Journal de bord en Jordanie 🇯🇴
La ville oubliée de Petra, le désert du Wadi Rum, ces noms sont indissociables de la Jordanie. Notre traversée du Moyen-Orient sans avion nous amène dans ce pays bien connu des voyageurs. Pour une fois, nous ne sortons pas vraiment des sentiers battus. Ça fait du bien !
Voici le récit de notre passage en Jordanie.
🌍 | Journal de bord de notre voyage sans avion
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Jours 284 à 290 🇯🇴 - Les sept collines d'Amman
Amman, Jordanie le 14 novembre 2022
Nous y voilà enfin, Amman, capitale de la Jordanie. La journée fut longue, très longue. Nous avons quitté Damas il y a environ huit heures. La route fut assez animée entre les check-points militaires, la paperasse administrative à la frontière et l'invitation à boire le thé chez notre chauffeur. Son frère nous dépose vers 20h30 au niveau du rond-point de Paris, un nom qui nous rappelle la maison.
Aileen nous attend de l'autre côté de la rue, juste devant le Starbucks Coffee. Elle a gentiment accepté de nous accueillir pour les deux prochaines nuits. Au premier sourire, on devine que notre séjour avec elle sera parfait.
Nous nous laissons d'abord entraîner vers un petit vendeur de manaïche, ces pains arabes garnis de zaatar (plante de la famille du thym) ou de fromage. Nous en commandons plusieurs afin de varier les plaisirs. Un ami à elle nous dépose ensuite tous les trois à son appartement, ce qui nous évite une bonne demi-heure de marche.
Aileen vit au dernier étage d'une petite maison sur la colline Jabal Al Hussein. Il fait assez bon en ce mois de novembre malgré une petite brise fraîche, nous nous installons dehors. La vue de sa terrasse est sublime de nuit, on a hâte de la découvrir en plein jour.
Nous en apprenons plus sur Aileen. Elle s'est installée à Amman il y a environ deux mois afin d'enseigner l'allemand à l'université. Néanmoins, si elle est venue ici, c'est avant tout pour se perfectionner en arabe. Quoi de mieux que de s'immerger dans la culture d'un pays pour en apprendre sa langue.
Nous restons tard tous les trois à discuter, jusqu'à ce que la fatigue des derniers jours nous rattrape.
Amman, Jordanie le 15 novembre 2022
Réveil tardif, nous restons presque toute la journée à la maison. C'est l'occasion de raconter à nos parents respectifs le récit de notre séjour à Damas. Aileen nous rejoint le soir venu après sa journée de cours.
Avec elle, nous nous rendons juste après le coucher de soleil sur la colline d'en face, nommée Jabal Al Lweibdeh. C'est là que se situe le rond-point de Paris où nous sommes arrivés hier. Il s'agit en quelque sorte du quartier phare des expats de la ville. C'est d'ailleurs là que se trouve l'institut français.
Nous prenons vite la mesure de l'immensité d'Amman. Partout où se porte notre regard, nous ne voyons qu'une succession de collines couvertes de bâtiments blancs de quelques étages, surmontés de grandes terrasses. Passer d'un quartier à un autre demande d'ailleurs pas mal d'effort, les pentes sont bien raides. Vivre à Amman est assez sportif lorsqu'on n'a pas de voiture !
Aileen nous fait faire le tour de ses endroits favoris, en particulier le café des langues. Son concept est intéressant puisque tout un chacun peut venir apprendre ou enseigner une langue de son choix (arabe, français, allemand, anglais, etc.). En poursuivant notre chemin, nous tombons sur une exposition consacrée à des artistes palestiniens. Depuis que nous sommes arrivés dans le Moyen-Orient, nous constatons que beaucoup de monde soutient la cause palestinienne.
Nous descendons ensuite une succession de marches jusqu'au downtown, le quartier central d'Amman. Il se situe au pied de la citadelle et correspond à l'ancienne ville romaine de Philadelphia. On y trouve de tout. Les devantures illuminées sont remplies d'habits, de souvenirs et de bijoux. Il y a également des restaurants, des fast-foods et des cafés, où il est bien évidemment possible de fumer une chicha. Nous nous installons dans l'un d'eux, un peu cher il faut l'avouer.
Pour dîner, nous optons pour un classique du Levant : falafels et houmous à emporter. On passe une seconde soirée en compagnie d'Aileen. En deux jours, elle est devenue une véritable amie. Tout va plus vite en voyage, c'est évident !
Amman, Jordanie le 16 novembre 2022
Notre jour de repos n'a pas suffit. Nous décidons de prolonger notre séjour dans la capitale jordanienne en louant une chambre dans un appartement d'un autre quartier. Nous disons au revoir à Aileen, en sachant déjà qu'on se reverra le lendemain pour une session shopping de seconde main.
Nous ne faisons pas grand chose de plus ce jour-là. La vie en voyage n'est pas toujours trépidante.
Amman, Jordanie le 17 novembre 2022
Une petite musique enfantine me trotte dans la tête. À Amman, comme dans toute la Jordanie, les cuisinières fonctionnent au gaz en bouteille. Pour être sûr de ne jamais en manquer, des vendeurs ambulants passent leur journée à sillonner la ville. Ils sont accompagnés d'une musique bien trop forte pour être sûr que personne ne les loupe. Cette musique me rend fou !
Nous sortons vers 16h avant de devenir totalement zinzins. Aileen nous a donné rendez-vous à 17h au niveau du 1er Cercle. En plus des sept collines, la capitale jordanienne s'articule autour de huit grands rond-points. Il est courant de s'y référer. Sur le chemin nous traversons la Rainbow Street. Les rues qui y amènent sont parsemées de jolis lampions et de décorations multicolores. Elles nous motivent pour gravir les derniers mètres jusqu'à notre point de rendez-vous.
Aileen est accompagnée de Cassandra, une allemande qu'elle a rencontrée il y a seulement quelques jours. De notre côté, nous avons proposé à Laura, notre amie belge de nous rejoindre. C'est parti pour une fin d'après-midi shopping entre filles (et Adrien).
