bulgarie 🇧🇬
Nos quelques jours en Serbie nous ont enchantés. Nous aurions aimé passer plus de temps dans le pays afin de s'imprégner un peu plus de sa culture et découvrir ses beaux paysages. Sauf qu'un colis spécial nous attend à Sofia en Bulgarie dans deux jours. Nous voilà donc à faire du stop un dimanche matin en direction de la frontière bulgare. Allons-nous arriver à temps ?
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Jours 108 à 113 🇧🇬 - Une arrivée en fanfare à Sofia
De Pirot, Serbie à Sofia, Bulgarie le 22 mai 2022
9h, nous quittons notre superbe appartement serbe et harnachons nos gros sacs à dos, prêts à faire quelques kilomètres à pied. Combien ? Aucune idée. On n'espère pas trop quand même.
Le plan idéal de ce matin est de trouver une voiture qui nous amène jusqu'à Sofia. C'est plutôt très ambitieux. À défaut, aller jusqu'à la frontière sera un bon début. En parcourant quelques centaines de mètres sur la route principale de Pirot, on se rend compte que ce ne sera pas si facile. Nous sommes dimanche matin et on ne croise que des petits vieux allant faire leurs courses. On décide donc de quitter la ville en marchant et en levant notre pouce dès qu'une voiture vient vers nous. Cette technique ne porte pas du tout ses fruits. On s'y attendait un peu, mais sait-on jamais.
Au bout de 6 kilomètres, on atteint enfin la sortie de la ville, transpirants. On décide de lâcher nos gros sacs à dos et de tenter le stop chacun notre tour, l'autre attendant à quelques mètres. Malheureusement, les Serbes ne semblent pas s'intéresser à nous. Les nombreux taxis passant à quelques mètres n'aident certainement pas. Après vingt minutes infructueuses, seul un petit papy s'est arrêté. Pas de chance, il se rendait juste au village voisin. On décline donc avant de changer d'endroit et de technique.
Adrien décide de se poster à l'entrée de l'autoroute au niveau du péage, tandis que je me positionne dans le même sens mais sur la route secondaire. Nous ne sommes pas encore très habitués à l'auto-stop. Il est difficile d'encaisser les nombreux refus, de trouver l'emplacement parfait et surtout de gérer notre patience.
Je dépose mon sac contre une pancarte. Deux voitures arrivent vers moi. Je fais mon plus grand sourire, comme les... 70 dernières fois. On s'est dit avant de commencer qu'il suffit d'une seule voiture pour y arriver, alors on décide de croire en notre bonne étoile. Les deux voitures me dépassent à vive allure. Dommage. Je crie à Adrien que je ne suis certainement pas à un bon emplacement et que je vais marcher encore un petit peu.
Pendant ce temps, la deuxième voiture a commencé à faire marche arrière. Quand je m'en aperçois, je cours à leur niveau, trop contente. Ils parlent anglais et viennent de République Tchèque. Ils me demandent où je vais, je leur donne ma direction et leur demande de m'avancer autant qu'ils peuvent. Sofia n'est malheureusement pas sur leur route. Zut. Mais au lieu de repartir, ils prennent le temps de regarder avec moi la distance vers la prochaine ville et acceptent de faire un détour pour me déposer ! Ouf. Une fois qu'on a bien discutés et que je vois qu'ils sont d'accord pour m'emmener, je leur explique que nous sommes deux. Aucun problème, on se serrera à l'arrière.
Nous voilà donc installés et tranquilles pour les 20 prochains kilomètres. Direction Dimitrovgrad. Cette ville ne nous est pas totalement inconnue. En cherchant sur Google hier soir, Adrien a vu qu'une ligne de train y passe. On a donc un minime espoir d'y trouver un train nous aidant à franchir la frontière serbo-bulgare. Nos conducteurs nous déposent à la gare de la petite ville. Ils sont hyper sympathiques. On regrette de ne pas passer plus de temps en leur compagnie et on les remercie chaleureusement.
La gare de Dimitrovgrad est déserte. Pas de guichetier, pas de train, personne. On perd un peu espoir, jusqu'à ce qu'on entende des voix au fin fond d'un bureau. On s'y rend et on demande si un train pour Sofia circule bien aujourd'hui. Personne ne parle anglais mais grâce au langage des signes et au traducteur du téléphone, on comprend qu'il y en a bien un et qu'il part en fin de matinée ! Rassurés et avec une bonne heure d'avance sur l'horaire de départ, nous profitons de cette petite gare et de nos derniers instants en Serbie.
Le train bulgare arrive et nous montons à son bord, absolument seuls. La douane serbe contrôle nos cartes d'identité. Nous partons à l'heure et arrivons, 6 kilomètres plus loin, à la frontière. Les douaniers bulgares montent et contrôlent à leur tour nos cartes d'identité. Puis nous mettons pas moins de 40 minutes à repartir. Pourquoi ? Aucune idée. Il fait tellement chaud qu'on s'endort Adrien et moi. On se réveille dans un état comateux au moment où nous repartons enfin.
Nous arrivons à Sofia 2h plus tard. Cela nous aura pris 3h en tout pour faire 60 kilomètres. Le ratio n'est... pas si mal ! Après un peu de marche, nous arrivons dans notre chambre vers 15h30. Partis à 9h (heure serbe), nous aurons donc mis 5h30 pour parcourir 8,5 kilomètres à pied, 20 en voiture et 60 en train. Mais peu importe, nous sommes bien arrivés et c'est le principal. Nous trouvons un bon restaurant pour fêter notre première soirée en Bulgarie.
Sofia, Bulgarie le 23 mai 2022
Le programme de notre première journée bulgare est chargé et son scénario va s'avérer chaotique.
Il s'agit tout d'abord de changer d'appartement. Nous voilà à traverser le centre-ville les sacs sur le dos. Sofia nous rappelle beaucoup les villes d'Europe de l'est avec ses grands boulevards bordés de bâtiments aux dimensions imposantes. Seuls les passages souterrains sous les grands axes nous déconcertent et nous oublions même parfois de les emprunter.
Pour la suite, j'attends (Adrien) un message de mes parents, Christine et Bruno. Et oui, ils ont décidé de nous rejoindre pour quelques jours, on a hâte de les retrouver. La Bulgarie est notre dernier pays d'Europe avant un bon moment, et surtout, elle fait partie de l'Union Européenne. Mes parents n'ont pas de passeport et ne parlent que quelques mots d'anglais, ça semble être la destination parfaite.
