Journal de bord en Arabie Saoudite 🇸🇦 : de Djeddah à Riyad, en passant par le sud
C'est après plus de 400 kilomètres d'auto-stop que nous débarquons à Djeddah, la seconde plus grande ville du pays. Nous comptons y passer le nouvel an avant de partir à la découverte des montagnes du sud.
Entre belles rencontres, météo capricieuse et routes très montagneuses, le sud et le centre de l'Arabie Saoudite nous réservent bien des surprises.
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Jours 326 à 334 🇸🇦 - Nouvel an bien arrosé à Djeddah
Djeddah, Arabie Saoudite du 26 au 29 décembre 2022
Si on ne doit retenir qu'une chose de Djeddah, ce sont les rencontres qu'on y a faites. La ville a perdu une grande partie de son charme d'antan, que le gouvernement saoudien tente de faire renaître. De plus, la météo n'a pas été de notre côté. L'hiver nous rattrape.
Plus grande cité portuaire d'Arabie Saoudite, Djeddah accueille depuis toujours une population multi-culturelle. La ville est résolument tournée vers l'Afrique, le Soudan se trouvant de l'autre côté de la mer Rouge. Elle fut durant des siècles et continue d'être le point d'entrée principal des pèlerins se rendant à La Mecque.
Nous sommes restés trois nuits chez Omar. Jovial et enthousiaste pour tout, il nous a accueilli comme de véritables amis de longue date alors qu'on ne le connaissait pas le moins du monde. Nous avons été mis en contact par Marion et Melvine, des français qui effectuaient eux-aussi un long voyage sans avion de la France au Soudan.
De nationalité pakistanaise, Omar est né et a toujours vécu en Arabie Saoudite, tout comme son père avant lui. Sa mère est quant à elle saoudienne. Ce n'est pas suffisant pour qu'il soit lui même saoudien, mais cela lui a quand même permis de faire des études supérieures. Il travaille depuis peu dans l'informatique chez Al Baik, une référence en terme de fast-food en Arabie Saoudite. Cela ne l'a pas empêché de sortir tous les soirs avec nous.
Et il s'en est passé des péripéties cette semaine.
Tout commence le premier jour. Omar étant au travail, c'est seuls que nous prenons la direction de la corniche afin de revoir Youji une dernière fois. Sauf qu'à Djeddah, les transports en commun sont quasi-absents et nous n'envisageons pas de faire de l'auto-stop dans une telle mégalopole. Quant aux taxis, ils sont chers eux-aussi, nous les prenons par dépit.
Youji n'est jamais avare de discussions, nous ne voyons pas le temps passer. Ce soir, il s'envole pour Dubaï, si bien qu'il en profite pour nous partager ses bons plans. Alors que nous discutons assis face à l'eau, je reçois un message de Shayma. Nous n'avons encore jamais parlé d'elle et c'est normal, il s'agit d'une amie soudanaise de Mazim, qu'il nous a décrite comme rayonnante. Elle nous rejoint une heure plus tard accompagnée de Rodrigo, son futur mari espagnol.
Omar complète le tableau de notre fine équipe très internationale. Il vient de finir sa journée de travail et nous rejoint à son tour au bord de l'eau. Nous attendons que le soleil se couche pour assister au spectacle du plus grand jet d'eau du monde. Malheureusement, nous apprenons avec déception que ce dernier ne fonctionne pas aujourd'hui à cause des mauvaises conditions climatiques, le vent est en effet un peu trop fort. À défaut, Shayma nous propose de visiter le quartier d'Al Balad, récemment rénové. Omar, qui ne vit que depuis un an à Djeddah, n'y a encore jamais mis les pieds.
Al Balad est le quartier le plus ancien de Djeddah et cela se traduit dans son architecture particulière. Les grandes artères habituelles disparaissent au profit de petites ruelles pavées et les bâtiments en béton sont remplacés par une succession de petits immeubles de quelques étages en bois. Leurs façades sont ornées de moucharabiehs très travaillés, qui permettaient à l'époque aux familles riches d'observer leurs voisins sans être vus. Nous remontons la rue principale de Djeddah menant au port, où débarquaient pèlerins et marchandises. Nos pas nous amènent dans un petit souk coloré. Plus tard et après avoir partagé deux plats dans un stand de rue, nous découvrons un très beau café construit sur deux niveaux. La terrasse du premier étage est plus calme, nous nous asseyons sur de confortables banquettes et y restons le reste de la soirée.
Le lendemain, nous passons la journée chez Omar. Nous savons que nous pouvons rester chez lui autant que nous le souhaitons, mais sans véhicule, il nous est impossible de profiter facilement de la ville et des alentours. Et puis, il n'y a pas d'eau chaude chez Omar ! Nous restons une dernière nuit. Demain, nous irons dans un Airbnb davantage au coeur de ville.
Omar et Adrien décident de passer la soirée au cinéma pour voir le second opus d'Avatar, tandis que je profite d'une soirée en solo.
Djeddah, Arabie Saoudite les 29 et 30 décembre 2022
Nous arrivons à l'appartement dans l'après-midi. Machine à laver, wifi, eau chaude et grand lit : le confort n'est pas essentiel à notre voyage en sac à dos la plupart du temps, mais parfois on en a grandement besoin comme aujourd'hui.
Nous ne dormons plus chez Omar, mais ce n'est pas pour autant que nous ne le voyons plus ! Il débarque à la sortie de son travail avec l'apéritif, pas d'alcool bien sûr, mais un bon lait chaud à la cannelle. Nous rejoignons ensuite Ismaël et sa petite famille.