Le Friday Market d'Amman se tient chaque semaine du jeudi après-midi au vendredi soir (jours de week-end). L'avantage d'y venir dès le jeudi c'est qu'on trouve tout ce qu'on veut, en grande quantité. Les étals s'étendent sur des centaines de mètres. Pour éviter de se perdre, on se donne un point de ralliement une heure plus tard. Je déniche une grande chemise, Adrien fait du repérage pour acheter une paire de chaussures sans succès. Il y a vraiment de tout ici, blousons, chemises, chaussures, accessoires, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, le tout à petit prix et surtout de seconde main.
L'heure du dîner approchant, on rejoint le downtown à pied. Aileen connaît un bon restaurant à prix abordable, on s'installe à l'étage et on commande plusieurs mezzes à partager tous les 5 (houmous, pain, riz et salade). Un délice. En sortant, on craque pour deux parts de künefe à partager dans la rue, avant de rentrer chacun sur sa colline.
Amman, Jordanie les 18 et 19 novembre 2022
Deux jours de repos sont au programme. C'est le week-end et malheureusement on n'en profitera pas pour explorer davantage la ville.
Tu les connais ces jours où ton corps ne veut absolument pas sortir du lit, même pour aller prendre une douche ?
Ils nous permettent au moins de préparer la suite de notre voyage en Jordanie. Demain on quitte Amman pour de nouvelles aventures. Une chose est sûre, on reviendra bientôt pour explorer un peu plus cette superbe ville.
Jours 290 à 293 🇯🇴 - L'ancienne cité romaine de Jerash
De Amman à Jerash, Jordanie le 20 novembre 2022
Une heure de route vers le nord nous attend. À Amman, il existe deux gares routières. La première relie les régions du nord du pays, la seconde celles du sud. Le seul problème, c'est qu'il n'existe pas de transports en commun pour se rendre dans l'une ou l'autre. Heureusement que les taxis sont très bon marché ici, entre 2 et 3 JOD (2-4€) pour traverser la ville.
Nous sommes les derniers passagers du bus. Sitôt arrivés, sitôt repartis. Le paysage que nous traversons est constitué de collines presque chauves, seuls quelques arbustes arrivent à pousser entre les rochers. Jerash n'est pas la ville plate que nous imaginions. La ville moderne s'est en effet construite sur les collines entourant l'ancienne cité romaine il y a environ 200 ans. C'est ce qui explique que les ruines soient en si bon état.
Nos sacs sur le dos, nous évitons chauffeurs de taxi et guides touristiques et marchons jusqu'à notre logement. La montée est raide, mais nous offre de belles vues sur le site archéologique. Nous sommes accueillis par une petite famille qui vient tout juste d'ouvrir une chambre d'hôtes. Bien qu'ils ne parlent pas anglais, leurs sourires valent mille mots. Tout n'est pas parfait, mais la chambre est très propre. On s'y sent immédiatement bien. Le monsieur nous montre son atelier de menuiserie derrière la maison et nous explique qu'il fabrique une nouvelle clôture.
Cet après-midi, une mission bien particulière m'attend. Il est temps de s'occuper de ma barbe en friche et de mes cheveux un peu longs. Le coiffeur est particulièrement sympathique, je ressors comme neuf, prêt pour les trois prochains mois. C'est pour ce genre d'expériences qu'on est content de s'être éloignés de la zone touristique.
Jerash, Jordanie le 21 novembre 2022
Nous nous rendons en début d'après-midi à la billetterie du site antique de Gerasa. Nous n'avons pas besoin d'acheter de billet car nous disposons du Jordan pass, un indispensable de tout voyage en Jordanie.
Le Jordan pass est un billet combiné valable quinze jours à partir de son activation et qui permet d'accéder à presque tous les sites touristiques de Jordanie. Le prix est bien entendu attractif, d'autant plus qu'il inclut le visa. Le fait qu'on puisse le payer en ligne nous a d'ailleurs permis de ne pas avoir à faire de change à taux désavantageux à la frontière jordano-syrienne (ils n'acceptent pas la carte bancaire). Attention, on ne peut le prendre qu'avant d'arriver dans le pays.
Gerasa est une ancienne cité greco-romaine. Elle aurait été fondée à la fin du IVème siècle avant JC par Alexandre le Grand. Cette origine alexandrienne est encore hypothétique. La cité prit son essor deux siècles plus tard en intégrant notamment la Décapole, un regroupement de villes grecques de la région.
Elle fut conquise par Pompée en 63 avant JC. Les Romains la transformèrent en une cité opulente qui reçut la visite de l'empereur Hadrien en l'an 129. C'est d'ailleurs à cette occasion que fut bâti le grand arc de triomphe par lequel on entre sur le site.
Une grande allée nous amène de l'arc d'Hadrien aux portes de la ville. Elle longe un hippodrome, l'un des plus petits de l'Empire romain. Il est très facile d'imaginer les dizaines de courses de chars ayant eu lieu ici. Certaines parties furent réaménagées par la population locale pour accueillir notamment des ateliers de poterie suite à sa destruction par des tremblements de terre.
La cité de Gerasa nous surprend dès notre arrivée au forum ovale. Situé au pied du temple de Zeus, il est bordé de colonnades et servait à l'époque de place publique, d'agora et de marché. Un drapeau jordanien flotte en son centre. De grandes allées en partent et connectent le reste de la cité.
Nous décidons de suivre la visite à contre-sens afin de mieux suivre le soleil. Nos pas nous amènent d'abord vers le théâtre sud. Trois musiciens profitent de l'acoustique parfaite des théâtres romains. Nous nous installons dans les gradins quelques minutes pour profiter de l'ambiance.
Le site archéologique est grand et bien préservé. La ville a en effet été recouverte de sable au fur et à mesure des années. Les premières fouilles datent d'il y a environ cent ans. Il y a toujours à faire, une équipe d'archéologues français se charge encore de nos jours de la rénovation du sanctuaire de Zeus.