Sauf que les galères commencent. Leur vol depuis l'aéroport de Bâle-Mulhouse est en retard de 3h, ils se sont levés tôt pour rien. Cela nous laisse néanmoins le temps de prendre le métro pour aller les accueillir en personne. Nous arrivons vers 16h à l'aéroport et attendons de longues minutes dans le hall du terminal 1. Les passagers du vol, faciles à reconnaître car parlant allemand, sortent tour à tour et passent devant nous. L'heure tourne, nous sommes les derniers à attendre. Vers 16h20, je reçois enfin un appel de ma maman.
« Ils ont pris la carte d'identité de ton papa, l'ont emmené pour le prendre en photo et ne veulent pas qu'il entre en Bulgarie. »
Inquiet, je lui demande comment je peux les aider. Elle me passe alors la douanière qui m'explique en anglais que la carte d'identité de mon papa n'est pas en règle et qu'ils ne peuvent donc pas le laisser entrer en Bulgarie. Il a pourtant pu passer la frontière franco-suisse au départ. Que se passe-t-il ?
Après enquête auprès de mes parents, je comprends que la douanière a raison et qu'il voyage effectivement en situation irrégulière. Il y a quelques années, mon papa a perdu sa carte d'identité dans le cadre de son travail. Il s'est rendu au commissariat pour déclarer cette perte et pouvoir en refaire une nouvelle. Entre temps, l'ancienne lui a été retournée par la poste. Puis, il a perdu la nouvelle. Plutôt que de déclarer une seconde perte, il a préféré continuer d'utiliser celle qu'il venait de retrouver (l'ancienne). Le problème lorsqu'on déclare une perte de carte, c'est qu'elle est inscrite dans le fichier européen des documents perdus ou volés. Ce n'est généralement pas gênant dans l'espace Schengen, sauf que la Bulgarie n'en fait pas encore partie. Le voilà donc soupçonné d'avoir tenté d'usurper l'identité du vrai Bruno. Quelle idée !
Sachant cela, nous nous demandons comment éviter le pire, à savoir rester bloqué une ou plusieurs nuits à l'aéroport en attendant d'être expulsé du territoire bulgare par le prochain avion. Christine et Bruno font alors la rencontre d'étudiants algériens en Roumanie, qui se trouvent être dans la même situation qu'eux. Cela fait 5 jours qu'ils sont coincés là. Je trouve ça incroyable de laisser des personnes là aussi longtemps, d'autant plus qu'ils sont résidents d'un autre pays d'Europe. Ces jeunes expliquent à mes parents que, la veille, un français a lui aussi été bloqué par la douane bulgare, avant d'être sorti d'affaire par l'ambassade de France.
Nous contactons donc d'urgence l'ambassade de France en Bulgarie. Il est 17h01 et elle est supposée fermer à 17h. Dans leur malheur, mes parents sont chanceux puisqu'un conseiller leur répond. Il nous charge de réunir les documents suivants : une photocopie de sa carte d'identité, sa photo, ainsi que quelques informations personnelles comme sa taille, la couleur de ses yeux et son adresse. Ils serviront à établir un laissez-passer temporaire, une sorte de passeport lui permettant de rentrer en France. Il coûte 55€, mais c'est un moindre mal. Ma petite soeur Camille, que nous venons de mettre au courant, retrouve sur l'ordinateur familial les documents nécessaires.
Nous ne savons toujours pas si mon papa pourra fouler le sol bulgare. Ils doivent nous rappeler dans la soirée car demain est un jour férié. Dans le même temps, ma maman nous rejoint, ne pouvant rien faire de plus. Nous prenons tous les trois le chemin de l'appartement.
Mon papa reçoit un appel du consul vers 18h. Il va venir en personne lui délivrer le laissez-passer. C'est un grand soulagement. Je fais demi-tour pour aller le chercher, me trompe de ligne, loupe la navette gratuite à une minute près mais arrive finalement à destination.
La journée fut épique. Nous n'imaginions pas, en nous levant ce matin, que mes parents mettraient plus de temps que nous à arriver à Sofia. La situation fut ubuesque, mais comme on dit, tout est bien qui finit bien. Moralité, il faut toujours voyager avec des documents d'identité à jour.
Sofia, Bulgarie le 24 mai 2022
Toutes nos péripéties pour rejoindre Sofia sont enfin derrière nous. Il est maintenant temps de profiter, tout simplement.
Après avoir avalé un bon petit déjeuner, nous nous rendons au pied du palais de justice sous les coups de 11h. Une visite guidée, le Free Sofia Tour, est proposée chaque jour en anglais, bulgare, espagnol et italien. Nous choisissons l'anglais et partons à la découverte de la ville avec Nora, une jeune bulgare aussi dynamique que l'histoire qu'elle nous raconte de Sofia. Nous arpentons le centre-ville pendant environ 2h30, buvant au maximum les paroles de notre guide afin de les restituer au mieux aux parents d'Adrien qui ne parlent pas anglais.
Sofia est une ville atypique. Elle est très ancienne et s'appelait Serdica. Elle est atypique dans le sens où elle n'est construite ni sur une montagne, ni proche d'un fleuve, sans aucun moyen de défense apparent donc. Mais la ville a un avantage important, celui de se trouver sur la « voie diagonalis », la route commerçante des Balkans entre l'Orient et l'Occident, axe stratégique essentiel dès l'Empire romain. Qui dit route, dit voyageurs. Qui dit voyageurs, dit repos. Quoi de mieux alors, après de longues journées de voyage, que d'arriver dans une ville riche, pleine de loisirs dont un énorme amphithéâtre et des dizaines de sources thermales ? Serdica était un lieu de passage très prisé malgré sa petite taille, 400 mètres de diamètre.
Nora nous explique également d'où vient le nom de Sofia, l'histoire plus générale de la Bulgarie, de ses occupations slaves et ottomanes, de sa position neutre mais pas que lors de la 2ème guerre mondiale. Bref, nous avons adoré cette visite et nous la recommandons pour commencer à s'imprégner de la culture bulgare.