Ce sont les premiers voyageurs français que nous rencontrons en Arabie Saoudite. D'origine marocaine, Ismaël est parti avec sa femme, Émilie, et leurs trois enfants pour un road-trip de la France jusqu'à la Mecque en camping car. Nous les rencontrons donc juste avant qu'ils n'atteignent leur objectif. Nous nous promenons à la marina tout en faisant connaissance. C'est l'occasion de titiller un peu Omar en escaladant des barrières de sécurité à côté du circuit de F1. Ce petit raccourci nous évite ainsi un détour de 2 kilomètres.
Le temps semble se gâter plus la soirée avance. En plaisantant, Omar nous explique que les infrastructures sont vraiment mauvaises à Djeddah et que, même s'il ne pleut que légèrement, les inondations arrivent vite. On sourit. On a du mal à imaginer l'Arabie Saoudite inondée.
Nous accompagnons toute la famille au camping car juste avant la pluie et ouvrons une bouteille de coca. Un orage semble se préparer. En bons français, nous ne nous alarmons pas : ces quelques gouttes ne vont pas perturber notre soirée. Et pourtant, en moins de dix minutes, la route est inondée. Omar, si prévenant une heure plus tôt, ne semble pas réagir. Méfiants en voyant l'eau monter jusqu'au niveau du trottoir, on décide de couper court à la soirée et de rentrer à l'appartement avec lui, tandis qu'Ismaël trouve un autre emplacement pour passer la nuit.
Malheureusement, la suite de la soirée sera meilleure pour eux que pour nous. Seulement dix kilomètres nous séparent de notre Airbnb, mais les routes sont saturées de véhicules et d'eau. Tous les Saoudiens semblent s'être donné le mot : il faut rentrer. Les rues se transforment en de véritables rivières en un rien de temps. J'ai jamais vu ça. Les conducteurs accélèrent, freinent, accélèrent... tout en publiant des vidéos sur Snapchat. Ce qui devait arriver, arriva. Les feux s'éteignent et le moteur nous lâche : impossible d'aller plus loin. Nous voilà donc au beau milieu de la route sous une pluie battante et avec de l'eau jusqu'aux genoux. Les alertes Google arrivent bien trop tard, le mal est fait.
— Omar : On fait quoi ?
— Clémence : Bah, on pousse !
— Omar : Heu...
Un peu comme à Damas en Syrie deux mois auparavant, nous nous retrouvons tous les trois à pousser la voiture d'Omar sur le bas-côté pour la mettre en sécurité. Il n'est pas question de la redémarrer ce soir. Nous ne sommes pas les seuls, toute la ville vit un véritable cauchemar dans la joie et la bonne humeur. Partout autour de nous les conducteurs abandonnent leur véhicule et les boutiques sont inondées. Pourtant, tout le monde semble heureux de voir de la pluie.
Dans notre malheur, nous ne nous trouvons plus qu'à 3 kilomètres du Airbnb. Nous décidons de rentrer à pied. Omar va dormir chez nous et nous reviendrons chercher la voiture demain. Une véritable expédition s'organise : l'eau nous arrive jusqu'aux cuisses dès qu'il faut traverser une route et nous essayons d'être très prudents pour ne pas nous blesser. Je ne comprends pas que le système d'évacuation soit aussi mauvais dans la deuxième plus grande ville du pays. Nous rentrons épuisés deux heures plus tard. Mais au moins, nous sommes sains et saufs.
Le lendemain, la pluie semble s'être calmée. Il est l'heure d'aller constater les dégâts. Omar et Adrien retournent à la voiture, tandis que je reste à l'appartement. Nous avons proposé à la petite famille en camping car de pouvoir bénéficier de notre machine à laver. Hier, ils ont eu la chance de vite trouver un endroit sécurisé, si bien que rien ne leur est arrivé. La journée passe vite de notre côté : tajine de poulet, discussions et jeux de société.
Du côté des garçons, le constat est sans appel : la voiture doit être amenée au garage. Omar réussit l'exploit de trouver un garagiste qui accepte de s'occuper immédiatement de lui, alors même qu'une bonne partie des rues sont encore à moitié inondées et que des centaines de véhicules sont également en panne. Mohammed, un ami d'Omar vient finalement nous chercher et nous ramène chacun chez soi.
Mais la journée ne s'arrête pas là ! Ce soir, nous fêtons la nouvelle année un jour en avance.
Djeddah, Arabie Saoudite du 30 décembre 2022 au 02 janvier 2023 🥳
Il y a deux jours, nous avons demandé à Shayma si elle avait des idées à nous suggèrer pour fêter le nouvel an 2023. Il faut savoir que le calendrier saoudien est différent du nôtre, par conséquent, ils ne fêtent pas notre nouvel an.
Heureusement pour nous, à Djeddah il y a de nombreuses communautés d'expatriés qui aiment faire la fête (et des Saoudiens aussi d'ailleurs). Il n'a pas fallut bien longtemps à Shayma pour nous dégoter une invitation à une soirée privée ayant lieu le 30 décembre, ce jour correspondant au milieu du week-end. Il s'agit en quelque sorte d'un pré-nouvel-an, c'est parfait.
Nous enfilons nos plus beaux vêtements de voyageurs en ce 30 décembre et préparons des crêpes pour l'occasion. Shayma et Rodrigo passent nous chercher et nous rejoignons tous les quatre Omar et Mohammed.
La fête a lieu en dehors de Djeddah dans une villa privatisée. On se sent un peu privilégiés d'être là au milieu de tout ce beau monde, nous, modestes voyageurs. Un DJ français a été embauché pour animer la soirée, autant dire que les musiques nous plaisent. Le temps file vite, on danse, on boit (sans alcool) et on mange bien. Shayma, Omar et Mohammed vivent leur meilleure vie, tandis que Rodrigo n'est pas très fan de ce genre d'ambiance, le comble pour un espagnol.
