Journal de bord aux Émirats Arabes Unis 🇦🇪
Nous y voilà : les Émirats Arabes Unis, le point final de notre voyage sans avion. Après un an passé sur les routes d'Europe et du Moyen-Orient, nous vivons cette arrivée terrestre à Dubaï comme un symbole aussi fort que paradoxal.
C'est plein de préjugés que nous posons pour la première fois nos yeux sur les célèbres gratte-ciel de la ville à travers le pare-brise sale du bus, dans lequel nous venons de passer la nuit.
Galia, une amie de Clémence chez qui nous logeons, ses copains expatriés et toute sa troupe de chats vont nous prouver que la vie ici n'est pas exactement celle que l'on s'imagine. Comme souvent, il y a du bon et du moins bon.
Bienvenue à Dubaï !
🌍 | Journal de bord de notre voyage sans avion
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Jours 351 à 358 🇦🇪 - Du repos et des retrouvailles à Dubaï
Dubaï, Émirats Arabes Unis le 19 janvier 2023
Une mauvaise nuit vient de s'écouler au cours de laquelle nous avons traversé en bus le grand désert qui sépare l'Arabie Saoudite des Émirats. Nous n'avons presque pas fermé l'oeil en presque 12 heures de route, entre les pauses à pas d'heure, le passage par la douane et l'inconfort des sièges. L'essentiel est que nous venons de franchir sans encombres la dix-huitième frontière terrestre de ce voyage.
Il s'agit pour l'heure de contacter Galia, une amie de Clémence, qui nous accueille à Dubaï, afin de la prévenir que nous avons environ quatre heures de retard.
Profitant d'un arrêt à Abou Dhabi, nous demandons aux autres passagers s'ils ont par miracle un peu d'internet sur leur téléphone. La tâche s'avère plus complexe qu'il n'y paraît, même le conducteur n'a pas de forfait ici. Nous parvenons néanmoins à nos fins grâce à un passager bien discret du fond du bus. Quelques messages plus tard, Galia nous rassure. Elle a confié les clefs de son appartement au gardien de l'immeuble, si bien que nous pouvons arriver à tout moment.
Le soleil se lève lentement sur les Émirats Arabes Unis. L'autoroute longe à présent le golfe Persique sur des centaines de kilomètres. D'un côté, la mer calme, lisse et peu profonde, de l'autre, le désert aride à perte de vue. Nous apercevons bientôt, en filigrane, les premiers gratte-ciel de Dubaï qui se dessinent sur l'horizon. Des dizaines de centrales électriques à pétrole se dressent face à l'eau.
Dans nos esprits, l'imaginaire de Dubaï est associé à l'excès, au luxe moderne, à l'extravagance et à la surconsommation. Elle est à mille lieues de ce qu'on pense aimer. Sauf qu'après presque un an de voyage, nous avons appris à ne pas juger en avance ce que l'on ne connaît pas.
Dubaï s'étend sur près de 30 kilomètres. Or, notre terminus est situé dans le vieux Dubaï de l'autre côté de la ville. Ne voulant pas perdre encore une bonne heure à faire l'aller-retour, nous négocions avec notre chauffeur pour être déposés au prochain arrêt de métro. Réticent au premier abord, il accepte finalement et nous fait descendre au niveau du Burj Khalifa.
Munis de nos sacs à dos, nous voilà donc à traverser une partie de cette immense autoroute à pied, un exercice que nous maîtrisons bien depuis notre passage par Beyrouth. Nous empruntons le métro aérien ultra moderne, dont la ligne rouge est la plus longue ligne automatique du monde.
Nous arrivons à destination une heure plus tard, après avoir longtemps erré dans le labyrinthique Mall of the Emirates en cherchant la bonne sortie. Comme convenu, le gardien de l'immeuble nous remet les clefs et nous faisons la rencontre des chats de Galia : Eliott l'ancien, Olive la tranquille et surtout Pirate, le fougueux petit dernier qu'elle a adopté sur place.
Une sieste s'impose, avant de retrouver Galia en fin de journée. Cela fait presque trois ans et demie que nous ne l'avons pas vue. Que le temps passe vite !