Nous découvrons plus loin un second théâtre plus petit, des églises aux somptueuses mosaïques, des temples romains et de longues allées à colonnades. Plus l'après-midi avance et plus le site se teinte de couleurs dorées. Les habitants de la ville moderne ne tardent pas à faire voler leurs pigeons comme à Amman.
Avant de venir en Jordanie, nous n'avions jamais entendu parler de Gerasa. Et pourtant il s'agit d'un véritable coup de coeur. Nous ne pouvons qu'en recommander la visite !
Jerash, Jordanie le 22 novembre 2022
Une nouvelle journée se lève. Nous aurions pu rentrer directement à Amman la veille, mais nous avons souhaité prendre notre temps. Nos pas nous amènent vers midi dans les quartiers plus récents, sur la rive orientale du wadi qui sépare le centre-ville du site archéologique.
Il n'y a pas grand chose à voir. Nous profitons néanmoins de l'ambiance du souk et de la vraie vie. La plupart des gens se sont arrêtés de travailler. Ils ont tous les yeux rivés sur leur écran de téléphone ou sur des télévisions accrochées au mur. Le score est surprenant : l'Arabie Saoudite mène 2-1 face à l'Argentine dans les toutes dernières minutes de la rencontre. La coupe du monde au Qatar vient de débuter et elle s'annonce folle. Au coup de sifflet final, c'est l'explosion de joie. Les Jordaniens célèbrent la victoire de leur voisin comme s'ils avaient eux-mêmes gagné.
Avant de rentrer, nous ne manquons pas de commander deux sandwichs falafels à 0,35 JOD l'unité (0,5€). Succulent et très très bon marché.
Jours 293 à 297 🇯🇴 - La citadelle d'Amman
De Jerash à Amman, Jordanie le 23 novembre 2022
Un taxi jaune nous interpelle en klaxonnant tandis que nous marchons en direction de l'arrêt de bus pour Amman. Non, nous ne monterons pas dans ton taxi à 15 JOD alors que le bus coûte seulement 1 JOD. Le conducteur du bus nous salue juste après avec le sourire. Il nous fait signe de prendre place à l'intérieur car le départ est imminent.
Je m'assoie à côté d'un monsieur bien habillé, la 60ène. Clémence se retrouve quant à elle tout au fond avec trois autres jeunes femmes. Dans le bus, hommes et femmes ne s'assoient pas à côté sauf s'ils sont de la même famille.
Le bus démarre, je salue mon voisin en me présentant avec mes deux mots d'arabe appris sur internet. Il me répond dans un anglais correct. Nous poursuivons la discussion durant tout le trajet et parlons du conflit palestinien, des différences culturelles entre la Jordanie et la France et un peu de sa vie et de notre voyage. Il est très surpris qu'il soit légalement possible en France de vivre en couple et d'acheter un appartement sans être mariés. De mon côté, je trouve étonnant qu'il soit légalement possible d'avoir plusieurs femmes en Jordanie. On s'écoute sans jugement et le trajet passe à une vitesse folle. Clémence, quant à elle vit une expérience totalement différente. Les trois filles du fond lui expliquent qu'elles admirent son courage de voyager et d'avoir fait des études. Ce n'est pas toujours facile d'être une femme en Jordanie.
Terminus, tout le monde descend. Nous n'avons pas vu le temps passer. Le bus nous dépose à la gare routière du nord de la ville. Juste avant de sortir, je demande à mon voisin s'il existe éventuellement des transports en commun. Sans internet, nous ne pouvons pas commander de Uber et nous préférons éviter les taxis pour ne pas avoir à nous battre avec eux. Notre nouvel ami nous explique alors qu'il existe des taxis partagés à un prix fixe défiant toute concurrence (0,50 JOD, soit 0,70€ par trajet). Nous le suivons. En chemin, il interroge plusieurs personnes et nous dirige vers un bout du parking où des véhicules blancs sont alignés.
Plutôt que de nous laisser partir, notre nouvel ami monte avec nous dans le premier véhicule qui part en direction du downtown. C'est à ce moment là qu'on comprend qu'il s'est donné pour mission de nous amener à destination. En arrivant, je tends un billet au chauffeur. Il me fait non de la tête, notre ange gardien a payé pour nous. Il nous accompagne encore sur quelques rues jusqu'au pied de l'appartement, avant de nous saluer et de s'en aller.
Quelle gentillesse incroyable !
Amman, Jordanie le 23 novembre 2022
En se renseignant sur internet, on se rend compte que notre fenêtre météo est assez courte. Dès demain, la pluie va s'inviter pour toute la suite de notre séjour à Amman.
Nous profitons donc de cette dernière après-midi ensoleillée pour nous rendre au sommet de la citadelle. Comprise dans le Jordan Pass, elle offre de jolies vues sur la ville et on peut y visiter un petit musée archéologique.
Il est 16h lorsque nous arrivons en haut. Les lumières de cette fin de journée sont superbes. Les immeubles des environs prennent peu à peu une teinte orangée. À cette heure de la journée, les habitants d'Amman ont pour habitude de lâcher des centaines de pigeons dans les airs. Ils volent en groupe et en cercle, guidés par les sifflements de leurs propriétaires, tels des essaims d'abeilles.
La citadelle est principalement en ruine et nous comprenons vite que son principal attrait est d'observer les collines alentours. Quelques scènes de vie attirent notre curiosité, comme ce groupe d'enfants qui jouent au football au pied de trois colonnes romaines. Un petit musée archéologique plutôt intéressant permet de compléter la visite.
La nuit débute lorsque nous sortons. Aileen nous propose de la rejoindre au sommet de la colline où se situe le rond-point de Paris afin de dîner. Ce retour à Amman dans un quartier que nous connaissons est particulièrement plaisant. Il nous offre un peu de ce sentiment de retour à la maison, avec notre quartier et nos amis.