Le 31 décembre, nous passons la journée en amoureux. L'avantage des soirées sans alcool, c'est qu'on échappe au mal de tête du lendemain. Notre appartement est agréable, autant en profiter. Saumon, fromage et jus de pomme pétillant : on se régale bien que le Crémant du Jura me manque un peu.
Bonne année 2023 🎉. C'est la première fois de ma vie que je passe le nouvel an à l'étranger.
Aujourd'hui, nous avons rendez-vous chez Shayma et Rodrigo pour une dernière soirée tous ensemble. Nous avons prévu d'aller au restaurant, mais nos plans changent aux premiers sons de tonnerre. Cette fois, on a appris la leçon : pas question de mettre le moindre orteil dehors alors que la grêle commence à tomber. Nous restons calfeutrés chez nos amis et cuisinons un repas divin. En prime, nous avons même le droit à une boisson spéciale qui réchauffe les coeurs. De quoi bien commencer l'année !
Notre séjour prolongé à Djeddah se termine. Il était hors de question de ne pas passer une dernière soirée avec Omar. Cette fois-ci, nous l'invitons dans un restaurant chinois. Il nous avoue que c'est une première pour lui et j'ai l'impression qu'il a plutôt bien apprécié l'expérience. Omar va nous manquer, nous avons passé de très beaux moments tous les trois, nous ne sommes pas près de l'oublier.
Nous nous couchons tôt, car une aventure exceptionnelle de plusieurs milliers de kilomètres nous attend le lendemain.
Jours 334 à 343 🇸🇦 - Roadtrip dans le sud
De Djeddah à Taïf en passant par Al Bahah, Abha et Jizan, Arabie Saoudite du 03 au 12 janvier 2023
Le rendez-vous est pris à 10h à l'agence de location de voiture Budget. Tout a été géré la veille grâce à Omar : une Toyota Yaris blanche flambant neuve nous attend. Nous quittons Djeddah pour partir explorer le sud de l'Arabie Saoudite.
De Djeddah à Al Bahah, Arabie Saoudite le 03 janvier 2023
La voiture en main, nous retournons dans notre Airbnb, récupérer les affaires. 430 kilomètres de route nous attendent. Le trafic dense de Djeddah nous faisait un peu peur, d'autant plus que nous n'avions pas pris le volant depuis presque un an. Les premiers kilomètres sont hésitants, mais la conduite revient étonnement vite et nous sortons rapidement de ce labyrinthe urbain. Les distances sont folles en Arabie Saoudite, si bien que nous longeons la côte durant les 300 premiers kilomètres.
La route est longiligne, bordée par des immenses étendues plates et arides, où les pierres et le sable se mêlent en un seul tableau. Une pause déjeuner en plein vent, des cafés à emporter et des playlists qui s'enchaînent dans l'habitacle : ces premières heures se passent très bien.
Après quatre heures de route, nous bifurquons plein est. L'excitation monte, autant que la température baisse à l'extérieur. Petit à petit le relief fait son apparition. Il faut dire qu'aujourd'hui, nous quittons le niveau de la mer pour dormir à 2270 mètres d'altitude ! Rien que ça.
Le soleil commence à décliner quand nous entamons nos premiers lacets. Nous arrivons aux abords de Thee Ain, au moment où les lumières du soir l'illuminent. Malheureusement, nous n'avons pas le temps de l'explorer ce soir-là.
D'Al Bahah à Abha, Arabie Saoudite le 04 janvier 2023
Ce second jour de road-trip nous amène entre les petites villes provinciales d'Al Bahah et Abha. Je n'ai de cesse de confondre les noms : mêmes lettres, ordre différent. Une seule constante aujourd'hui, l'altitude.
Les paysages nous coupent le souffle dès la sortie d'Al Bahah. Les petits villages en pierre se succèdent et nous invitent à sortir de la route principale afin d'explorer un peu les environs. Les routes sinueuses secondaires nous amènent à côtoyer de près les falaises abruptes et escarpées qui forment la partie occidentale des monts Sarawat de la région d'Asir.
En cette saison hivernale, les montagnes se sont parées d'un duvet verdoyant. Les arbres et les arbustes profitent d'une chaleur moins intense pour s'exprimer pleinement. Nous enfilons même nos vestes à chacune de nos pauses.
Un épais brouillard nous accueille à notre arrivée à Abha. Ce soir, nous mettrons des couvertures supplémentaires.
D'Abha à Jizan, Arabie Saoudite le 05 janvier 2023
Deux routes sont possibles pour rejoindre la côte au niveau de Jizan. L'une d'entre elle passe par le village abandonné de Rijal Almaa, niché au fond d'une vallée, c'est évidemment celle que nous décidons d'emprunter. Avant de l'atteindre, il nous faut désescalader les falaises abruptes qui le surplombent. Une succession de 24 virages à faire pâlir l'Alpe d'Huez nous attend.
Fondé il y a plus de 900 ans, Rija Almaa fut pendant de nombreuses années un carrefour régional important de par sa position géographique clef sur les routes commerciales reliant le Yémen au Levant.
Les freins chauffent. Nous nous arrêtons à mi-pente sur une petite aire construite sur un éperon rocheux. Le petit parking est bondé, non pas de voitures, mais de babouins. Habitants des montagnes, ces derniers sont ici chez eux. Ils ne sont heureusement pas agressifs et comprennent vite qu'ils n'obtiendront rien de nous.
Une famille a déployé de grands tapis à l'ombre. Ils nous font signe de les rejoindre et nous offrent thé et café. Ces gestes d'amitié sont touchants, c'est un réel plaisir de partager quelques instants avec eux, tout en admirant la vue.