Dubaï, du 19 au 27 janvier 2023
Nos journées dubaïotes sont bien remplies. Galia nous fait découvrir une facette bien différente de cette ville moderne et dynamique, qui se défait un peu de ses clichés une fois que l'on y vit.
Nous sommes arrivés la veille du week-end, ce qui signifie que nous avons deux jours plein tous les trois. Galia en profite alors pour nous faire faire le tour des environs.
Nous nous rendons le samedi à la marina, où sont amarrés des yachts plus luxueux les uns que les autres. Pour tout amateur d'architecture moderne, il s'agit d'un petit paradis. Des immeubles, tous plus hauts et brillants les uns que les autres, s'élèvent les pieds dans l'eau. Leur silhouette de verre et d'acier se reflète sur les eaux calmes du port. Nous marchons un peu jusqu'à la plage, où s'alignent restaurants et bars. Les influenceurs sont de sortie en cette fin d'après-midi, on s'amuse à observer leur manège. Nous passons notre dimanche à la plage. Cependant, le vent frais nous dissuade de nous baigner.
La pluie s'invite en début de semaine. Qu'on se l'accorde, nous sommes loin d'un temps breton. Il s'agit plutôt d'orages éparses, parfois déclenchés par des tirs de fusées. Aux Émirats, on défie les lois de la nature et la météo en fait partie.
Le temps pluvieux ne nous empêche pas de continuer à explorer Dubaï. Le spectacle des fontaines autour du Burj Khalifa est joli à voir. Nous apprécions la visite des quartiers d'Al Sabkha et d'Al Fahidi, récemment rénovés. On y trouve le souk de l'or et un peu trop de boutiques pour les touristes.
Ces deux anciens quartiers sont séparés par un bras de mer, le Khor, qui fait office de port naturel. Les tours à vent iraniennes et les barges et bateaux en bois nous rappellent le passé de la ville.
Avant la découverte du pétrole dans les années 1960, Dubaï n'était qu'un petit port de pêche dédié au commerce de perles. Comprenant très tôt que le pétrole n'était pas inépuisable, la famille Maktoum, à la tête de l'Émirat, choisit d'utiliser cette manne financière afin de transformer Dubaï. Il s'agit désormais d'un pôle important dédié aux affaires et au tourisme, au carrefour des routes aériennes et maritimes entre l'Europe et l'Asie du Sud et de l'Est.
Nos soirées dubaïotes sont totalement décalées. Ici, plus qu'ailleurs, le commerce est roi. Il est courant de passer son temps dans l'un des nombreux centres commerciaux que possède la ville. Et ceux-ci redoublent d'ingéniosité pour attirer la foule : restaurants par dizaines, fontaines et même une piste de ski au Mall of the Emirates, dans lequel nous commençons à prendre nos marques. Il faut dire que Galia est une passionnée de shopping.
Chaque jour, nous nous essayons à de nouvelles saveurs du monde. Notre séjour culinaire commence par l'Inde, d'où est originaire près d'un tiers des habitants des Émirats. Et pour cause, beaucoup d'indiens ont émigré au milieu des années 1960 afin de travailler dans l'industrie pétrolière en plein essor.
Nous goûtons également des plats asiatiques. Les collègues de Galia nous amènent en effet manger un hot pot, qui s'apparente à une fondue chinoise. Deux jours plus tard, nous nous réfugions dans un restaurant japonais afin d'éviter un orage et y dégustons des ramens tout bonnement délicieux. Ce n'est pas tout : pizza italienne, hamburger façon fast-food américain et même une poutine québécoise sont aussi au menu. Il en faut pour tous les goûts.
Le clou du spectacle arrive : le dernier soir, nous mangeons une merveilleuse raclette en compagnie de deux amis de Galia, français bien entendu. Après un an loin de chez nous, le manque de fromage et de charcuterie se fait sentir. Nous prenons plaisir à raviver des saveurs enfouies au plus profond de nos palais. Du fromage, des copains, il ne manque qu'un peu de vin. Notre budget de voyageur ne peut malheureusement se permettre qu'une folie à la fois, car à Dubaï, l'alcool est encore très cher.