Amman, Jordanie le 24 novembre 2022
Qui dit jeudi à Amman, dit Friday Market, le grand marché hebdomadaire de seconde main. Cette fois-ci, nous souhaitons y aller pour une raison bien précise : m'acheter une paire de chaussures et une chemise. Il se trouve que nos habits souffrent après neuf mois de voyage.
Avant cela, nous nous rendons à pied au mall, le grand centre commercial de la ville, pour faire des courses. Nous sommes chanceux car il ne se situe qu'à une trentaine de minutes à pied de l'appartement et le chemin pour y aller est principalement plat.
Ce que nous n'avions pas calculé, c'est que cette semaine correspond au Black Friday. Toutes les boutiques affichent « soldes » sur leur devanture. Je motive Clémence à entrer dans le premier magasin venu et nous voilà embarqués à rechercher de bonnes affaires.
Après ces achats imprévus, nous poursuivons notre journée courses au Friday Market. Chemise, t-shirts, chaussettes et paire de chaussures en poche, nous sommes habillés pour les neuf prochains mois.
Amman, Jordanie le 25 novembre 2022
En ouvrant la fenêtre, nous constatons que la prédiction météo a dit vrai. Il fait gris et il pleut. Le temps est loin d'être propice à la balade ce matin. L'après-midi est même annoncé orageux.
Nous sortons néanmoins à la faveur d'une éclaircie. Il nous reste deux endroits à visiter absolument à Amman.
Le premier est le théâtre, qu'on avait pu apercevoir depuis la citadelle. Là aussi l'entrée est comprise dans le Jordan Pass. Sans cela, la visite aurait été un peu décevante, notamment parce qu'elle est très rapide.
Le second est bien plus intéressant, il s'agit du restaurant Habibah Sweets. Sa réputation le précède et il y a bien souvent foule devant. La spécialité et seul plat de la maison, des künefes. Ils s'avèrent délicieux et leur saveur est plus équilibrée que ceux testés en Turquie, notamment parce qu'ils sont moins sucrés. Petit conseil, ne te laisse pas décourager par la file d'attente, le service est très très rapide.
L'heure est venue de remonter au sommet de notre colline. Une dernière journée nous attend.
Amman, Jordanie le 26 novembre 2022
Comme la veille, le temps est à la grisaille et à la pluie. Ça tombe bien car nous avons décidé de rester à l'appartement pour avancer sur l'écriture de notre journal de bord.
Nous invitons Aileen pour le café. Elle nous rejoint une fois son cours d'arabe terminé. Cette visite est l'occasion pour nous de la saluer une dernière fois. Nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de la revoir de si tôt. En quelques jours, nous avons noué une belle amitié.
Nous devons avancer de notre côté car une belle aventure nous attend dans le sud de la Jordanie. Mais avant, nous avons rendez-vous avec l'une des merveilles de ce monde.
Jours 297 à 300 🇯🇴 - Les trésors de Petra
De Amman à Wadi Musa, Jordanie le 27 novembre 2022
Cette fois-ci, nous partons d'Amman par le sud. Nous avons adoré notre passage ici, la capitale jordanienne est facile et agréable à vivre. Nous commandons un Uber et arrivons assez rapidement à la South Bus Station.
Un rabatteur crie « PETRA ! WADI MUSA ! » à tout va. Nous ne cherchons pas plus loin notre bus, qui est quasiment vide pour le moment. On dépose nos sacs et on ressort pour patienter à l'air frais. Des passagers arrivent au fur et à mesure. Une demi-heure plus tard, on nous fait signe de monter. Il est complet.
Avant qu'on ne démarre, le rabatteur monte récupérer l'argent auprès des passagers. Nous sommes installés au dernier rang et pourtant il se dirige vers nous en premier. Bizarre. « 14 JOD, please », nous demande-t-il. Adrien lui tend un billet de 10 JOD pour nous deux. En effet, la veille nous nous sommes renseignés sur le prix du ticket auprès de notre hôte du soir et il nous a bien dit de ne pas payer plus de 5 JOD chacun. Le monsieur insiste plusieurs minutes et nous réclame la différence.
C'est bien ce que je déteste en Jordanie. Le pays est tellement touristique que les locaux pensent qu'il est normal d'augmenter les prix de manière aléatoire pour les étrangers. Le pire, c'est que les autres passagers font mine de ne pas écouter pour ne pas avoir à s'en mêler. Me voilà donc seule à essayer de débattre avec le rabatteur. Heureusement que nous avions préparé l'appoint. Nous tenons bon et après quelques minutes, il finit par nous laisser tranquille. Preuve, s'il en fallait une, de la tentative d'entourloupe.
Il descend, le chauffeur monte et le bus part enfin. Nous quittons la capitale énervés et entamons notre descente vers le sud en empruntant l'autoroute du désert. Les villages se font rares et nous nous apaisons en voyant nos premiers dromadaires sauvages.
Nous arrivons à Wadi Musa en début d'après-midi. Nous contactons notre hôte qui nous amène dans l'appartement où nous avons réservé une chambre pour les trois prochaines nuits. Très simple et pas cher, il fera l'affaire.
Nous profitons du reste de l'après-midi pour rejoindre un joli point de vue pour le coucher de soleil. Ce qui est sûr c'est que Wadi Musa est très vallonné. Mes mollets chauffent déjà.
Petra, Wadi Musa, Jordanie le 28 novembre 2022
Nous logeons dans le centre-ville de Wadi Musa. La ville, plutôt récente, ne présente pas grand intérêt à part des restaurants et des cafés assez onéreux, si on les compare au reste du pays. On se rend au supermarché d'en face et on achète de quoi pique-niquer. Là aussi on fait attention que chaque article soit bien bipé. Sinon, ta bouteille d'eau peut vite te coûter le double du prix, juste parce que tu es étranger.