Rijal Almaa n'est alors plus très loin. L'entrée de la partie rénovée est payante. Nous passons notre chemin et nous enfonçons plutôt dans les ruelles plus anciennes. Partout autour de nous se trouvent des maisons abandonnées, souvent envahies par une végétation galopante. Ces dernières sont construites en pierre, en argile et en bois et possèdent jusqu'à huit étages. Les contours des fenêtres sont en quartz, ce qui ajoute du relief à des façades bien droites. L'ensemble est très harmonieux. Difficile de ne pas être touché par l'abandon de ce lieu au passé si florissant.
Désormais, les humains ont laissé la place aux singes. Une colonie de babouins s'est en effet approprié les ruines de Rijal Almaa. Leurs cris lointains accompagnent notre visite et ajoutent à l'ambiance particulière des environs.
Par la suite, notre route nous amène au bord de la mer Rouge. La température frôle les 30 degrés et nous fait déjà regretter les montagnes.
Contrairement aux deux jours précédents, nous dormons chez un hôte Couchsurfer : Bin. Il nous amène le soir goûter des plats traditionnels de la région : un délice, surtout le dessert. Petite particularité d'ailleurs : ici, ils commencent par le sucré.
Fayfa, Arabie Saoudite le 06 janvier 2023
Notre hôte habite à Abou Arish, à 30 minutes à l'Est de Jizan. Nous profitons donc de cette position géographique pour nous rendre dans le village perché de Fayfa (parfois écrit Fifa ou encore Faifa).
Nous sommes vendredi matin et durant la première heure de route nous sommes littéralement seuls au monde. Nous respectons tout de même les limitations de vitesse car depuis notre départ en road-trip, nous croisons des radars tous les 10 mètres. Et en Arabie Saoudite, ils sont parfois très perfectionnés : certains détectent même si la ceinture de sécurité est bien mise ou si l'on n'utilise pas son téléphone au volant.
Après environ une heure de trajet, nous commençons à apercevoir les montagnes d'Asir. Avec elles, la végétation devient plus dense et verdoyante et la température baisse progressivement.
La montée est rude. Aussi rude que belle. Les pentes abruptes que nous affrontons ont été travaillées en escalier afin de cultiver les sols. Je suis toujours autant étonnée par ce climat clément et humide dans certaines régions d'Arabie Saoudite. L'image d'un pays totalement désertique s'efface de plus en plus.
Nous nous arrêtons assez régulièrement tant le paysage est magnifique. Nous en profitons également pour laisser le moteur de la voiture refroidir, il en a besoin. En plus des fruits et des légumes, nous apercevons des plantations de maïs et des caféiers.
Arrivés au point le plus haut du village suspendu de Fayfa, nous rencontrons deux copains qui boivent thé et café à flanc de falaise. L'endroit est très aventureux mais qu'importe. Ils nous invitent à les rejoindre sur leur petit tapis. Nous faisons connaissance collés serrés.
Chacun d'eux porte une couronne d'oeillets, traditionnelle des tribus de la région. Nous avons en effet vu quelques vendeurs sur la route. Nous buvons le café puis le thé. Toujours l'un accompagné de l'autre et toujours dans cet ordre, accompagnés de délicieuses dattes à tremper dans la crème. C'est très bon mais toujours aussi peu diététique.
Nous redescendons de la montagne dans l'après-midi. Nous dépassons Abou Arish et poursuivons jusqu'à Jizan. Nous avons rendez-vous avec Yahya et son épouse, un couple avec lequel on a échangé sur l'application Couchsurfing. Nous passons une belle soirée tous ensemble.
Chaque rencontre en Arabie Saoudite et aussi belle que différente. Le pays est immense et unit des régions et des peuples totalement hétéroclites. D'une ville à l'autre, la culture, les paysages, la nourriture, les traditions, tout est très différent.
Jizan, Arabie Saoudite le 07 janvier 2023
Nous quittons notre hôte d'Abou Arish et prenons un petit hôtel sur Jizan. En effet, les aller-retour nous font faire trop de kilomètres. Notre location de voiture n'est pas avec kilométrage illimité, chose aussi étonnante que vraie dans un paysage immensément grand. Nous saisissons l'opportunité de n'avoir rien à faire d'autre aujourd'hui pour nous reposer.
Farasan Island, Arabie Saoudite le 08 janvier 2023
Levés aux aurores, nous nous rendons au port où un ferry nous attend. Comme nous n'avons pas pu embarquer notre Toyota, c'est à pied que nous explorerons l'île.
Les îles Farasan sont un archipel d'environ quatre-vingts îles et îlots de la mer Rouge, qui se situent à 80 kilomètres au large de Jizan. Ces îles coralliennes à la biodiversité importante sont protégées depuis 1996. L'île principale, où nous nous rendons aujourd'hui, est habitée depuis le Ier millénaire avant JC. Des inscriptions en latin datant de l'an 144 mentionnent la présence d'une garnison en provenance d'Égypte, qui avait pour but de protéger les routes commerciales maritimes de l'époque.
Sitôt à quai, nous commençons l'auto-stop pour rejoindre la seule ville de l'île. Une voiture débarquée du ferry s'arrête presque immédiatement. Quatre Saoudiens nous invitent à monter en se serrant à l'arrière. Je reconnais le conducteur, avec qui j'ai sympathisé à la petite douane de l'embarcadère. En plus de nous amener à destination, ils nous invitent à petit-déjeuner dans un restaurant traditionnel. Il est à peine 8h du matin et la faim se fait déjà ressentir. C'est ça de se lever tôt ! Le moment est génial et les plats délicieux. Je ne me serais jamais cru capable de manger du foie si tôt dans la journée. Ma foi, le voyage m'apprend à dépasser mes limites.
Le ventre plein, nous souhaitons une bonne journée à nos quatre compères qui partent pêcher en mer. Nous ne pouvons pas les accompagner, le ferry retour nous attend à 14h. Cela nous laisse pas mal de temps pour explorer les environs.