Jours 358 à 360 🇦🇪 - Un week-end à Abou Dhabi
Abou Dhabi, du 27 au 29 janvier 2023
Après une semaine passée chez Galia, nous décidons de rendre visite à Alizée et Jean-Baptiste, qui vivent à Abou Dhabi. Nous les avons rencontrés il y a un mois lors de notre visite d'Hegra, l'ancienne cité nabatéenne du nord de l'Arabie Saoudite.
La matinée est grisonnante et surtout venteuse, ce qui risque de mettre en péril notre excursion dans le désert. Nous ne sommes pour autant pas inquiets, Alizée nous a promis qu'il y aurait mille autres activités possibles.
Relier les deux principales villes de la région est d'une facilité déconcertante. Un bus part très régulièrement de la station de métro Ibn Battuta en direction de la capitale des Émirats.
Arrivés dans le centre d'Abou Dhabi, nous cherchons à prendre les transports en commun. À notre grande surprise, la carte de Dubaï ne fonctionne pas ici : à chaque émirat sa carte dédiée (voir notre article bilan). Nous ne comprenons pas bien comment faire. Heureusement pour nous, Alizée se propose de venir nous chercher. Nous sommes vendredi midi et l'école vient de se terminer. Elle vient donc accompagnée de Jean, son fils espiègle de quatre ans. Les retrouvailles sont chaleureuses et nous nous mettons en route vers notre première activité : la visite du Louvre d'Abou Dhabi.
L'édifice est sublime, tout en modernité et sobriété. Le bâtiment du Louvre Abou Dhabi, conçu par l'architecte Jean Nouvel, se compose de plusieurs dômes enchevêtrés qui s'élèvent au dessus de la mer. La lumière tamisée qui filtre à l'intérieur crée une sorte de jeu d'ombres très harmonieux.
Si son architecture est belle, sa visite n'en est pas moins captivante. J'aime particulièrement la manière dont les oeuvres sont présentées en fonction des époques, plutôt que des lieux ou des courants artistiques. Nous explorons également l'exposition temporaire consacrée aux impressionnistes. Des tableaux de Claude Monet, d'Auguste Renoir et de Paul Cézanne y sont exposés. Jean s'amuse de son côté comme un fou dans la partie dédiée aux enfants. Sa mission est de collecter un maximum de tampons en jouant à des petits jeux.
L'après-midi touchant à sa fin, nous suivons Alizée, Jean-Baptiste, qui vient de finir son travail, et Jean dans un restaurant yéménite, où nous retrouvons des amis à eux. Les plats nous rappellent ceux du sud de l'Arabie Saoudite, que nous venons juste de quitter. Après cette belle soirée, nous regagnons leur appartement situé au 15ème étage d'une tour de l'île d'Al Reem. La vue sur la ville illuminée est époustouflante.
Le lendemain, nous commençons notre journée par la visite du marché aux poissons d'Abou Dhabi. Reconstruit récemment afin de laisser la part belle aux visiteurs, nous sommes accueillis par une ambiance animée et colorée. Les étals regorgent de poissons et de fruits de mer frais, qui ont été pêchés dans la nuit. Nous déjeunons dans l'un des restaurants du marché. Le principe est amusant et gage de fraîcheur : une fois le plat choisi, le cuisinier va d'étal en étal afin de respecter la commande. Au menu du midi, nous dégustons un délicieux plat de poisson grillé, accompagné de riz, ainsi que des crevettes à la sauce épicée. Les prix sont d'ailleurs très corrects pour de tels plats.
Non loin de là se trouve le marché aux fruits, qui fait la part belle à la reine de la région, j'ai nommé la datte. Alizée y a son échoppe favorite. Nous goûtons plusieurs variétés et le résultat est sans appel : les meilleures sont saoudiennes et jordaniennes. Celles des Émirats se défendent bien, le vendeur nous fait d'ailleurs cadeau d'une boîte de dégustation bien fournie.
Après cette pause gourmande, nous laissons nos amis afin d'aller visiter la majestueuse mosquée Cheikh Zayed. Le bus pour s'y rendre dure une éternité, mais la mosquée est un incontournable d'Abou Dhabi. Achevée en 2007, il s'agit d'un joyau architectural avec son dôme en marbre blanc, ses minarets imposants et ses magnifiques motifs en mosaïque. Si nous avons été éblouis par la beauté des lieux, certaines finitions et le nombre important de touristes nous ont un peu déçus. Il faut dire que l'entrée est gratuite.