En marchant, on se rend vite compte que cette journée n'est pas anodine. La ville bouillonne de monde. On apprend qu'aujourd'hui, 24 mai 2022, c'est le jour de fête de l'alphabet cyrillique. Et ici, c'est une fête qui est très célébrée. Les Bulgares chantent et dansent dans les parcs, habillés en tenue traditionnelle. On remarque également une procession énorme de fidèles, de plusieurs centaines de mètres devant la Cathédrale Sainte-Nédélya de Sofia. Celle-ci accueille les reliques des Saints Frères Cyrille et Méthode. « Pour la première fois, après leur retour au Mont Athos, les saintes reliques quittent la Grèce et le premier pays qu'elles visitent est le pays slave – Bulgarie, ce qui est un acte important de reconnaissance envers notre pays en sa qualité de pays natale de l'alphabet et de la culture slave ».
Malgré la chaleur écrasante, nous continuons notre découverte de la capitale. Boulevard Vitocha, parcs, synagogue, église orthodoxe, catholique, mosquée, palais, théâtre... Il y a de quoi faire et le tout à pied, c'est très agréable. Après une bonne bière ou un spritz, suivant les préférences de chacun, nous rentrons dîner et nous reposer. Demain, on prend de la hauteur.
Sofia, Bulgarie le 25 mai 2022
Culminant à 2290 mètres d'altitude, le mont Vitocha est un ancien volcan qui surplombe la capitale bulgare. Immanquable, il a d'ailleurs donné son nom à l'artère principale piétonne de la ville. Si nous en parlons, c'est parce qu'aujourd'hui, nous avons décidé de quitter le temps d'une matinée l'agitation de la ville pour aller faire un tour dans les montagnes. Notre objectif est de monter jusqu'à la cascade Boyana, puis de faire une boucle dans la forêt tout en admirant quelques panoramas.
Pour nous rendre au départ de la randonnée, nous devons prendre le métro 2 suivi du bus 64. Aucun problème. Le réseau de transport en commun de Sofia est très simple et plutôt bon marché. Un ticket coûte environ 0,80€. Attention, il faut prendre un ticket par moyen de transport car ils sont différents entre métro et bus (soit 2 par personne dans notre cas).
Le bus nous dépose dans un quartier résidentiel plutôt chic de la banlieue de Sofia. Le départ du sentier est un peu plus haut sauf que ça grimpe plutôt beaucoup. À vrai dire, pour rejoindre la cascade, nous devons monter environ 530 mètres. Nous arrivons vite dans la forêt. L'ombre des arbres va nous accompagner toute la matinée, c'est pile ce qu'il nous faut pour échapper à la chaleur printanière.
Le sentier s'éloigne de l'eau sur toute la première partie afin de contourner une zone militaire. C'est l'occasion d'admirer cette forêt de feuillus à l'ambiance reposante. Puis, nous retrouvons la fureur de l'eau qui dévale la montagne dans un fracas assourdissant. La pente est si raide qu'il est difficile de distinguer la cascade de la rivière. Un peu d'escalade nous amène à la croisée des chemins. La cascade se découvre alors. Nous nous installons à son pied pour une pause bien méritée et croisons quelques autres randonneurs, sans qu'on puisse dire qu'il y ait foule.
Au lieu de revenir sur nos pas, nous nous dirigeons ensuite vers un point de vue sur Sofia à flanc de montagne. La ville se dévoile sous nos yeux derrière une brume légère. Est-elle liée à la pollution ou à l'humidité ?
Nous repartons doucement après une courte pause. Les feuilles ont rendu une partie du chemin glissante, nous redoublons de vigilance. Un petit détour nous amène à une sorte d'étang où les coassements des grenouilles se mêlent aux chants des oiseaux. Il nous faudra encore quelques minutes périlleuses pour boucler la boucle et revenir à l'arrêt de bus. En sortant de la forêt, une vague de chaleur nous indique que la température a bien grimpé. Nous rentrons directement à l'appartement pour faire une petite sieste.
Pour le dîner, Clémence a déniché le restaurant turc Ashur Banipal dans notre quartier. Il s'agit d'une première pour mes parents et c'est l'occasion pour nous de se préparer aux saveurs qui nous attendent pour la suite de ce voyage. Les lieux ne payent pas de mine et il faut aller se servir soi-même en couverts et boisson. Mais qu'importe, les plats sont excellents, en particulier le poulet aux épices. Les papilles de ma maman s'en souviennent sûrement. Plus on voyage et plus on se rend compte que c'est ce genre de lieu qui nous fait vraiment plaisir, loin du centre touristique et tape-à-l'oeil.
Sofia, Bulgarie le 26 mai 2022
Nous nous levons plus tranquillement ce matin, enfin surtout Adrien. Ses parents sont déjà prêts depuis plusieurs heures. C'est leur dernier jour, que le temps est passé vite ! Aujourd'hui, on quitte un peu le sentiment de découverte qui nous anime depuis notre arrivée, pour retrouver un sentiment qu'on chérit, celui d'avoir nos petites habitudes quelque part.
La matinée est occupée à passer au Décathlon, là encore on est en terrain connu. Il faut une nouvelle paire de chaussures pour Adrien. Pour le reste, il s'agit surtout de flâner en ville et de profiter de notre temps tous ensemble, sous une chaleur toujours impressionnante pour une fin mai.
Nous retournons au marché des Femmes, le Women's market, à quelques minutes de notre appartement. Ce marché, mi-couvert, est un lieu qui nous plaît énormément. C'est le plus ancien marché de Sofia. Les saveurs enivrantes, les couleurs variées, les étals impeccablement organisés et rafraîchis et surtout les kilos de fraises et de cerises nous ravissent. Nous en prenons d'ailleurs quelques unes, avant de retourner au café de la veille boire de bonnes bières pression et du rosé, au pied du marché central.
Pour notre dernière soirée tous les 4, nous cherchons un restaurant un peu atypique non loin de chez nous. L'un d'entre eux, un restaurant arménien, nous attire. Nous y arrivons alors qu'il est encore vide. En même temps il est à peine 19h, mais on a faim ! La cuisine arménienne, on ne connaît pas du tout. Alors nous voilà à choisir au hasard un plat chacun. Suivant les conseils de notre hôte qui parle 2 à 3 mots d'anglais, nous commandons également un assortiment de plusieurs viandes. Les quantités sont astronomiques. On a beaucoup de mal à finir les plats, surtout face à cette profusion de viande, que l'on a pas l'habitude de manger. Bruno, lui, est dans son élément. Il se régale de la cuisson parfaite des plats.