La première étape consiste à visiter les maisons de Riffai. Construites il y a environ cent ans, elles reflètent le passé riche de l'île. Les murs intérieurs et extérieurs sont ornés de décorations géométriques en plâtre et d'inscriptions coraniques calligraphiées.
En sortant, nous n'avons pas le temps de marcher plus de quelques mètres que deux jeunes s'arrêtent en voiture à notre hauteur. Ils nous proposent de nous amener où nous le voulons. Nous acceptons cette proposition surprenante et c'est avec la musique à fond qu'ils nous amènent au village d'Al Qessar. Nous sommes seuls, comme d'habitude.
Bien qu'abandonné depuis de nombreuses années, une bonne partie du village a été restaurée et certaines maisons sont même meublées. Les pavés sont droits, les murs en bon état et de beaux bougainvilliers en fleur agrémentent la place principale. Les lieux sont à mi-chemin entre un véritable musée à ciel ouvert et un décor de cinéma.
Le temps se gâte, nous nous donnons comme objectif d'arriver au port avant la pluie. Après un peu de marche, nous levons le pouce, une voiture s'arrête et nous amène à destination. L'auto-stop est parfois si facile. Nous nous installons à l'abri et étudions le manège des bateaux proposant des excursions en mer ou sur la mangrove aux touristes.
Au bout de la jetée en pierre, un homme, habillé en tenue mauve, attire notre attention. Il semble chercher quelque chose dans l'eau sous les encouragements de sa femme au foulard coloré. Une femme plus âgée est là aussi, tout comme leurs deux enfants. Leurs beaux habits ne font pas de doute, ils sont d'origine pakistanaise. En nous approchant, l'homme, qui s'appelle Ahmad, nous explique qu'il essaye d'attraper des poissons à main nue. Sans succès.
Quelques minutes passent et un véhicule de police s'approche. L'agent descend et nous explique à tous les cinq que nous n'avons pas le droit de rester là. Le pêcheur improvisé nous demande alors si ça nous intéresse d'aller faire un dernier tour de l'île avant que le ferry ne reparte. Il nous reste un peu plus d'une heure, nous acceptons. Nous nous serrons à l'arrière de sa voiture et en avant l'aventure.
Ahmad nous amène sur une plage via des pistes que je n'aurais jamais emprunté avec notre voiture de location. L'eau, d'un bleu turquoise parfait, est malheureusement remplie d'algues. Nous nous amusons à prendre quelques photographies avec toute la famille, avant de retourner à l'embarcadère. L'heure est presque écoulée. Une dernière péripétie intervient sur la route du retour, lorsqu'Ahmad se rend compte qu'il a oublié son téléphone et celui de sa femme sur la plage. Demi-tour en catastrophe, heureusement que nous avons encore un peu de temps. Nous embarquons à l'heure.
Après une telle journée, nous filons directement au lit.
Wadi Lajab, Arabie Saoudite le 09 janvier 2023
L'Arabie Saoudite est un pays intense de par sa taille, de par la multiplication des rencontres qu'on y fait et de par sa culture très différente de la nôtre. Petit à petit, nous accumulons de la fatigue et c'est un peu malade que nous reprenons notre roadtrip. Nous entamons le chemin retour, qui doit nous amener à Taïf, non loin de La Mecque.
Ce soir, nous avons à nouveau réservé une chambre dans l'hôtel d'Abha que nous avons beaucoup aimé. Mais avant, nos explorations nous amènent au coeur des montagnes, dans une vallée un peu cachée : le Wadi Lajab. La route est aussi sinueuse que sublime. Elle nous amène au bout de deux heures à l'entrée du wadi. Nous nous garons hésitants sur une petite esplanade faisant office de parking. Je suis sûr que les Saoudiens vont jusqu'au bout en roulant, mais pas question de prendre des risques avec notre voiture de location toute neuve.
L'entrée est un peu cachée, difficile d'imaginer ce qui se trouve derrière au premier coup d'oeil. Nous nous enfonçons dans un canyon étroit sur plusieurs kilomètres. Le sol est sec, il n'a pas plu depuis plusieurs jours. Néanmoins, plus nous avançons et plus la végétation est luxuriante.
Nous arrivons rapidement à un embranchement où trois véhicules sont garés. Un groupe d'amis a installé un grand tapis, ils boivent tranquillement le café. De nombreux babouins sont également présents. Ils semblent attendre la bonne opportunité pour venir voler de la nourriture. Méfiants, nous nous éloignons un peu pour pique-niquer, lorsque l'un d'entre eux, assez agressif nous retrouve et tente furtivement de s'emparer de notre sandwich. Nous le repoussons en lui criant dessus. Notre repas est sauf.
Nous poursuivons notre randonnée en remontant le cours d'une petite rivière sur notre gauche. D'abord large, le chemin se transforme presque immédiatement en un petit sentier qui passe parfois par dessus d'immenses blocs rocheux. Loin des singes, le cadre est idyllique et bien plus serein. Une bonne demi-heure de semi-escalade plus tard, nous nous retrouvons au pied d'un énorme rocher. Une échelle de corde a été installée afin de l'escalader. Clémence préfère s'arrêter là et je poursuis de mon côté la remontée du canyon en suivant un groupe de quatre jeunes. Il s'agit de toutes façons d'un aller-retour.
La randonnée se corse. Plusieurs passages nécessitent carrément de se jeter à l'eau, je laisse mes chaussures et mon t-shirt derrière moi et ne garde que mon appareil photo, que je dois parfois tenir à bout de bras lorsque la rivière est trop profonde. Certains autres passages sont très glissants, nous nous aidons les uns les autres pour ne pas tomber. Une dernière traversée nous amène devant une grotte formée par l'éboulement d'immenses rochers. Impossible de continuer plus en amont, il est temps de rebrousser chemin.