Pour notre dernier dîner, Alizée s'est mise aux fourneaux afin de préparer une spécialité égyptienne : le mloukhia. Le plat est composé de corète potagère, typique de la cuisine du Nil et dont la couleur verte nous fait penser à des épinards. Elle nous explique que les jeunes égyptiens en raffolent, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Nous nous régalons, tandis que la conversation se poursuit animée et joyeuse. Nous échangeons sur nos différents projets pour l'avenir, ce qui nous donne quelques idées folles. De leur côté, ils déménageront bientôt au Liban après plus de 6 ans passés ici.
Le lendemain matin, après une seconde nuit à Abou Dhabi, il est déjà temps de revenir à Dubaï.
Jours 360 à 362 🇦🇪 - Vers un nouveau départ ?
Dubaï, du 29 au 31 janvier 2023
Nous retrouvons vite nos habitudes chez Galia. Il faut dire que Clémence s'est prise d'affection pour le capitaine Pirate. Il ne faut pas une heure pour qu'elle soit déjà en train de lui faire des papouilles. Cela tient du miracle lorsqu'on connaît la relation méfiante qu'elle entretient habituellement avec ces petites boules de poils. Galia se promet de nous l'envoyer par colis lorsque nous serons installé quelque part. Affaire à suivre.
Cette colocation de presque neuf jours dans son studio s'est merveilleusement bien passée. Nous avons réellement eu l'impression d'être à la maison. Seuls ceux qui voyagent longtemps peuvent comprendre à quel point cette sensation est précieuse. Merci pour tout Galia 😘
Au moment de quitter Dubaï, il est temps de dresser un petit bilan et de parler de la suite.
Le 1er février 2022, nous débutions notre itinérance sans trop savoir où elle nous amènerait. Nous sommes restés quelques jours en France, le temps de saluer nos parents respectifs, avant de prendre un train pour l'Italie quelques jours plus tard. Depuis, nous avons franchi dix-huit frontières terrestres et maritimes et parcouru près de 24 000 kilomètres en bus, en train, en voiture, en camion, mais aussi en marchant. Nos chaussures usées en sont le témoin parfait.
Le projet de départ tenait en quelques mots bien vagues : « Voyager le plus loin à l'Est sans avion, si possible jusqu'en Chine ». Et c'est ce que nous avons fait, pendant un an. Dubaï est le point le plus éloigné de la maison que nous avons atteint sans prendre l'avion.
Malheureusement, il n'est pas possible de poursuivre notre route. Tout d'abord, les liaisons maritimes traversant l'océan Indien et acceptant des passagers ne reprendront pas avant au moins un an. Nous avons un temps envisagé de traverser l'Iran et le Pakistan, mais nous estimons que les conditions actuelles ne sont pas idéales, car nous ne voulons pas avoir à nous méfier de tout, tout le temps. Enfin, une lassitude du voyage dans les pays du Moyen-Orient s'est peu à peu installée dans nos esprits. Il faut s'avoir s'écouter.
Nous rêvons de rizières, de chaleur, d'eau turquoise et de nouvelles cultures.
Voyager uniquement par voie terrestre et maritime est une expérience formidable, qui amène des rencontres et des situations uniques. Cependant, nous n'en faisons pas un dogme immuable. Il existe d'autres manières de faire, qui sont aussi riches humainement et acceptables écologiquement.
Notre décision est prise. Ce voyage sans avion se termine là et une nouvelle aventure commence en Asie du Sud-Est, à Bangkok plus précisément.
Jusqu'où ce nouveau voyage nous amènera cette fois-ci ?
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Nous tenons à te remercier, toi lecteur, qui nous a accompagnés durant cette longue année de route. Écrire et voyager en même temps est une tâche bien plus ambitieuse que ce que nous imaginions au départ. Elle demande beaucoup de rigueur et d'application. Nous ne comptons pas les heures passées à écrire un peu partout, à se relire plusieurs fois pour éviter chaque coquille, tout en continuant à savourer le voyage.
J'espère que nous avons su t'embarquer un peu dans notre périple, comme nous l'avons vécu. Nous avons essayé d'être honnêtes, justes et sans trop de filtres.
Merci de nous avoir lu jusqu'au bout ❤️
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