20 minutes de marche sont nécessaires pour rejoindre le Visitor Center de Petra. Le trajet est totalement en descente, rien de plus facile. Les chauffeurs de taxi ne semblent pas s'en rendre compte. Ils nous klaxonnent à tout va. C'est plus qu'agaçant à la longue. Mais on tient bon et on arrive vers 9h en bas. Le prix de deux jours à Petra justifie à lui seul l'obtention d'un Jordan Pass (voir article sur Jerash). On le montre à la billetterie et on reçoit deux tickets pour les deux prochains jours.
Le chemin caillouteux principal est large. Nous le suivons jusqu'à nous retrouver devant l'entrée d'un canyon. De l'autre côté se trouve la cité nabatéenne de Petra.
Les Nabatéens sont un peuple commerçant et semi-nomade arabe de l'Antiquité aux origines encore obscures. Des traces de leur présence dans la région ont été retrouvées durant le Ier millénaire avant JC. Ils vivaient au carrefour de la route de l'encens, dont l'itinéraire terrestre relie le Yemen à la Syrie, et de celle des épices, de la Perse au port de Gaza. Les routes se croisaient précisément à Petra, d'où son importance stratégique.
Fondée vers la fin du VIIIème siècle avant JC par les Édomites, Petra est occupée vers le VIème siècle avant JC par les Nabatéens qui la font prospérer. Sa situation géographique lui offre une protection naturelle. Elle se trouve dans une zone montagneuse accessible par seulement deux côtés. Le premier passe par un étroit canyon, le Siq, et le second suit des sentiers abrupts, difficilement praticables pour les non initiés. Pour que la vie soit possible ici, les Nabatéens ont creusé une série de canaux et d'aqueducs qui assuraient à la ville un approvisionnement constant en eau. Il s'agit d'une véritable prouesse en terme d'ingénieurie hydrologique. La ville atteint son apogée en l'an 50. Elle aurait abrité à cette époque jusqu’à 20 000 habitants (chiffre encore sujet à débat, d'autres estimations indiquent entre 30 ou 40 000 habitants).
Nous entrons alors dans le Siq. Nous prenons plaisir à arpenter ce canyon et à admirer les roches colorées qui le forment. C'est très beau ! Alors que l'on s'approche du bout, le Trésor (Khazneh) se dévoile progressivement. Il s'agit du tombeau le plus célèbre du site à la façade presque intacte. En levant les yeux, on constate des impacts de balles autour d'une urne sculptée dans la pierre. Pensant qu'un trésor s'y cachait, les bédouins n'ont pas hésité à la cribler de balles afin de la percer, pour finalement se rendre compte qu'il n'y avait rien d'autre que de la pierre.
Il y a pas mal de monde devant le Trésor et des rabatteurs essayent de nous vendre des tours guidés. Nous poursuivons notre chemin et arrivons dans une zone plus ouverte. Petra se révèle alors vraiment à nos yeux. Des dizaines de temples et de tombeaux, taillés dans la roche, se succèdent sur notre gauche. On comprend pourquoi ce passage est appelé la rue des façades. Nous descendons le cours du wadi, à sec ces jours-ci, jusqu'à l'amphithéâtre. Les falaises s'écartent et nous nous retrouvons vite dans une zone plus dégagée. Une longue allée pavée s'étire jusqu'à un temple en ruine.
Il y a moins de touristes et les animaux sont au repos. Ces dernières années, Petra est devenu l'une des destinations phare des touristes occidentaux et asiatiques. L'inscription sur la pseudo-liste des nouvelles merveilles du monde y est sûrement pour quelque chose. En résultent des flots ininterrompus de visiteurs. Ironiquement, la ville est souvent mentionnée comme la cité oubliée, ou perdue, de Petra. C'était vrai il y a deux cents ans, c'est loin d'être le cas au XXIème siècle. Avec le tourisme de masse, les locaux se battent pour vendre des babioles, toutes identiques, au bord des sentiers. Le pire vient sans doutes des pauvres ânes, mis à contribution pour trimballer les plus fainéants. Croisons les doigts pour que les choses changent et que Petra retrouve un peu de raison.
Après avoir traversé la longue allée, nous arrivons au pied de nouvelles parois rocheuses. La suite de la visite nous attend tout en haut. C'est parti pour gravir des dizaines de marches sous un soleil qui vient tout juste de percer la grisaille matinale. Nous arrivons assez vite en haut. Face à nous, le Monastère (Deir). Son nom vient du fait qu'il fut utilisé par des moines chrétiens. Il a été construit là, en haut du second point d'accès à la cité. Le paysage est lui aussi incroyable. Nous nous trouvons au sommet d'un col assez haut en altitude. Tout autour de nous se dressent de petits pics montagneux, dont certains plongent à pic dans un canyon vertigineux. Je ressens pour la première fois la magie de Petra.
Nous venons de marcher environ 10 kilomètres. Le chemin du retour est exactement le même que celui de l'aller. Nous descendons les marches et remontons le cours du wadi, puis traversons le Siq dans l'autre sens. La tâche est rendue très difficile par l'arrivée de milliers de touristes, tout juste débarqués de leur navire de croisière. Aqaba, le seul port de Jordanie, n'est qu'à deux heures de route.
C'est heureux et fatigués que nous rentrons à la maison. Le lendemain, nous y retournons.
Petra, Wadi Musa, Jordanie le 29 novembre 2022
La pluie s'est invitée durant la nuit. Nous repoussons de fait notre départ d'une bonne heure, ce qui n'est pas plus mal pour se reposer.
Petra est immense, il nous reste pas mal à voir. Au programme du jour, nous souhaitons grimper un peu pour visiter les tombeaux royaux, l'église byzantine, avant de finir par la randonnée du Haut-lieu du Sacrifice.
En sortant du Siq, nous prenons directement à droite. L'escalade est facile et nous offre de superbes vues sur l'amphithéâtre. Puis, nous redescendons un petit peu jusqu'aux tombeaux royaux. Il s'agit d'une succession de quatre tombeaux monumentaux adossées à la paroi rocheuse de la Khubthah.