Nous remontons en voiture une bonne heure plus tard et entamons la fin du trajet. La route trace plein sud, nous assistons à un joli coucher de soleil et n'arrivons à Abha que le soir venu. Une journée de repos pluvieuse nous attend le lendemain.
Thee Ain, Arabie Saoudite le 11 janvier 2023
Bien que salvatrice, la journée de repos à Abha n'a pas été suffisante pour que nous soyons remis à 100%. Nous reprenons néanmoins la route car notre location n'est pas illimitée. Aujourd'hui, nous retournons à Al Bahah. Cette fois-ci, plutôt que de passer sur les crêtes, nous passerons par le pied des montagnes, ce qui nous permettra de varier les paysages.
Nous arrivons à Thee Ain en fin d'après-midi, deux heures avant le coucher de soleil. Le ciel, bien que nuageux, n'est pas encore menaçant. Thee Ain fait partie de la vague récente de rénovation et d'entretien du patrimoine saoudien. À cette occasion, un musée gratuit retraçant l'histoire des peuples dans la région a été ouvert à son pied. Il nous donne encore plus envie d'explorer le village qui a, contrairement à Rijal Almaa, été intégralement reconstruit.
Les maisons sont typiques de la région et ressemblent beaucoup à celles de Rijal Almaa. Formées de plusieurs étages, elles sont coiffées d'une terrasse qui permettent d'admirer la vue sur toute la vallée. La particularité du village est son emplacement sur une colline au milieu d'une vallée ouverte. Les maisons sont construites les unes sur les autres, la suivante étant toujours plus haute que celle devant elle. Les ruelles ne sont pas droites, si bien qu'il est nécessaire de zigzaguer pour arriver au sommet. L'ensemble forme une sorte de grande forteresse qui semble imprenable.
Si l'image de loin est belle, l'intérieur sonne un peu creux. Les maisons ne sont pas meublées et nous n'apprenons rien de plus lors de la visite. C'est néanmoins assez plaisant de grimper dans un ou deux bâtiments.
C'est à la nuit tombée que nous arrivons à destination.
De Al Bahah à Taïf, Arabie Saoudite le 12 janvier 2023
Une petite étape nous attend. Après 10 jours de vagabondage, notre road-trip touche à sa fin. Le soleil nous accompagne jusqu'à Taïf. Nous avons préféré rendre la voiture à Taïf plutôt qu'à Djeddah afin d'économiser trois cents longs kilomètres. Sage décision.
Nous avons beaucoup aimé cette expérience de location de voiture. J'ai trouvé la conduite assez fluide, le pays est de toutes façons fait pour rouler. Avoir un véhicule nous a permis d'en voir plus, plus facilement, et d'accéder à des lieux qu'il aurait été difficile d'atteindre. En contrepartie, les distances sont infiniment grandes et ce road-trip ne fut pas de tout repos.
Le sud de l'Arabie Saoudite est définitivement à voir si l'on veut comprendre toute la diversité de ses paysages et de sa culture.
Jours 343 à 346 🇸🇦 - On a froid à Taïf
Taïf, Arabie Saoudite le 12 janvier 2023
Nous avons convenu avec Saïf, notre hôte Couchsurfer du jour, de se retrouver à l'agence de location Budget. Contacté il y a plusieurs jours, nous devions le tenir au courant en arrivant. Sauf qu'aujourd'hui, cela fait un mois tout pile que nous sommes arrivés en Arabie Saoudite. Oui déjà ! Cela signifie aussi que notre forfait téléphonique se termine. Sans forfait, pas d'internet, sans internet, impossible de contacter Saïf.
Nous arrivons devant l'agence Budget un peu avant la deuxième prière de la journée et trouvons évidemment porte close. Tout se résout heureusement avec un peu de patience. Le loueur arrive, nous lui restituons le véhicule, lui empruntons un peu d'internet et attendons patiemment Saïf.
Il vient nous chercher une heure plus tard, après avoir terminé son travail. Il nous salue avec un grand sourire qui nous met immédiatement à l'aise. Il commence par nous faire faire le tour de la ville à bord de son 4x4, en nous racontant quelques anecdotes et faits historiques.
Taïf est une ville plutôt ancienne datant du VIème siècle avant JC. Elle était le berceau du culte de la déesse Lat avant l'Islam. Grâce à sa position géographique, la ville bénéficie d'un climat moins aride que le reste de la région du Hedjaz, permettant l'agriculture, ce qui lui vaut le surnom de « grenier du Hedjaz ».
Taïf a notamment abrité pendant longtemps la résidence d'été du roi au sein du palais de Shubra. Bien aidée par ses 1900 mètres d'altitude, elle est réputée pour sa fraîcheur estivale, comme en témoignent les immenses parcs d'attractions aquatiques.
Saïf nous a prévenu : ce soir, nous dormons dans un chalet à la montagne. Guide touristique et de randonnée, il doit accompagner un groupe le lendemain dans les hauteurs du village d'Ash Shafa, à 30 kilomètres au sud de Taïf. Il nous a proposé de le suivre et nous avons évidemment accepté.
Malheureusement pour nous, le temps en haut est catastrophique. La pluie se mêle au brouillard, nous n'y voyons pas à deux mètres. Saïf poursuit tout de même son programme : thé à emporter, café très chic sur une terrasse battue par les vents et point de vue sans vue. Il y a énormément de monde dans les montagnes alors que la météo ne s'y prête pas du tout. Les Saoudiens nous surprennent toujours plus, même après un mois dans le pays.
La nuit tombe, nous nous rendons dans un restaurant traditionnel pour déguster des plats locaux. Au menu, Saïf nous propose du salik, un plat hivernal à base de riz crémeux et de poulet, et du mugalgal, un plat composé principalement de foie d'agneau et de pain.