Nous passons notre dernière soirée à nous balader dans les rues de Sofia. Le coucher de soleil est splendide, nous déambulons encore et encore.
Les parents d'Adrien repartent demain matin à l'aube. Nous espérons avoir réussi à leur transmettre un peu de notre mode de voyage. Bien qu'une capitale ne soit pas très représentative de ce que nous vivons la plupart du temps, c'est un excellent début. Et nous espérons que ça leur donnera envie de faire leurs passeports respectifs, peut-être pour une prochaine destination ?
Merci d'être venus nous voir ❤️
Sofia, Bulgarie le 26 mai 2022
Réveil à deux. Les parents d'Adrien sont partis aux aurores avec le premier métro. Malheureusement pour eux, leur avion a les mêmes 3 heures de retard qu'à l'aller. C'est vraiment pas de chance. Nous leur souhaitons un bon retour.
De notre côté, nous quittons également Sofia. Nous préparons nos sacs et retournons à la gare, là où nous sommes arrivés une semaine auparavant. Malgré nos efforts, l'alphabet cyrillique est un vrai casse-tête à lire, il faut se l'avouer. Alors on galère à comprendre la voie de notre train. Un grand 7 est suivi d'un petit 3. Grâce à l'aide d'un monsieur travaillant à la gare, on comprend que ça n'est pas un 3 mais un Z qui indique Ouest, en cyrillique. Nous arrivons donc dans le bon train à 2/3 minutes du départ, c'était moins une.
Le train est lent, très lent et aussi bruyant. Il s'arrête souvent en pleine campagne dans des gares plus improbables les unes que les autres. Le paysage est cependant magnifique puisque nous contournons les monts Rhodopes et leurs hauts sommets. Aussi surprenant que cela puisse paraître, nous arrivons à Blagoevgrad à l'heure.
Jours 113 à 115 🇧🇬 - Sur la route des montagnes entre Blagoevgrad et Rila
Blagoevgrad, Bulgarie le 27 mai 2022
Le temps est orageux. Nous profitons de l'après-midi pour découvrir cette ville dont nous n'attendions rien mais qui nous plaît beaucoup. Nous déambulons dans son centre, tombons par hasard sur une scène où plein d'enfants, chacun leur tour par classe, dansent de manière traditionnelle. La vie y est paisible en ce vendredi après-midi.
Rila, Bulgarie le 28 mai 2022
Une bonne journée nous attend. Tout le monde nous a conseillé de visiter le monastère de Rila, c'est un peu pour ça que nous nous sommes arrêtés à Blagoevgrad d'ailleurs. 40 kilomètres séparent tout de même notre appartement du monastère qui est reculé au fond d'une vallée, impossible d'y aller à pied. En se renseignant hier, on a compris que la seule manière de s'y rendre est de prendre un premier bus à 8h jusqu'à Rila, puis un second à 9h jusqu'au monastère. Le soir, il nous faudra faire l'inverse à 17h et 18h.
Levés tôt, nous trouvons facilement notre minibus. Il nous permet de voir du paysage tout en découvrant la ruralité de la Bulgarie. Notre passage à Sofia nous a présenté une version moderne et urbanisée du pays. La vérité est qu'une majorité du territoire est constituée de champs, de forêts et de montagnes. Certains villages nous rappellent l'Alsace, surtout à cause des nombreux nids de cigognes qui siègent au dessus des pylônes électriques. Elles symbolisent la chance et la fertilité pour les Bulgares. Grandes voyageuses, elles nous renvoient pour notre part à notre mode de vie nomade.
Déposés au centre du village de Rila, notre chauffeur nous explique à l'aide de signes et de la calculette de mon téléphone (Clémence) où prendre notre prochain bus pour le monastère, à quelle heure et combien il coûte. Nous n'avons pas encore le réflexe de sortir le traducteur. Il est seulement 8h30 et le bus ne passera qu'à 9h30. Cela nous laisse le temps de faire un petit tour du village.
En revenant, nous nous installons tranquillement à l'endroit indiqué. Quand Adrien voit, de l'autre côté de la route, une voiture qui vient de se garer avec à son bord trois jeunes. On dirait des surfeurs ou des alpinistes issus d'un documentaire Netflix américain. À coup sûr, ils se rendent au monastère. Pris d'un élan de motivation, il les interpelle avec le sourire en leur demandant s'ils vont dans notre direction et s'ils peuvent nous amener. Ils sont en fait venus à la journée depuis Sofia pour faire de l'escalade. Bonne nouvelle pour nous, leur route passe par le monastère.
Ni une, ni deux, nous nous retrouvons dans leur Subaru 4x4. Nous discutons bien tous ensemble durant la petite vingtaine de minutes que dure le trajet. Les deux filles sont bulgares tandis que le conducteur est américain. Il nous explique qu'il vient tout juste de postuler pour être entraîneur d'escalade à Nantes. On croise les doigts pour lui.
Nous débarquons plus vite que prévu devant l'imposant monastère de Rila. La vallée sauvage dans laquelle il se trouve a été formée par la rivière Manastirska, dont les eaux sont gonflées par la fonte des neiges des montagnes alentours, en cette fin du mois de mai. Quelques nuages cachent leurs sommets, ce qui ajoute à l'ambiance mystique des lieux. Le cadre est sublime.
Le monastère en lui même nous prouve directement que nous avons fait le bon choix de venir le voir. De hauts bâtiments richement décorés forment une enceinte fortifiée autour d'une cour intérieure qui invite au repos et à la quiétude.
En son centre se trouve l'église de la Nativité de la Vierge. Elle est faite en briques et peinte de bandes horizontales noires et blanches. Spacieuse et élégante, elle est composée de plusieurs coupoles. Nous faisons le tour du cloître formé par les bâtiments extérieurs du monastère, tout en admirant les petits détails qui font tout le charme des lieux.
À côté de l'église, un bâtiment m'a particulièrement plu. Il s'agit de la tour de Khrélyo. C'est le seul édifice conservé de la construction première du monastère et elle est remarquable.