On y trouve le tombeau de l’Urne, le tombeau Corinthien, similaire au Trésor bien qu'il ait plus souffert de l’érosion, le tombeau à étage, lui aussi endommagé, et enfin le tombeau de Sextus Florentinus, le gouverneur de la Province Romaine d’Arabie. Leur architecture est aussi intéressante qu'harmonieuse. On ressent beaucoup les influences des civilisations voisines, notamment celle de la Grèce antique.
Par la suite, nous poursuivons jusqu'à l'église byzantine. Celle-ci date du Vème siècle et fut détruite par un incendie peu de temps après sa construction. Ses mosaïques représentant des plantes et des animaux sont particulièrement belles.
La journée passe et il est temps d'attaquer la randonnée du Haut-lieu du Sacrifice. Il faut savoir qu'il existe de nombreux sentiers de randonnée à Petra, tous très peu fréquentés au regard du nombre de visiteurs qui visitent le Trésor. Elles valent la peine d'être arpentées.
La nôtre débute derrière le Grand Temple. Elle nous amène de l'autre côté de la montagne où se trouve l'amphithéâtre et l'allée des façades. Nous longeons d'abord le wadi Al Farasah jusqu'à arriver au pied de la montagne via un petit sentier sabloneux. Il laisse alors place à une succession d'escaliers taillés dans la roche. La vue est imprenable sur les montagnes alentours.
De nombreux petits tombeaux ont été creusés tout au long du chemin, comme celui du tombeau au Jardin. Nous profitons de notre temps presque seuls, jusqu'à arriver au sommet où d'autres vues encore plus belles nous attendent. Nous redescendons l'autre versant jusqu'à arriver non loin de l'entrée.
J'ai adoré cette seconde journée, encore plus que la première. Finalement, nous avons bien fait de prévoir deux jours de visite. C'est le compromis parfait qui permet d'à la fois faire le tour des incontournables, mais aussi de visiter un peu le reste du site qui est tout aussi beau.
Après ces deux belles journées à Petra, nous repartons contents de notre expérience. Certes il faut mettre de côté les points noirs du tourisme de masse, mais il est toujours possible de profiter des lieux calmement et sans se lever à 5h du matin.
Jours 300 à 310 🇯🇴 - Désert du Wadi Rum
De Wadi Musa à Wadi Rum, Jordanie le 30 novembre 2022
Quand le bus est à 9h, il faut comprendre qu'il ne partira pas avant 10h. Bref, nous sommes en route pour le Wadi Rum, ce désert de sable rouge du sud de la Jordanie.
Il y a deux semaines, notre amie danoise Emilie, que nous avions rencontrée lors de notre volontariat en Géorgie, nous a appris qu'il était possible de faire du volontariat dans le désert du Wadi Rum. C'est donc là que nous nous rendons.
Nous descendons à l'intersection entre l'autoroute et la route qui mène à l'entrée du parc national et commençons l'auto-stop. Un taxi s'arrête, nous refusons. Une voiture s'arrête peu après. Deux franco-algériens nous proposent de nous amener. En route !
Avec eux, nous arrivons aux portes du Wadi Rum. De là, nous expliquons au garde que nous avons rendez-vous avez Raad du camp Magic Bedouin Star. Celui-ci décide d'arrêter la première voiture venue pour qu'elle nous dépose dans le village. La plupart des bédouins y vivent depuis une cinquantaine d'années. Avant cela, ils étaient nomades.
Arrivés, nous contactons Raad pour qu'il vienne nous chercher. C'est finalement Sultan, son petit frère, qui débarque quelques minutes plus tard à bord de son 4x4 Toyota gris. Il nous amène dans le salon des invités de la maison familiale. Nous y restons tout l'après-midi sans trop comprendre pourquoi. Le soir venu, il nous embarque à nouveau en direction du désert après nous avoir servi un plat de riz / poulet local.
C'est là-bas que se trouve le camp dans lequel nous allons passer les dix prochains jours.
Désert du Wadi Rum, Jordanie du 1er au 10 décembre 2022
Nous logeons donc dans le camp Magic Bedouin Star. Créé par Raad et sa famille, il s'agit d'un petit camp permanent composé d'une dizaine de tentes traditionnelles rayées noires et blanches, d'une grande tente commune et de sanitaires en dur impeccables. Le camp est adossé à une paroi rocheuse et proche d'une grande dune de sable rouge. Une quarantaine de camps similaires comme deux gouttes d'eau sont disséminés dans tout le désert. Tous appartiennent à la même tribu de Bédouins, mais sont gérés par des familles différentes.
Le cadre est idyllique et je n'ai parfois pas l'impression d'être sur terre. C'est pour cela que des scènes de Star Wars (Rogue One, L'Ascension de Skywalker), mais aussi du film Seul sur Mars ont été tournées ici.
Durant nos dix jours dans le camp, nous apprenons la patience et le travail lent. Les tâches ne sont pas claires du tout. On est venus ici pour améliorer la visibilité sur internet du camp. Sauf qu'on ne nous demande pas vraiment de le faire. On apprend ce qu'implique la vie avec des bédouins. Tout est possible et tout peut arriver.
La vie au camp est rythmée par les arrivées des touristes. Parfois ils ne sont que deux, d'autres fois six et d'autres fois encore une vingtaine. Rares sont ceux qui restent plus d'une nuit. C'est assez déconcertant pour nous qui aimons prendre notre temps.
Je vais essayer de résumer une journée type. Réveil 8h30 pour le petit déjeuner préparé par le chef cuisinier soudanais. Le menu est assez copieux et délicieux : houmous, fromage frais, pain arabe, confiture, petite salade de concombres et de tomates. Les touristes partent généralement entre 9h et 10h, au bon vouloir des bédouins. Nous profitons alors d'un moment tranquille seuls sur le camp. Notre matinée n'est en général interrompue que par l'arrivée d'un des frères de la famille. Il nous appelle afin de l'aider à nourrir les dromadaires. Le père et la mère de Raad possèdent en effet quatre mamans dromadaires... et quatre bébés. Nourrir et m'occuper des dromadaires fut certainement mon activité préférée sur le camp. Le lait des chamelles est au passage délicieux et doux. Son goût est proche du lait de vache.