J'aimerais comprendre comment le riz est devenu si populaire en Arabie Saoudite, alors même qu'ils n'en produisent pas. Peut-être est-ce parce qu'il s'agit de la céréale la plus facile à importer ? Ce qui est sûr, c'est que l'Arabie Saoudite n'est pas auto-suffisante en terme de nourriture. En 2015, elle importait près de 80% de ses besoins alimentaires.
Saif nous amène ensuite tant bien que mal dans un logement au sommet de la montagne. La nuit est très fraîche, il fait moins de 10 degrés, il n'y a pas de chauffage et nous dormons à même le sol sur des matelas du salon des invités. Heureusement que les couvertures sont épaisses.
Taïf, Arabie Saoudite le 13 janvier 2023
Le lendemain nous nous réveillons dans un épais brouillard. Notre petite maison serait sans aucun doute très chouette en plein été, mais aujourd'hui il fait toujours aussi froid et nous ne voyons toujours rien à plus de deux mètres. Nous nous demandons vraiment ce que nous faisons là.
Dans la matinée, il se met à pleuvoir intensément. Saïf nous appelle vers 13h pour nous dire qu'il arrive bientôt. 1h30 plus tard, il passe le pas de la porte avec trois cafés bien chauds.
Il nous explique qu'il doit redescendre pour aller chercher le groupe qui arrive. Vu la météo, nous pensions qu'ils annuleraient, mais non.
Après 24 heures seuls dans notre maison du bout du monde, un car complet de jeunes saoudiens de Djeddah débarque. Il est 16h et pourtant ils sont plus motivés que jamais à partir randonner. Chacun remplit son sac de snacks, d'eau et de fruits et c'est parti !
Il fait toujours aussi froid et sombre mais la bonne humeur de nos nouveaux compagnons nous gagne. Nous suivons l'ami de Saïf, guide et enfant du pays. Il nous apprend que nous sommes en train de randonner sur ses terres. Nous n'apercevons aucun des points de vue qu'il nous montre, c'est assez cocasse. Aucun souci pour les Saoudiens, ils adorent. La randonnée se révèle être une petite balade. À peine 5 minutes après le départ, tout le monde est déjà en train de manger des cacahuètes ou de boire des jus de fruit.
Le point d'orgue de la balade c'est l'entrée dans la grotte où vivait la famille de notre guide. Il nous explique qu'ils habitaient ici périodiquement. Son père avait trois épouses et il venait par roulement avec chacune d'elles tandis que les autres restaient au village.
Ayant commencé la randonnée tardivement, nous redescendons en pleine nuit. Là aussi nous ne pouvons que sourire, tout en essayant de ne pas glisser sur ces pierres rendues glissantes par les pluies du matin. Décidément ces Saoudiens ne font rien comme tout le monde.
Rentrés sains et saufs, nous pensions nous installer bien au chaud mais non. C'est dehors que le dîner du soir est prévu. Comme un bon mois d'août en France, nous préparons des hamburgers au barbecue, accompagnés d'une salade. Tout le monde semble oublier qu'il fait entre 5 et 10 degrés.
Musique, thé, café, jeux, la soirée poursuit son cours et tout le monde est ravi. Pour notre part, il fait si froid qu'on a hâte de rentrer, malgré les belles rencontres et cette magnifique soirée où nous avons été chaleureusement invités.
Minuit passé, il est l'heure de remballer les affaires. Le groupe remonte dans le bus direction Djeddah, tandis que Saïf nous amène dans sa ferme. Nous nous couchons bien au chaud à plus de 2h du matin. Enfin !
Taïf, Arabie Saoudite le 14 janvier 2023
Saïf débarque en fin de matinée avec le petit-déjeuner. Le moment est convivial et propice aux confidences. Nous partons ensuite à la découverte de sa petite ferme où nous goûtons de petits fruits au goût de poire. Il nous amène ensuite visiter les écuries voisines. Certains pur-sang arabes valent une fortune.
Notre séjour avec Saïf touche à sa fin. Il nous raccompagne à Taïf où nous avons loué une chambre d'hôtel pour la nuit.
Jours 346 à 349 🇸🇦 - Riyad, dernière étape saoudienne
De Taïf à Riyad, Arabie Saoudite le 15 janvier 2023
Nous nous rendons à la gare routière de Taïf à pied. 800 kilomètres nous attendent aujourd'hui. Le trajet en bus n'est pas bien compliqué à suivre même sans GPS : il s'agit d'une ligne droite sans aucun virage de Taïf à Riyad, la capitale du pays. Nous ne croisons que très peu de villages et hormis quelques dromadaires, la route est totalement désertique.
Nous arrivons à Riyad dans la soirée. Notre hôte, qui devait venir nous chercher, se défile au dernier moment. Il nous explique très vaguement de prendre un bus de ville, ce qui est plutôt compliqué ici car rien n'est indiqué. Nous tenons bon et parvenons à nos fins après quelques moments d'errance dans la grande gare routière. C'est avec fierté que nous montons dans notre premier bus de ville en Arabie Saoudite !
Après cette très longue journée, nous débarquons chez Mahmoud, un égyptien d'origine qui nous accueille avec des plats de son pays et deux bons jus de fruit. C'est divin !
Riyad, Arabie Saoudite du 15 au 18 janvier 2023
Ce séjour à Riyad se révèle reposant. Nous vivons en plein coeur de ville chez un hôte qui travaille beaucoup et que nous ne croisons pas. De plus, nous avons le luxe d'avoir une chambre rien qu'à nous, une cuisine et même une machine à laver. L'appartement se transforme vite en étendoir à linge et en crêperie.