Le monastère a été fondé au Xème siècle par Saint Jean de Rila. Déplacé, pillé, reconstruit, protégé, remanié, il s'avère aujourd'hui être le site touristique le plus visité de Bulgarie. J'avoue que je l'apprends en écrivant ces quelques lignes. Inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce monastère est unique. Paisible, grand et ressourçant, son architecture est époustouflante et donne au lieu un caractère grandiose.
Arrivés tôt, nous décidons de poursuivre notre visite par une marche, au-delà du monastère, menant à différentes églises au coeur de la montagne. Le chemin est verdoyant et nous trouvons le lieu propice pour déjeuner, loin des visiteurs. La première église s'avère être en mauvais état et apparemment en pleine rénovation. Nous ne poussons pas notre balade plus loin et rebroussons chemin, préférant passer nos derniers moments au sein du monastère.
Il est environ 14h quand nous décidons de rentrer. Malheureusement, le seul bus retour n'est qu'à 17h. Nous décidons donc de faire encore une fois du stop jusqu'à Rila (20 kilomètres), afin de rentrer plus vite à Blagoevgrad.
Nous sommes samedi et les 3/4 des voitures qui repartent du monastère sont pleines. Nous finissons par demander à un couple d'étrangers, retournant au parking, s'ils peuvent nous déposer à Rila. Ils nous disent non, car ils n'y passent pas. Ce qui est étonnant car c'est la seule route possible pour venir ici. Mais soit, on les remercie tout de même et on poursuit notre chemin.
Ils reviennent finalement vers nous quelques minutes plus tard pour nous demander où se situe Rila sur la carte. Ils sont hollandais et n'avaient pas trop fait attention à la route en venant. On leur explique que la route de Rila est la seule qui amène jusqu'ici. Rassurés, ils acceptent volontiers de nous y déposer. Nous prenons la route ensemble.
Ils viennent de Bansko, notre future étape et vont à Sofia, où nous étions la veille. Nous voilà donc à échanger plein d'informations avec eux. Sans qu'on s'en rende compte, nous sommes déjà à Rila. Nous leur disons au revoir en leur souhaitant bonne route et attendons le bus de 15h autour d'un petit café.
L'orage gronde, les nuages noircissent de plus en plus. Nous rentrons à Blagoevgrad avant que l'orage ne s'abatte sur nous et surtout avec de magnifiques souvenirs de cette incroyable journée.
Jours 115 à 120 🇧🇬 - Bansko, l'endormie
Bansko, Bulgarie les 29 et 30 mai 2022
Après cette jolie escapade spirituelle et ayant trouvé une très bonne offre sur Booking, nous partons pour Bansko. Nous avons décidé d'y passer toute la semaine pour nous reposer dans les montagnes.
Le bus nous dépose à la gare routière en fin de matinée, tout en bas de la ville. Nous avons bien cru qu'il ne nous amènerait pas à bon port tellement la montée jusqu'ici a été rude. Le périple n'est pas terminé puisqu'il nous faut maintenant remonter toute la rue principale jusqu'à notre appartement. Plus que les 3 kilomètres à parcourir, ce sont les 100 mètres de dénivelés qui nous paraissent les plus longs.
Située à 925 mètres au-dessus de la mer, Bansko est une petite ville de montagne très prisée en hiver. Pistes de ski, casinos, restaurants, bars, elle a tous les attributs d'une station de ski populaire. Elle se trouve entre les massifs de Rila et du Pirin, au pied du Todorka, du Vikhren et du Kutelo. Pour te faire une idée, le mont Vikhren culmine à 2914 mètres d'altitude, c'est le troisième sommet le plus élevé de la péninsule balkanique après le Musala et l'Olympe.
Nous découvrons en cette fin mai une ville endormie. Bansko semble désertée par ses touristes, nous croisons peu de monde et principalement des locaux. L'orage s'annonce pour le soir, nous ne ressortons pas, préférant préparer la semaine tout en regardant quelques matchs de Roland Garros.
Le lendemain matin, le soleil est revenu. Nous quittons le calme absolu de notre appartement pour descendre dans le centre-ville. En sortant, nous prenons vraiment la mesure de notre environnement. Les montagnes alentours sont sublimes, tout comme la rivière Glazne qui traverse la ville. Du pied de l'appartement, on devine les premières pistes de ski au loin.
Néanmoins, la ville est loin d'être uniquement une station de ski pleine d'énormes complexes hôteliers. Elle a son charme propre et une longue histoire. La région de Razlog, dans laquelle elle se situe, est en effet habitée depuis le Ier siècle avant JC. Conquise par les Ottomans durant quelques siècles, Bansko possédait même une forme d'autonomie garantie par le sultan. La vie y était régie par un conseil des anciens.
Le quartier historique nous séduit. Nous y retrouvons de grandes maisons typiques parfaitement restaurées, une place centrale vivante, un parc où il fait bon profiter loin de la chaleur. Contrairement aux villes balnéaires bétonnées que nous avons croisées sur notre route, Bansko possède une certaine harmonie architecturale à mi-chemin entre un village de montagne des Alpes et une ville ottomane.
Après avoir laissé les heures chaudes de la journée derrière nous, nous ressortons direction le Belizmata Dam. Il s'agit d'une petite retenue d'eau au pied des montagnes, entourée de cultures et d'animaux. Nous avons d'ailleurs croisé beaucoup de personnes travaillant dans les champs. Le lieu est plutôt agréable mais attention, on ne peut faire le tour de l'étang que si on paye 3 lev (1,5€) au petit restaurant attenant. Sinon, il faut consommer. La fin de journée et le coucher de soleil y sont magnifiques.
Bansko, Bulgarie le 31 mai 2022
Lorsque je vois des montagnes, je (Adrien) n'ai qu'une idée en tête, y monter. Au grand dam de Clémence. Depuis Bansko, une route serpente sur 15 kilomètres jusqu'au pied du chalet Vihren, à environ 1900 mètres d'altitude. Nous avons repéré sur internet une randonnée, accessible au printemps, qui en part. Elle amène jusqu'au lac Muratovo à 2250 mètres d'altitude.
À cette saison cependant, nous ne pouvons profiter de la navette jusqu'au chalet. Il faut y aller en stop. Nos premiers essais depuis la ville ne sont pas fructueux. Nous marchons sur plusieurs lacets jusqu'au croisement des routes. Il y a très peu de véhicules en ce mardi matin. Heureusement, un minibus rempli de cinq Bulgares déjantés s'arrête. Ils proposent de nous avancer, sans pour autant aller au bout car ils s'apprêtent à faire une randonnée sur un autre versant de la montagne. Sans eux, nous ne serions probablement jamais montés. Merci encore.