En Jordanie et dans tout le Moyen-Orient, les dromadaires valent de l'or. Tous n'ont pas les mêmes aptitudes. Certains sont dédiés à la reproduction, d'autres à la course et d'autres encore élevés pour leur lait. La durée de la gestation est de 13 mois et les femelles portent entre 3 et 7 chamelons durant toute leur vie. Les dromadaires sont donc très bien traités par les bédouins, comme on a pu le constater durant tout notre séjour.
Généralement, nous poursuivons la journée par un peu de travail sur le camp ou sur internet. Nettoyer et ranger les tentes, prendre quelques photos pour Booking. En milieu d'après-midi, nous sortons explorer les environs à pied. Le camp se situe non loin du Little Bridge, une petite arche très photogénique. Quoi qu'il en soit, peu importe où nous marchons, les paysages sont tous très beaux dans ce désert. La nuit tombe vers 17h à cette saison. Les couchers de soleil sont incroyables !
Le soir, le camp s'anime. Raad ou son cousin débarquent avec des invités et le chef cuisinier. C'est l'heure de préparer le repas. Nous avons compris au fur et à mesure du séjour que notre véritable rôle était de faire l'animation. Les bédouins n'aiment pas spécialement accueillir des visiteurs étrangers. Ce n'est pas leur truc de discuter avec les touristes, surtout que l'anglais n'est pas leur fort. De notre côté, nous aimons cela. C'est un peu comme si on avait de nouveaux invités tous les soirs. Nous les accueillons et leur présentons les environs. Un repas excellent s'ensuit généralement, préparé avec amour par Mujtaba le chef soudanais.
C'est de cette manière que nous avons rencontré Ali et Anita, un marocain et une Croate qui vivent tous deux en Belgique. Nous avons bien accroché avec eux et nous sommes promis de nous revoir à Aqaba une semaine plus tard. Nous avons aussi fait la connaissance d'Andréa, un Italien très sympathique et de plein d'autres voyageurs de passage. Après quelques jours, Gal, un israélien, est venu lui aussi faire du volontariat. On s'est vite très bien entendu tous les trois.
L'expérience fut aussi belle que contrastée. La vie avec les bédouins est plutôt compliquée, en particulier lorsque l'on passe de l'autre côté de la barrière. L'organisation n'est pas leur point fort et on se demande parfois s'ils ont réellement envie d'accueillir des touristes ou s'ils ne le font que parce qu'il s'agit de la manière la plus facile de gagner de l'argent. Nous retiendrons de cette expérience qu'il est facile de berner des touristes en leur faisant miroiter la vie de bédouin dans le désert, sans leur montrer que leur vie en 2022 est bien plus sédentaire que la nôtre.
Avant de venir, je pensais apprendre de nouvelles choses, des savoirs ancestraux ou des histoires incroyables que les bédouins sont censés se transmettre de génération en génération. Malheureusement, ils préfèrent rouler pour tout et rien dans le désert avec leur 4x4 et sont accros aux réseaux sociaux. Les moments les plus touchants sont venus du père et de la mère de Raad, qui ont veillé toute une journée auprès d'une chamelle malade jusqu'à ce qu'elle aille mieux.
Heureusement que le désert est sublime. Je me souviendrai toute ma vie de ces paysages magiques.
Jours 310 à 313 🇯🇴 - Aqaba et la mer Rouge
Du Wadi Rum à Aqaba, Jordanie le 10 décembre 2022
Le jour se lève sur le désert du Wadi Rum. Nous venons de passer une dizaine de jours dans cet endroit merveilleux. Nous étions enchantés d'arriver, nous sommes heureux d'en partir.
D'ailleurs en passant la tête, je remarque d'Andrea est encore là. Bizarre, il devait partir pour Aqaba vers 7h du matin. Nous le rejoignons et il nous explique que son guide n'est pas venu. Cela illustre parfaitement nos déceptions quant aux bédouins du Wadi Rum. Amicaux, sympathiques mais pas du tout professionnels.
Nous profitons d'un dernier petit-déjeuner dans la grande tente, avant de tous profiter de la présence de Fahrat pour qu'il nous amène au village. Andréa, un peu énervé d'être à ce point en retard, nous propose néanmoins de nous conduire jusqu'à Aqaba. Il espère arriver à temps pour son cours de plongée.
Le sable rouge du désert laisse peu à peu place à des montagnes rocailleuses. La route ne fait que descendre jusqu'à la mer Rouge et nous arrivons bien vite à Aqaba. Notre auberge se trouve en plein centre-ville, non loin de l'école de plongée. Nous prenons son contact pour passer la soirée ensemble.
Nous poussons les portes de l'auberge de jeunesse Hakaia Community à midi. Baha'a nous accueille avec du thé et un grand sourire. Baha'a, c'est le propriétaire des lieux. Il a ouvert avec son frère Mohammad deux auberges à Aqaba. L'intérieur est coloré et décoré dans un style plutôt moderne. Comble de mon bonheur, les lieux sont habités par deux chats.
Nous faisons vite la rencontre de William. Impossible de le manquer avec sa gouaille et son envie d'aider tout le monde. Will est bien français, son accent en anglais ne trompe pas. Il est arrivé en Jordanie à peu près en même temps que nous. Je crois qu'il est tombé amoureux de cette auberge. Une fois ses sacs posés, il n'en est pas reparti de tout son séjour (hormis une petite excursion au Wadi Rum et à Petra). Nous discutons tout l'après-midi, heureux de rencontrer un compatriote. Le temps file vite.