Nous visitons aussi plusieurs lieux emblématiques de la ville, la Bibliothèque Nationale du Roi Fahad notamment. Son architecture extérieure est assez impressionnante. Le bâtiment est orné d'un motif en forme de cube, fait de tissus en losanges transparents qui suivent le style traditionnel du Moyen-Orient. Il permet de voir de l'intérieur vers l'extérieur sans être vu, tout en lui donnant une touche esthétique unique.
Le quartier attenant est moderne et les trottoirs piétons agréables. La capitale saoudienne nous étonne positivement. Pour être honnête, on reste loin de nos standards européens, mais on peut dire que la ville va dans le bon sens surtout qu'un métro est en passe d'être inauguré prochainement.
Le lendemain nous nous rendons à un tour organisé totalement gratuit. Il nous est recommandé par Saïf, qui nous a mis en relation avec l'organisateur, un dénommé monsieur Turki. Nous l'avons contacté sur WhatsApp pour convenir de l'heure et du lieu de rendez-vous.
Nous rejoignons le coeur historique de Riyad à bord de notre moyen de transport fétiche, j'ai nommé le bus de ville. L'ambiance de ce quartier bien rénové, nous replonge dans le Riyad d'origine avec ses cafés et son petit souk.
Notre guide, Mohammed, arrive habillé avec un long qamis gris de style qatari. La visite débute par le fort Masmak, un édifice fait en argile et en terre crue, dont l'importance est capitale pour l'histoire de toute l'Arabie Saoudite. Il s'agit désormais d'un musée. Mohammed nous raconte dans un anglais parfait toute l'histoire du pays, des origines jusqu'à l'époque moderne, et de nombreuses coutumes qu'on ne connaissait pas.
En 1902, le jeune Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, entreprend de reconquérir Riyad, alors aux mains de la famille Al Rachid. Il n'est accompagné que d'une soixantaine de fidèles compagnons. La nuit du 15 janvier 1902, six d'entre eux escaladent les remparts de la cité, pénètrent par les terrasses dans le fort et assassinent l'émir de Riyad Ajlan, provoquant la reddition de toute la garnison.
La suite de ce tour organisé se poursuit avec la visite de la mosquée Al Rajhi, située en périphérie de Riyad. Cette partie nous présente un peu les différentes facette de l'Islam. Déjà bien au fait de cette religion après avoir passé plusieurs mois dans des pays musulmans, nous n'apprenons pas grand chose.
Pour conclure en beauté, notre guide nous amène au Najd Village, un restaurant traditionnel. C'est l'occasion de déguster une dernière fois les plats saoudiens. Nous recevons par la même occasion des cadeaux un peu spéciaux : un qamis pour moi et une robe pour Clémence, un Coran traduit en français, des cartes postales et des babioles souvenir.
De ce tour, nous avons particulièrement aimé la visite du fort Masmak qui nous a appris énormément d'informations sur l'histoire de l'Arabie Saoudite. Le reste était un peu plus étrange, mais nous ne sommes pas à ça près. C'est quand même incroyable de se dire que tout ce que nous avons fait et vu aujourd'hui était offert par une fondation saoudienne afin de présenter toutes les facettes de leur pays, sous un regard un peu trop partial et enjôleur.
Jour 349 🇸🇦 - En route pour les Émirats
De Riyad à Dubaï, Arabie Saoudite le 18 janvier 2023
Une longue route nous attend. Nous enchaînons deux bus de ville et rejoignons la gare centrale de la capitale saoudienne une bonne heure et demie avant le départ. Un désert nous sépare des Émirats Arabes Unis, notre prochaine destination, si bien qu'il était impensable d'y aller autrement qu'en transport. Nous nous estimons d'ailleurs chanceux d'avoir trouvé un bus SAPTCO reliant Riyad à Dubaï.
Nous enchaînons les kilomètres à faible vitesse. Les paysages sont désertiques et plats, rien de bien passionnant. On se replonge un peu dans nos souvenirs.
L'Arabie Saoudite fut un pays aussi incroyable que fatiguant. Nous y avons fait de belles rencontres et vécu des expériences folles. Je ne pensais pas que ses habitants seraient aussi intenses dans leur générosité et dans leur rythme de vie totalement décalé. Nous avons eu la chance d'observer des babouins sauvages, d'explorer des déserts et des wadis et de découvrir une culture bien différente.
Les distances sont immenses et je comprends que l'avion y soit si répandu. J'espère néanmoins qu'ils continueront sur leur lancée ferroviaire. Notre volonté de voyager le plus possible sans avion nous a amené à battre notre record de kilomètres parcourus en auto-stop, nous avons de quoi être fiers d'un tel parcours.
Nous mentirions si nous ne disions pas que l'absence, ou plutôt la dissimulation, des femmes est pesante, en particulier pour Clémence. La société saoudienne est très patriarcale et induit une séparation incompréhensible des genres, qui a heureusement tendance à disparaître dans les grandes villes. De plus, il ne faut pas oublier que le pays n'est pas une démocratie et que la condition de certains travailleurs étrangers ou considérés comme tels est parfois difficile (naître en Arabie Saoudite ne procure pas la nationalité).
Le pays change à vue d'oeil et ce fut, je crois, une chance de l'avoir visité avant qu'il ne soit totalement transformé par la modernité.
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Après près d'un an sur les routes, nous arrivons aux Émirats Arabes Unis, le point final de notre voyage sans avion. Dépasserons-nous nos préjugés sur cette destination controversée ? Et surtout, que ferons-nous après ? Découvre notre expérience dans le dernier journal de bord de ce voyage sans avion.
Plus qu'un blog voyage, nous partageons nos péripéties au fur et à mesure de notre aventure comme on les vit, avec passion et sincérité. Si tu veux nous adresser quelques mots, tu peux nous contacter sur nos pages Instagram : Clémence et Adrien.