Nous empruntons ensuite la route à pied sur 3 kilomètres jusqu'au camping Bunderitsa où quelques vans et camping-cars sont installés. De là, nous remontons la rivière, avant de nous rendre vite compte que le sentier indiqué sur notre carte n'existe plus. Au vu des traces d'éboulements tout autour de nous, nous nous rendons à l'évidence, il est impossible de continuer par là. Pour éviter de revenir sur nos pas, nous escaladons le flanc de la montagne sur notre droite jusqu'à un autre chemin parallèle à la route. Ce n'est pas chose facile à cause des nombreuses pierres instables qui roulent sous nos pieds et qui se mêlent à de vieux fils barbelés. Nous nous en sortons quand même sans égratignures.
Après ce début chaotique, nous retrouvons une route balisée et arrivons au chalet Vihren avec quelques kilomètres non prévus dans les jambes. La trace est un peu plus facile, il s'agit de suivre l'itinéraire balisé blanc jaune et bleu tout droit jusqu'au lac.
D'entrée de jeu, nous sommes confrontés à un mur de roches qu'il faut franchir. Il nous amène à un replat plus paisible bien que gorgé d'eau, où s'épanouissent de superbes crocus violets printaniers. Cela résume globalement toute la randonnée puisque ce schéma de montée puis de replat se reproduira trois fois encore.
Sur le second plateau nous faisons face à des torrents formés par la fonte des neiges, qu'il faut parfois remonter quitte à finir les pieds dans l'eau. D'autres fois, ce sont les ponts instables ou écroulés qui nous obligent à traverser une sorte de toundra inondée. Les premières neiges font aussi leur apparition sur les bords du sentier.
La montée vers le dernier plateau où se trouve le lac Muratovo est la plus éprouvante, en particulier les passages enneigés. Le plus décourageant est certainement notre GPS, qui nous donne l'impression de stagner. Un pas après l'autre, nous y sommes enfin ! Cela nous aura pris la matinée depuis Bansko, entre le stop, nos errements du départ et les passages plus techniques. Le paysage là-haut nous récompense. Les montagnes avoisinantes se reflètent presque parfaitement sur le lac. Il est même possible d'apercevoir notre point de départ 1300 mètres en contrebas.
Clémence discute un peu avec un couple d'allemands. Ils vivent en van et sont garés justement sur le parking qu'on a vu plus tôt. Elle échange quelques bons plans avec eux, tandis que je fais le tour du lac pour le photographier sous toutes ses coutures.
Des nuages se forment sur les sommets avoisinants et on entend le tonnerre gronder. C'est l'heure de revenir sur nos pas. Comme je l'ai souvent entendu dire, en montagne le plus dur ce n'est pas d'arriver au sommet, mais d'en redescendre sans encombres. La neige a rendu certains passages glissants. D'autres nous obligent à passer carrément au travers de la neige, Clémence et moi manquons de tomber plusieurs fois. Les conditions ne sont pas idéales, ou plutôt nous ne sommes pas équipés en conséquence. Nous arrivons finalement en bas les pieds trempés.
Une pause s'avère nécessaire, d'autant plus que l'orage semble s'éloigner. Alors que nous pique-niquons sur un rocher au bord de la rivière, une petite tête surgit des buissons. Il s'agit certainement d'une belette curieuse de savoir ce que font deux humains sur son territoire.
Sur le retour, je fais un petit crochet par le lac Okoto tandis que Clémence prend de l'avance sur la descente. Tout petit, le lac a la forme d'une goutte d'eau. Je la rejoins et nous nous rendons au camping Bunderitsa par la route, où nous espérons trouver une voiture pour nous redescendre. La chance nous sourit rapidement puisque nous retrouvons le couple d'allemands avec qui Clémence a bien sympathisé. Ils finissent justement leur bière au bar du camping et proposent de nous redescendre. Ils ont prévu de se rendre au monastère de Rila le lendemain. Ce sera leur dernière étape en Bulgarie avant de rentrer en Allemagne, car leur voyage d'un mois touche à sa fin. Nos routes ne se recroiseront donc pas de si tôt malheureusement.
Voilà qui conclut cette journée. Au total, nous aurons marché un peu plus de 15 kilomètres pour près de 640 mètres de dénivelés positifs, dont une partie en semi-escalade. Nous ne sommes pas des experts mais nous sommes fiers de l'avoir fait.
Bansko, Bulgarie les 1er et 02 juin 2022
Après les deux grosses journées qui viennent de s'écouler, nous nous réveillons tout en douceur. Nos jambes sont lourdes, si bien que nous ne prévoyons pas un gros programme aujourd'hui. La randonnée d'hier m'a révélé des muscles que je (Clémence) connaissais peu.
Pour résumer cette nouvelle journée, je dirais qu'elle s'est articulée autour d'une jolie balade vers le lac artificiel Krinetz Dam et son restaurant à cheval sur le barrage. Nous y avons dégusté une excellente truite accompagnée de pommes frites maison délicieuses. Cerise sur le gâteau, nous avons pris de bonnes Pirinsko bien fraîches. Quoi de mieux que de boire une bière des montagnes du Pirin dans les montagnes du Pirin ? Enfin, comme depuis quelques jours et avec le décalage horaire, nos après-midi se finissent toujours avec Roland Garros, commenté en bulgare bien évidemment.
Le lendemain, après voir bien récupéré, nous nous rendons à la gare tout en bas de la ville avec une destination un peu spéciale en tête. 30 minutes plus tard, nous nous installons face aux quais.
Il y a quelques années, Adrien avait suivi le périple fou de Julien et Margaux, de la France aux Philippines en auto-stop. En cherchant un peu quoi faire à Bansko, je suis tombée sur un de leurs articles mentionnant des sources d'eau chaude dans la région de Bansko. Nous avons décidé de suivre leurs conseils et de nous y rendre.
Des Bulgares nous interpellent. Avec l'aide d'une jeune étudiante, nous comprenons que le train ne passera pas à cause de travaux sur les voies. Un bus le remplace pour la matinée. Un peu sceptiques, nous montons dedans. La gare General Kovachev où nous nous arrêtons est minuscule et semble abandonnée. Un train y circule-t-il vraiment ? Il faudra bien puisque c'est l'unique solution pour rentrer ce soir. Nous laissons nos inquiétudes derrière nous et descendons la vallée formée par la rivière Mesta.