En fin de journée, nous retrouvons Andréa, mais aussi Ali et Anita dans un café. Lorsqu'ils sont partis du Wadi Rum il y a une semaine, nous nous sommes promis de nous revoir à Aqaba. L'occasion est parfaite : ce soir l'équipe de France de football affronte celle d'Angleterre en quart de finale de la coupe du monde. Après avoir admiré le coucher de soleil face à la mer Rouge, nous assistons d'abord à la brillante victoire du Maroc face au Portugal dans une ambiance folle. Les Jordaniens se passionnent pour le parcours incroyable des marocains. Et puis, vient le tour de la France. Le match est aussi passionnant que stressant. La soirée se termine par une belle victoire.
C'est avec le coeur serré que nous leur souhaitons un bon vol. Leurs vacances se terminent et notre voyage se poursuit.
Aqaba, Jordanie le 11 décembre 2022
Réveil tranquille à l'auberge. Nous retrouvons le jovial William au petit-déjeuner. Re-belote, nous passons plusieurs heures à discuter tous les trois. De fil en aiguille, nous décidons de passer la journée à la mer. Kyle, un australien nous rejoint.
De longues plages sur la mer Rouge se trouvent au sud d'Aqaba. Elles sont bien aménagées et presque vide à cette saison. L'eau et les Jordaniens ne font pas bon ménage et les plongeurs préfèrent se rendre à Charm el-Cheikh en Égypte où les coraux sont, paraît-il, encore plus beaux. Nous profitons ceci dit d'une petite baignade rafraîchissante et discutons pas mal. William nous parle un peu de son rythme de vie à mi-temps, 7 mois à travailler à Marseille, 5 mois en voyage ailleurs dans le monde. Nous adorons rencontrer des personnes hors du cadre habituel, elles nous offrent à chaque fois de nouvelles perspectives.
Vers 16h, nous décidons de rentrer en auto-stop. Clémence prend les choses en main et en quelques minutes, nous nous retrouvons à bord d'une voiture. C'est la première fois que nous sommes aussi nombreux et aussi étonnant que cela puisse paraître, nous y sommes arrivés très facilement.
William est un ancien pompier et il n'a cessé de nous motiver toute la journée à faire un feu sur le toit de l'auberge. Un espace convivial est en effet aménagé autour de canapés et de tapis. Et pour son plus grand bonheur, il est possible d'allumer un petit braséro pour se réchauffer. Nous sortons avec Kyle acheter des bières au Liquor Store du quartier. La soirée est très fun, on a hâte de remettre ça le lendemain.
Aqaba, Jordanie le 12 décembre 2022
Les jours se suivent et se ressemblent un peu. Kyle part pour de nouvelles aventures en Jordanie, William reste, indéboulonnable. Avec lui on planifie un petit barbecue le soir sur la terrasse. Pas sûr que Baha'a et Mohammad approuvent une seconde soirée. On sera discrets.
Nous sortons l'après-midi dans Aqaba et on se dirige vers une marina flambant neuve à presque une heure de marche. Un quartier, Ayla, a été construit tout autour. L'entrée est gardée, on explique aux agents de sécurité que l'on souhaite simplement faire un tour. Ils nous laissent entrer avec le sourire.
Il y a des boutiques de luxe, de beaux restaurants, des appartements magnifiques avec de petits pontons privés et même un parcours d'accrobranche. Le contraste est assez étonnant avec le reste de la Jordanie. À vrai dire, les lieux me font beaucoup penser aux images que j'ai de Dubaï et des pays du Golfe. L'avenir nous dira si j'ai raison.
Dernière soirée en Jordanie en perspective. William, comme à la maison, nous a concocté une petite marinade à la sauce soja. Les cuisses de poulet sont accompagnées d'une petite salade de saison. Bien que l'on soit en décembre, ce repas me rappelle énormément les belles soirées d'été en France. Nous passons une excellente soirée et buvons à cette occasion notre dernière bière avant un long moment.
D'Aqaba à Al Bad', Jordanie le 13 décembre 2022
Déjà un mois que nous sommes arrivés en Jordanie. Le temps file à toute allure. La Jordanie ne fut pas un coup de coeur. Son côté très touristique lui fait malheureusement défaut. Nos attentes étaient peut-être trop élevées, je ne sais pas. Ce n'est pas non plus une déception. Jerash, Petra et le Wadi Rum sont des endroits merveilleux. Entre ses beaux paysages désertiques et son histoire riche, la Jordanie a beaucoup à offrir.
Notre route se poursuit désormais en Arabie Saoudite. Le pays n'est ouvert au tourisme que depuis 2019. Autant dire très peu de temps si l'on compte deux années de fermeture liées au COVID. Il n'y a donc ni transports en commun, ni hôtels dans le nord du pays. Amer, un hôte Couchsurfer, nous a gentiment proposé de venir nous chercher à 18h à la frontière. Nous prenons cinq heures d'avance et décidons d'y aller en auto-stop. Jamais nous n'aurions osé le faire il y a de cela quelques mois. À croire que le voyage nous change petit à petit.
Une petite camionnette s'arrête à notre hauteur à la sortie d'Aqaba alors que nous n'avions même pas encore levé notre pouce. Ils nous déposent à mi-chemin. Nous attendons une dizaine de minutes avant de retrouver un véhicule. Le chauffeur nous avance de quelques kilomètres supplémentaires, puis s'arrête. Nous descendons et lui souhaitons bonne route. Il ne repart pas et nous fait signe de remonter. Il nous explique qu'il va finalement nous amener au bout. Nous poussons un soupir de soulagement et le remercions plusieurs fois. Il n'y a plus beaucoup de véhicules par ici et nous aurions probablement attendu longtemps sans lui.
Arrivés à l'entrée du poste frontière, nous nous présentons aux douaniers. Ils nous regardent interloqués et nous expliquent le problème de taille qui nous fait face. La frontière est interdite aux piétons. C'est un taxi ou rien. Autant dire qu'on n'a pas vraiment envie de payer très cher pour environ un kilomètre.
Quoi faire ?
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Merci d'avoir lu jusqu'au bout ❤️
Nos premiers pas en Arabie Saoudite t'attendent dans le prochain journal de bord. À tout de suite !
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