Je ne sais pas si le plus dur dans l'heure de marche qui suit vient du soleil de midi ou du passage incessant des voitures et des camions. Que font-ils tous sur cette route ? Il n'y a même pas de village. Nous quittons enfin la route principale pour nous enfoncer sur un chemin de campagne. Un pont suspendu nous interpelle. Il correspond à la seule photographie de l'article de Julien et Margaux. Nous arrivons à la source 500 mètres plus loin, à l'orée de la forêt.
Deux hommes se prélassent, chacun dans un bassin. Leurs habits sont suspendus à des porte-manteaux cloués aux arbres, juste à côté d'un panneau qui indique en bulgare qu'il est interdit de se raser dans l'eau. Cette fois-ci, nous avons pris soin de prendre serviettes et maillots de bain. Adrien se change rapidement derrière un arbre et se glisse dans l'eau. Je me contente de tremper mes jambes qui ont bien besoin d'une cure thermale. Nous passons deux bonnes heures à nous détendre et à observer le manège des locaux. En plus de se plonger dans l'eau tiède, ils font réellement leur toilette, du rasage au shampoing, en détournant l'eau de la source pour se rincer comme s'ils étaient sous un pommeau de douche.
Nous repartons vers 15h et faisons étape au pied d'une chapelle le long de la rivière. Cette fois-ci, nous ne profitons pas de la source car l'eau jaillit à près de 60 degrés. Les habitants du coin savent que personne ne peut s'y baigner, ils ont donc aménagé un bassin payant de l'autre côté de la rivière. Cela ne nous intéresse pas puisque nous en avons déjà profité et gratuitement en plus.
Le train est annoncé à 16h48. L'heure tourne et aucun bruit. Quand soudain, 10 minutes plus tard, un klaxon retentit dans la vallée, annonçant son arrivée imminente. Soulagés, nous montons à bord.
Jours 120 à 124 🇧🇬 - Plovdiv, la très attendue
De Bansko à Plovdiv, Bulgarie le 03 juin 2022
Ces quelques jours à la montagne furent une parenthèse enchantée dans notre superbe séjour en Bulgarie. Les sacs sur le dos, nous quittons Bansko et ses sommets enneigés par le train. Et quel train ! Le chemin de fer des Rhodopes est la dernière ligne à voie étroite du pays encore en exploitation. Ses deux principales caractéristiques sont de pouvoir s'adapter facilement au relief et de ne pas être électrifiée, ce qui est idéal dans cette région montagneuse et difficile d'accès.
Voyager en train est toujours une expérience incroyable. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Nos premières minutes à bord nous ramènent à cette époque où le rail était le moyen de transport le plus répandu en Europe. Tout y est manuel, du passage à niveau aux billets qu'on achète directement au contrôleur. Pour aller d'un wagon à un autre, il faut passer par l'extérieur et bien se tenir. Le train est petit et coloré en rouge et vert. Il est un peu vieillot, mais ses sièges sont confortables.
10h45, notre omnibus se met en branle peu après que nous ayons pris place à bord. Les wagons s'entrechoquent dans un tintamarre de métal. La porte de notre compartiment n'a pas été fermée, cela tombe bien, il fait très chaud. Un passager s'empresse de le faire et nous ouvrons les fenêtres pour compenser. Entre le bruit et l'air frais, nous avons fait notre choix.
Les paysages défilent. Nous passons tout d'abord par les villes de Razlog et de Banya qui nous offrent une dernière vue sur le massif du Pirin. Nous nous engouffrons ensuite dans la haute vallée de la Mesta, entre les Rhodopes et le Rila. Les paysages forestiers que nous traversons sont beaux et verdoyants. Nous nous arrêtons souvent, car de nombreuses petites gares se trouvent sur notre route. Qu'elles se situent dans des villages ou au milieu de nulle part, il y a toujours des passagers qui montent et descendent.
Une pause plus longue que prévu à Velingrad nous offre un peu de répit. Nous nous empressons de déguster nos victuailles à base de burek, de concombre et de saucisson. Il faut dire que le reste du temps, nous sommes tellement ballottés de droite à gauche qu'il nous est impossible de manger en roulant.
Plus les heures défilent et plus nous nous inquiétons. Le train n'avance vraiment pas vite. Aurons-nous notre correspondance pour Plovdiv ? Finalement, il reprend un peu de vitesse sitôt la plaine de Septemvri atteinte. 15h04, nous y voilà. En 4h, nous aurons parcouru une centaine de kilomètres, une belle expérience. Avec un peu de patience, on arrive toujours à bon port.
Retour à la modernité. Nous montons dans un intercité bien plus performant. Moins d'une heure plus tard, nous foulons enfin le sol de Plovdiv sous une chaleur insoutenable. Il nous faut encore franchir les 4 kilomètres qui nous séparent de notre appartement pour les 4 prochains jours. Seul avantage, tout le trajet est quasi-exclusivement piéton. Nous empruntons en effet la rue Alexandre Ier sur toute sa longueur et c'est une des plus grandes rues piétonnes du monde. Ses commerces, bars et restaurants nous donnent un bon premier aperçu de la ville.
Cette dernière étape bulgare s'annonce transpirante, mais riche en découvertes culturelles et gustatives. On a hâte.
Plovdiv, Bulgarie du 03 au 07 juin 2022
Comme à notre habitude, nous décidons de découvrir la ville par le Free Plovdiv Tour, organisé tous les matins à 11h par la même association que celui de Sofia. Sauf que nous sommes nombreux ce samedi, si bien que trois groupes sont vite formés au hasard, un pour chaque guide. Je ne sais pas si c'est la chaleur étouffante, le monde hallucinant dans les rues ou nos attentes face à cette visite, mais c'est la première fois que nous sommes tous les deux déçus de l'expérience. Notre guide ne nous a pas raconté beaucoup d'anecdotes originales, ni partagé de bons plans, c'est pourtant ce qu'on apprécie le plus dans ces visites. Les autres touristes du groupe ne semblaient pas non plus très attentifs, ce qui a peut-être accentué ce sentiment mitigé.
En résumé, la ville nous interpelle et nous invite à en apprendre plus. Ce sera cependant pour demain, il fait une chaleur caniculaire cet après-midi et nous préférons rentrer nous reposer. Le soir, alors que la température a un petit peu baissé, nous ressortons profiter de l'ambiance nocturne. Le quartier Kapana, qui signifie « piège » en bulgare, est composé d'un dédale de petites rues qui s'entrecroisent. Très agréable en journée, il est encore plus branché à la nuit tombée où se mêlent arts urbains, boutiques d'artisanat et musiques live. On valide.
Le lendemain matin, nous sommes bien décidés à faire notre propre tour de Plovdiv, à commencer par la vieille ville. Nous repassons par les mêmes lieux que la veille, en poussant davantage nos visites grâce aux recherches sur Google et aux panneaux explicatifs. La ville nous ravit et chose étonnante pour un dimanche matin, les rues sont désertes. On ne comprend pas pourquoi il y avait tant de monde hier, mais c'est tant mieux.
Antérieure à Rome et à Athènes, Plovdiv est habitée depuis l'époque de Troie, aux alentours de l'an 1000 avant JC. C'est donc la plus ancienne ville d'Europe encore peuplée. Des traces plus anciennes de civilisation datant de la préhistoire ont même été trouvées. Elle repose sur 7 collines, d'où son surnom. Certaines ont été rasées depuis afin d'en extraire des pierres.
Plovdiv a changé plusieurs fois de nom, au gré de ses différents occupants Thraces, Macédoniens, Romains, Bulgares, Byzantins et Ottomans. Toutes ces cultures se mélangent et c'est un vrai plaisir de toutes les découvrir. De l'antiquité, on peut notamment voir le théâtre et le stade romain. De l'époque ottomane, on retrouve bien entendu l'ancien bazar et tout le quartier de la vieille ville. Les bâtisses de la renaissance bulgare sont particulièrement jolies, comme par exemple la maison Kouyumdjiev, devenue le musée Ethnographique Régional, la maison Stepan Hindliyan, la maison Balabanov et tant d'autres. La ville a été nommée capitale européenne de la culture en 2019.
Une de ces maisons a accueilli le célèbre poète, diplomate et futur ministre français Alphonse de Lamartine lors de son voyage en Orient entre 1832 et 1833. Plus récemment, François Mitterand s'est rendu sur place les 18 et 19 janvier 1989, ce fut la première visite officielle d'un président français en Bulgarie. Ce n'est peut être rien, mais nous apprécions beaucoup ce genre de petites anecdotes.
Pour conclure ces quelques jours en Bulgarie, nous montons en haut de la plus haute colline, où trône la statue d'un soldat russe de l'armée rouge de « libération ». De là, nous admirons la vue sur Plovdiv avec comme toile de fond la silhouette des montagnes. Avant de rentrer, nous dénichons un bon bar servant des bières artisanales pas trop chères, simplement appelé le LOCAL Beer Bar. Nous échappons ensuite aux averses orageuses en entrant dans le restaurant Malkiyat Dvor. Typique, fréquenté par les habitants de la ville et avec une bonne ambiance, l'expérience est très chouette.
De Plovdiv, Bulgarie à Istanbul, Turquie le 07 juin 2022
Un dernier bus nous attend à la gare routière de Plovdiv. Rebelotte, nous traversons une dernière fois l'immense l'avenue piétonne que nous commençons à bien connaître. Un petit sentiment d'excitation monte en moi (Adrien). Ce soir, nous dormirons aux portes de l'Asie. Je n'ai jamais été aussi proche de fouler un nouveau continent. Et cette fois-ci, nous y sommes parvenus sans avion.
En attendant, il faut faire face à quelques péripéties de bus. Cela commence dès le début puisqu'au lieu de monter dans le car de tourisme prévu, nous nous retrouvons à bord d'un minibus. Alors que nous pensions prendre l'autoroute, nous voilà partis pour une folle course à travers toute la campagne bulgare à vive allure, entre 30 et 40 km/h de plus que la limite autorisée.
Une heure plus tard, nous arrivons au dépôt de la compagnie Arda Tur, un peu étonnés. On nous fait descendre, puis monter dans le fameux car annoncé. Même chauffeur, nouvelle conduite. On se dit qu'il a certainement rattrapé son retard puisqu'une fois l'autoroute rejointe, nous prenons un rythme de croisière tout à fait acceptable.
Les kilomètres défilent. Nous doublons une file immense de camions non loin de la frontière. Des drapeaux bulgares, européens et turcs flottent au vent un peu plus loin.
Ça y est, nous arrivons en Turquie !
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En quittant la Bulgarie, nous fermons le premier chapitre de notre voyage au bout du monde. Pas après pas, bus après bus, nous parvenons aux portes de l'Asie.
Avant de partir, tout le monde nous questionnait sur notre itinéraire. La vérité est que nous n'en avions pas la moindre idée. 100 routes s'offraient à nous et nous ne regrettons pas le moins du monde d'avoir fait le choix d'explorer les Balkans. La richesse et la beauté de cette région d'Europe nous ont subjugués.
Voici un petit résumé de notre périple jusqu'à Istanbul :
- 125 jours d'aventure
- 10 pays traversés (France 🇫🇷, Italie 🇮🇹, Croatie 🇭🇷, Monténégro 🇲🇪, Albanie 🇦🇱, Grèce 🇬🇷, Macédoine du Nord 🇲🇰, Kosovo 🇽🇰, Serbie 🇷🇸, Bulgarie 🇧🇬)
- 7500 kilomètres parcourus
- Pleins de transports (43 bus, 15 trains, 4 ferries, 5 voitures, 1 taxi, 3 vans, 4 métros, 3 téléphériques et 1 tram)
- 54 logements différents (soit un toutes les 2/3 nuits)
- Villes coup de coeur : Split, Sibenik, Kotor, Tirana, Berat, Épidaure, Hermione, Ohrid, Prizren, Pirot et Bansko
Place à de nouvelles aventures maintenant !
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Nous voilà aux portes de l'Asie, la suite de ce journal de bord se passe en Turquie.
Plus qu'un blog voyage, nous partageons nos péripéties au fur et à mesure de notre aventure comme on les vit, avec passion et sincérité. Si tu veux nous adresser quelques mots, tu peux nous contacter sur nos pages Instagram : Clémence et Adrien.